Au coeur du mystère de Noël

Paris Notre-Dame du 13 décembre 2018

Après la Madeleine en 2010, St-Séverin (5e) accueille, du 1er décembre au 13 janvier, la crèche conçue par l’architecte et designer français Sylvain Dubuisson et réalisée par la maison Bernardaud. Une oeuvre d’art contemporain, faite de céramique, de bois et de sable. Résolument inspirée.

Crèche à Saint-Séverin
© Priscilia de Selve

Cachée au milieu d’une forêt de piliers, au croisement du déambulatoire, la crèche est là, lumineuse. Ici nuls personnages, ni animaux. Rien de figuratif. Du bois, de la porcelaine et du sable, matières premières d’une installation abstraite conçue il y a huit ans, à la demande de la maison Bernardaud, par l’architecte et designer Sylvain Dubuisson. « Je ne possède pas le savoir-faire d’un santonier. C’est donc à partir de ce que je sais faire, et de la spiritualité que je porte que j’ai conçu cette crèche, explique celui-ci. Il me semble que la Nativité recèle en elle tout à la fois un mystère, une dimension spirituelle et une dimension joyeuse. Si cette dernière est moins présente, je pense que la dimension spirituelle et celle du mystère sont bien là. »

Placée au pied de la croix lumineuse qui surplombe le chœur, enveloppée par un voile, symbolisant la Vierge, la grotte de céramique abrite une auréole dorée, image de l’Enfant-roi. Pour répondre au défi que représente la conception d’une grotte contemporaine, Sylvain Dubuisson a eu recours à des dômes géodésiques, constructions sphériques qui permettent une grande adaptabilité dans les formes. « Nous avons choisi un socle en bois, par analogie avec le métier de charpentier de Joseph. Le voile, bien sûr, c’est Marie. C’est à la fois quelque chose qui protège, qui diffuse la lumière et qui atténue la dureté de cette sphère, de ses angles, détaille l’architecte. Dans cette installation, tout est à la fois premier degré et abstrait. » Conçue à l’origine pour la Madeleine (8e), la crèche, après un tour du monde qui l’a conduite à Los Angeles (USA), New-York (USA) et Milan (Italie), s’est posée à St-Séverin (5e), où elle a très naturellement trouvé sa place.

« Le voile a été un peu modifié, afin de s’adapter à la dynamique du lieu, souligne son curé, le P. Guillaume Normand. Le tombé du tissu entre joliment en résonnance avec le pilier tors qui lui fait face, superbe abstraction de l’arbre de vie. Mon intuition était qu’elle serait bien ici, derrière l’autel. Ainsi de la crèche à la croix, il n’y a qu’un pas. » Les allers-retours entre figuration et abstraction, rappelle-t-il, font partie de l’architecture de St- Séverin. Ici, l’art figuratif et l’art abstrait voisinent depuis longtemps, à l’image des vitraux qui ornent l’église – gothiques pour une part, contemporains pour ceux signés Jean Bazaine. « L’art figuratif permet d’incarner une histoire qui s’est déroulée il y a plus de deux mille ans, dans une étable à Bethléem, explique le P. Normand. Mais il fige aussi la représentation que nous avons de la Sainte Famille. L’art abstrait, lui, a ce pouvoir d’ouvrir le sens. Il suscite une émotion différente. Et pour les fidèles que l’abstraction rebute, nous avons installé une deuxième crèche, réalisée par des paroissiens, avec des personnages qui s’inspirent des codes de la crèche de Sylvain Dubuisson. Ceux qui le souhaitent pourront ainsi continuer à faire cet aller-retour entre figuratif et abstraction. Comme une réponse de l’un à l’autre. »

Priscilia de Selve

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