Cameroun : La croix, la brousse et l’animisme

Paris Notre-Dame du 19 juillet 2018

Pour le deuxième volet de notre série d’été, direction le Cameroun. Guillaume Radenac, séminariste à la Maison Saint-Vincent, a vécu un an à Dschang, ville située dans une zone rurale, dans l’ouest de ce pays d’Afrique marqué par l’animisme.

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« Pour un séminariste, partir à l’étranger, c’est découvrir une autre dimension de l’Église universelle. Une opportunité formidable, qui permet une plus grande ouverture d’esprit, qualité qui nous servira dans nos futures missions. Il y a deux ans, entre deux cycles au Séminaire de Paris, je suis parti au Cameroun, pour aider en paroisse. Après huit heures d’avion et un atterrissage à Douala, le P. Maurice Folong est venu me chercher. Huit heures de piste, avant de découvrir Dschang, sa paroisse, petite ville située dans les montagnes du diocèse de Bafoussam, dans l’ouest du pays. Le lendemain de mon arrivée, j’ai été présenté à ses paroissiens et accueilli avec des cris de joie. Car ce qui frappe ici, pour nous Français, c’est la joie de vivre de ces gens. Une joie simple et belle qu’on ne retrouve nulle part chez nous, et qui s’exprime lors des messes et des rassemblements. Cette même simplicité se retrouve au niveau de la foi, avec parfois quelques notions à rectifier, ce qui peut s’expliquer par le caractère très récent de la présence de l’Église catholique au Cameroun, fondée à la fi n du XIXe siècle. Ici, c’est l’animisme qui domine. On dit même que, s’il y a 70 % de chrétiens au Cameroun, il y a 100 % d’animistes. Ce qui se traduit encore par un culte des ancêtres, à qui on sacrifie des animaux et même à la persistance du culte de certains dieux. Notre rôle, en tant que prêtre et séminariste, est donc de les aider à devenir adulte dans la foi et à dépasser ces croyances. Ici, chaque dimanche, j’ai animé une liturgie de la Parole pour les enfants, expérience enthousiasmante car, à 6h du matin, j’avais en face de moi 600 jeunes qui attendaient que je leur parle de Dieu, avec une immense soif d’apprendre. Et ce que j’arrivais à leur transmettre de l’amour de Dieu pour eux était unique car ici, les enfants grandissent vite et sont adultes rapidement. Il n’est pas rare de voir des fillettes de 5 ou 6 ans porter leur petit frère sur leur dos ou les enfants partir à l’école avec des machettes et des pelles, car ils sortent de classe pour aller travailler directement aux champs. Une autre partie de ma mission a été de célébrer des enterrements. Ces cérémonies durent 4 ou 5 jours et mêlent religion catholique et rites animistes. Je me rappelle parfaitement de ma première expérience. Une famille est arrivée affolée car il fallait enterrer le défunt rapidement, avant les premières pluies. Le P. Folong n’étant pas disponible, je suis parti avec eux. Dans cette région rurale du Cameroun, les funérailles sont des occasions de fête, qui rassemblent bien au-delà de la famille du mort. Durant la messe, croyants ou non, tout le monde écoute, car tous sans exception attendent du prêtre une parole d’espérance et de joie. Au Cameroun, les catholiques ont un esprit de communauté fort, et font de leur foi un élément central dans leur vie. Mais voir une Église plus jeune m’a égale-ment permis de réaliser combien celle de mon pays s’inscrit dans une Histoire très riche, dans laquelle la Tradition occupe une grande place. »

Propos recueillis par Priscilia de Selve

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