« Appeler tous les baptisés à exercer leur liberté chrétienne »

Paris Notre-Dame du 21 novembre 2013

P. N.-D.–Le groupe de travail sur le thème « Ministres ordonnés et fidèles laïcs : quelle présence des catholiques dans la société contemporaine ? », que vous présidez depuis deux ans, a présenté ses conclusions à l’Assemblée plénière des évêques de France à Lourdes. Y a-t-il une idée forte qui en ressort ?

Mgr Éric de Moulins-Beaufort, évêque auxiliaire de Paris.
© Steve Owst

Mgr Éric de Moulins- Beaufort - Plusieurs, j’espère ! La principale étant l’appel à tous les baptisés, évêques, prêtres, diacres ou laïcs, à exercer leur liberté chrétienne en ce monde. Le défi est le suivant : les catholiques sont nombreux dans notre pays et actifs, ils font beaucoup de bien ; mais ils sont peu repérés, ils ne se connaissent pas. Et pourtant, même nos sociétés sécularisées sont capables de recevoir l’apport de l’Église, la lumière qui la fait vivre. Pour cela, l’Église doit apprendre à dire une parole qui soit une parole d’autorité sans être une parole autoritaire. Notre groupe de travail a voulu appeler les évêques à progresser sur cette ligne. Un test leur est offert pour vérifier la qualité de leur parole : un des maux français est que les catholiques se méfient les uns des autres ; les évêques doivent travailler à l’estime mutuelle entre les catholiques. Des choix sociaux ou politiques différents n’enlèvent pas le fait de porter ensemble le « Nom » de Jésus.

P. N.-D. - En quoi les événements provoqués par le projet du « mariage pour tous » ont-ils contribué à votre réflexion ?

Mgr É. de M.-B. - Les manifestations des mois passés ont révélé qu’une bonne part de la population française était capable de se mobiliser sur des sujets graves. Une étape semble franchie : les catholiques ne se croient plus obligés de limiter leur parole ou leur action à ce qu’ils devinent du consensus final. Ils osent apporter dans le débat public les richesses de leur acte de foi. Non pour soumettre les autres à leurs rêves et leurs désirs, mais pour porter de l’espérance à tous. Nul ne doit négliger qu’il y a eu des oppositions aussi, des tensions dans les paroisses. Les catholiques doivent apprendre à s’aimer même dans leurs divergences.

P. N.-D. - Vous avez aussi développé le sujet de la liberté de parole. Quels conseils pourriez- vous donner aux catholiques ?

Mgr É. de M.-B. - Elle doit être multiforme. La parole, d’ailleurs, ne se prend pas uniquement par une déclaration : des gestes peuvent être tout aussi éloquents. Tout baptisé est appelé à rendre compte de sa foi lorsque cela lui est demandé. Mais que chacun se souvienne que sa liberté ne vaut que si elle fortifie la communion de tous, la communion depuis Abel le juste jusqu’au dernier des élus. (Lumen gentium 2) Par ailleurs, pour que la parole soit reçue, il faut qu’elle soit solide. Ceux qui parlent doivent connaître leur sujet, se laisser informer, écouter les experts, accueillir la doctrine de l’Église ; qui veut parler au nom de l’Église doit aussi apprendre les règles de la communication en notre temps, s’exercer au fonctionnement des médias… De beaux chantiers sont devant nous ! • Propos recueillis par Anne-France Aussedat

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