Après la tempête, un lieu pour les accueillir tous

Paris Notre-Dame du 6 février 2020

Tibériade, ce lieu d’accueil fondé en 1987 par le cardinal Jean-Marie Lustiger pour les personnes atteintes du VIH (virus de l’immunodéficience humaine), change de nom. Désormais Centre Bergère, il accueille depuis janvier, tous les après-midis en semaine, des personnes fragilisées par la maladie, à leur sortie d’hôpital, avec l’aide de la Fondation Notre Dame.

Sylvie (à gauche), en grande conversation avec des accueillis.
© Priscilia de Selve

Sur le panneau d’affichage situé dans l’entrée, au milieu des activités proposées quotidiennement, un faire-part blanc barré de gris. Alexandre avait 42 ans. Il est décédé en début d’année. Dans le bureau que Sylvie Ougier, co-responsable du Centre Bergère, partage avec Magali Watin-Augouard, Brigitte, membre de la congrégation des Petites sœurs de Jésus déballe une lourde bible, délicatement enluminée. Alexandre l’avait reçu pour son baptême, dans la nuit de Pâques 2018. « Ce baptême a été une grande joie pour lui et une source d’espérance » souligne Brigitte, qui l’a accompagné de longues années. Alexandre avait atterri à Tibériade il y a douze ans, par le bouche-à-oreille, comme beaucoup de malades atteints du VIH à l’époque. Alain fait partie de ces anciens. Lui est arrivé en 1997. « Je sortais d’une longue période d’isolement, j’avais repris une pratique religieuse mais j’étais dans un grand questionnement face à la maladie. » À Tibériade – aujourd’hui Centre Bergère – il a trouvé « un lieu d’accueil, une grande constance et une immense gentillesse ». Oui, reprend-il après réflexion, « ici pour moi, c’est une deuxième famille ». Comme lui, ils sont encore quelques-uns, la cinquantaine, à venir fidèlement chaque semaine, pour se retrouver « entre amis ». Mais au fil des ans, leur nombre a diminué et la pastorale de la Santé du diocèse, et son vicaire général, Mgr Philippe Marsset, ont pris la décision de l’ouvrir plus largement « à tous les malades chroniques, lâchés dans la nature après l’hôpital, explique Sylvie.

Leur fragilité psychologique, leurs difficultés relationnelles peuvent les conduire à s’isoler. » Et Magali d’insister : « Une fois hors du cocon de l’hôpital, beaucoup n’ont même plus l’énergie de renouer avec une vie paroissiale. » À ceux-là, le Centre Bergère offre désormais un lieu communautaire où parler, se changer les idées et participer à des ateliers. Un lieu pour se reconstruire. Chaque semaine, une messe est célébrée par l’aumônier, le P. Jean-Louis de Fombelle, et par le diacre et président de l’association, Patryck Breitburd. « C’est l’occasion, précise Brigitte, de rappeler que nous sommes une association diocésaine. Nous accueillons tous ceux qui viennent à nous sans condition, mais nous les accueillons au nom du Christ. » Pour Patryck Breitburd, cette ouverture à d’autres pathologies était un souhait de longue date. Celui qui s’était vu confié cette mission diaconale par le cardinal André Vingt-Trois en 2008 a toujours souhaité sortir les malades du VIH de cet « entre-soi stigmatisant ». « À mon arrivée, j’ai découvert leur souffrance et ce sentiment qu’ils avaient d’être inutiles. Aujourd’hui, ce sont eux qui accueillent les nouveaux arrivants et les personnes âgées du quartier que nous invitons chaque semaine. » Et le P. de Fombelle de souligner en enfilant sa chasuble pour célébrer la messe : « En accueillant les malades, l’Église est fidèle à la figure du Christ, qui ne conduit pas seulement à la guérison mais au Salut. Un Salut qui prend toute la personne, et ne se limite pas à son histoire. »

Priscilia de Selve@Sarran39

Pour contacter le Centre Bergère
bergeretiberiade@gmail.com ;
01 83 96 95 79 ;
9, rue Bergère, 9e.
Informations : bergeretiberiade.blogspot.com

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