Catholiques et migrants « Nous devons nous rencontrer ! »

Paris Notre-Dame du 21 mars 2019

Brigitte Staub est déléguée à la pastorale des migrants au sein du vicariat pour la Solidarité du diocèse de Paris, un réseau d’accueil et de réflexion sur les réfugiés, créé en 2010, qui regroupe les représentants de 21 entités (associations confessionnelles essentiellement, congrégations religieuses, paroisses, etc.). Elle revient de Milan où se sont tenues les 30e Rencontres européennes de la pastorale des migrants.

Brigitte Staub est déléguée à la pastorale des migrants au sein du vicariat pour la Solidarité du diocèse de Paris.
© Laurence Faure

Paris Notre-Dame – Vous revenez d’une rencontre européenne à Milan dont le thème était L’Église des peuples. Les migrations dans l’Église en chemin. Pourquoi ce thème ?

Brigitte Staub – Ce thème était celui de la démarche synodale du diocèse de Milan. Dans cette région, de plus en plus de nouveaux-nés ont des parents qui ne sont pas italiens. Et cela se ressent au sein même de l’Église : en 2018, il y a eu à Milan 20 000 baptêmes catholiques et 7 000 baptêmes orthodoxes, soit plus qu’à Bucarest. Cela amène les catholiques milanais à se poser la question de l’oecuménisme et à le vivre, de manière apaisée.

P. N.-D. – Quel était l’objectif de ce rassemblement européen ?

B. S. – Nous étions 17 représentants, la plupart des religieux, venus de 12 diocèses européens dont Bruxelles, Milan, Paris, Rome, Turin, Versailles, Vienne, les 8 villes fondatrices de ces rencontres. L’objectif principal était d’échanger sur nos différentes situations et de réfléchir ensemble à la manière de construire une Église qui intègre tout le monde.

P. N.-D. – Quel a été pour vous le moment le plus fort ?

B. S. – Nous nous sommes rendus à Baranzate, un quartier de 4 000 habitants dont 30% d’Italiens et 72 nationalités différentes. Cet endroit est totalement déshérité et n’a rien si ce n’est une prison… et un prêtre extraordinaire ! Don Paulo a décidé de faire revivre son quartier. Il a créé un dispensaire, une épicerie et un vestiaire solidaires, un atelier de couture salarié dont les vêtements sont vendus dans les quartiers riches, etc. Il est le seul relai social du quartier. Il fait un travail formidable !

P. N.-D. – Comment bien accueillir ces populations immigrées à Paris ?

B. S. – Par la rencontre ! Il est indispensable que les paroissiens catholiques aient des opportunités de rencontrer des personnes migrantes pour « faire Église » ensemble et qu’ils leur donnent une place dans leurs paroisses, de vraies places de choix, dans les conseils pastoraux par exemple. C’est accessible à tous et cela ne coûte rien.

P. N.-D. – Sur quoi l’Église peut-elle s’appuyer dans l’accueil des migrants ?

B. S. – Sa doctrine forte ! Les messages de François sont sonores et engagés. Il partage toujours la même parole de l’Église mais avec des mots nouveaux. Et d’après les derniers sondages, les catholiques français ne sont pas, et dans une large majorité, hostiles aux migrants. C’est une vraie force pour la société. La voix des catholiques doit porter face à ceux qui hurlent à la catastrophe.

P. N.-D. – Quelle posture le chrétien est-il invité à adopter face au migrant ?

B. S. – Je reprendrais les mots de Mgr André Vingt-Trois face à l’afflux de migrants en 2015 : « Tout le monde ne peut pas faire de grandes choses mais tout le monde doit faire quelque chose. » La société devient multiculturelle, le monde se brasse ; il faut créer des rencontres et faire des pas les uns vers les autres pour créer l’harmonie.

Propos recueillis par Mathilde Rambaud

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