Comment affronter la mort en chrétien ?

Paris Notre-Dame du 1er novembre 2018

Théologien catholique d’origine hongroise, Alexandre Ganoczy a enseigné la théologie dogmatique à l’Institut catholique de Paris et à l’université de Wurtzbourg (Allemagne). Âgé de 90 ans, atteint d’un cancer, aujourd’hui en rémission, il propose, à St-Éloi (12e), un séminaire-atelier autour de son livre "Vivre notre mort en chrétien".

Paris Notre-Dame – Pourquoi avoir écrit ce livre, plus personnel que vos précédents ouvrages ?

Alexandre Ganoczy, théologien.
© Priscilia de Selve

Alexandre Ganoczy – C’est à la demande du P. Bruno Saintôt [responsable du département Éthique biomédicale du Centre Sèvres, NDLR], qui souhaitait un ouvrage sur la fin de vie qui traite cette question sous l’angle théologique, sur la manière chrétienne de mourir. Je me suis lancé dans sa rédaction en ayant moi-même l’expérience de la maladie. C’est sans doute ce qui a plu à nombre de mes lecteurs, qui se sont dit : voilà un théologien qui raisonne à partir de son expérience personnelle de la maladie, et qui a frôlé la mort plusieurs fois. Pour lui, la mort n’est plus une théorie ! (rires).

P. N.-D. – Les questions de l’euthanasie et des soins palliatifs figurent parmi les thèmes que vous évoquerez à St-Éloi (12e). Quel est votre avis sur la fin de vie ?

A. G. – Je suis très favorable aux soins palliatifs. Les recherches de Marie de Hennezel et mon expérience personnelle m’ont convaincu de leur utilité. L’euthanasie est un sujet que j’ai longuement abordé avec Hans Küng [théologien et prêtre catholique suisse, NDLR], qui est un ami. Lui-même a écrit un livre sur le sujet (La mort heureuse, 2014), dans lequel il affirme que l’Église devrait reconnaître l’euthanasie, comme expression de l’autonomie personnelle, voulue par Dieu. Je ne suis pas d’accord avec cela, car son livre se limite aux questions qui se posent à l’individu, sans aborder tout ce qui relève du relationnel, de la communauté, tout ce qui est ecclésial en quelque sorte. Des aspects que la notion d’accompagnement, centrale dans les soins palliatifs, exprime de façon plausible.

P. N.-D. – Vous êtes théologien. Que dit l’Évangile à propos de l’attitude de Jésus face à la mort et à la souffrance ?

A. G. – Pendant des siècles, c’est la figure de Jésus comme l’homme de douleur qui a été mise en avant par les théologiens. Or en réalité, le Christ était un homme jeune et robuste, endurant, attentif aux autres. Comme lui, nous devons accueillir la mort avec respect, comme tout ce qui est naturel. Une mort qui n’est pas la punition du péché, comme le prétendait une certaine théologie. Ce n’est pas le péché originel qui nous fait mourir.

P. N.-D. – Comment envisager la mort de « manière chrétienne » ?

A. G. – En remettant au centre le message de la Résurrection et de la vie éternelle. Un message qui est à la fois profondément humain : depuis l’homo sapiens, ce désir d’un au-delà, meilleur si possible que ce nous avons pu connaître sur terre, existe. Il est aussi au cœur du message évangélique, avec le mystère pascal. C’est parce que Jésus est ressuscité et s’est montré à ses disciples que s’est formée l’Église primitive. S’il n’y avait pas ce message de la Résurrection, dit saint Paul, notre foi serait vaine et mensongère. Ce qui nous distingue nous, chrétiens, c’est notre foi dans un Dieu d’amour. Et la foi, c’est la confiance faite au Fiable par excellence. La mort n’a de sens que dans l’Espérance, dans la promesse qu’en traversant ce passage douloureux, il y a Quelqu’un qui m’attend et qui m’aime.

Propos recueillis par Priscilia de Selve

Alexandre Ganoczy, Vivre notre mort en chrétien. Éclairages théologiques pour la fin de vie, Lessius, 112 p., 10 euros.

Séminaire-atelier à St Eloi
3 et 7 place Maurice de Fontenay, (12e)
De 10h à 12h

  • Samedi 10 novembre : Jésus face à la souffrance et à la mort d’autrui.
  • Samedi 15 décembre : Qu’est-ce que l’éternité ? Comment vivre en chrétien notre mourir ?
  • Samedi 12 janvier : Euthanasie et soins palliatifs.
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