Conférence climat : l’Église catholique se mobilise

L’Église catholique en France saisit l’opportunité de la prochaine Conférence mondiale sur le climat à Paris, en décembre, pour exprimer son engagement en faveur de la protection de l’environnement. Explications du P. Frédéric Louzeau qui est, au Collège des Bernardins, le directeur du Pôle de recherche et le coordinateur des manifestations autour de la question du climat.

Paris Notre-Dame – Une Conférence mondiale sur le climat aura lieu à Paris en décembre. Pourquoi l’Église catholique en France s’engage-t-elle dans ce débat écologique ?

P. Frédéric Louzeau, directeur du Pôle de recherche du Collège des Bernardins.
© Céline Marcon

P. Frédéric Louzeau – Les responsables des 195 nations présents à la Conférence devront prendre des décisions sur des problèmes que la raison scientifique ne peut trancher maintenant.. L’Église n’a pas de compétences techniques particulières à faire valoir dans le débat autour du réchauffement de la planète. Mais sans céder au catastrophisme, elle veut alerter l’humanité sur la nécessité de réformer son rapport détérioré à la création et offrir l’éclairage de la sagesse biblique pour la recherche de solutions et la prise de décisions. Au lieu de nous comporter comme des gardiens sages et intelligents (cf. Gn 2,15), nous agissons comme des maîtres qui gaspillent la terre et parfois la détruisent. Nous mettons ainsi en danger la survie des générations à venir. L’élévation globale de la température n’a pas de conséquences visibles en France aujourd’hui, mais, en d’autres régions du monde, elle rend déjà la vie des hommes très difficile, voire impossible, comme c’est le cas au Sahel, ainsi que dans certaines îles ou côtes menacées d’engloutissement.

P. N.-D. - Quelle est l’apport de l’Église catholique sur les questions environnementales ?

P. F. L. – L’Église n’a pas attendu les débats autour du climat pour formuler un discours écologique cohérent. Parmi les grands principes de cette vision, je rappellerai d’abord que l’univers a un ordre et une harmonie voulus par le Créateur et que les hommes ont à respecter. Nous devons tenir compte de la nature de chaque catégorie d’êtres et des liens vitaux qu’ils entretiennent entre eux. Ainsi, la destruction arbitraire d’une espèce animale peut avoir des conséquences désastreuses sur l’écosystème. Par ailleurs, depuis plusieurs siècles, les hommes se sont dotés d’outils puissants pour maîtriser la nature. En nous croyant tout-puissants et en usant de la terre selon une logique purement économique, nous nous opposons au dessein de Dieu et mettons l’avenir de l’humanité en danger. L’homme doit apprendre à « dominer sa domination », selon l’expression du bienheureux Paul VI. Une conversion écologique de toute l’humanité est nécessaire. Elle suppose une plus grande solidarité entre les peuples et l’engagement concerté de toutes les religions.

P. N.-D. - En quoi le carême invite-t- il particulièrement les catholiques à repenser leur manière de se situer par rapport à la création ?

P. F. L. – L’objectif du carême est de nous préparer à revivre, avec le Christ, le mystère de sa passion, de sa mort et de sa Résurrection. C’est un temps de réconciliation avec Dieu, par la prière, le jeûne et la confession des péchés, et avec les autres hommes, par le partage, la remise des dettes et le pardon. C’est aussi un temps pour réajuster notre rapport avec la nature. Concrètement, nous pouvons réfléchir à notre manière de faire les courses (éviter les achats compulsifs et préférer les produits issus du commerce équitable), de manger (se garder de la surconsommation et du gaspillage), d’utiliser l’énergie et les moyens de transport (privilégier le vélo ou les transports en commun dans certains cas), etc. Ces points de conversion devraient faire l’objet d’un examen de conscience régulier. Ils nécessitent d’exercer la vertu morale de tempérance. Selon le Catéchisme de l’Église catholique (n° 1809), celle-ci « modère l’attrait des plaisirs et procure l’équilibre dans l’usage des biens créés. Elle assure la maîtrise de la volonté sur les instincts et maintient les désirs dans les limites de l’honnêteté ». Nous pouvons demander au Christ qu’il nous partage sa tempérance et son rapport aux biens créés. C’est une joie profonde d’en faire l’expérience. • Par Céline Marcon

Retrouvez une synthèse sur la protection de la création, qui s’appuie sur les textes de différents papes, dans le dossier d’actualité « Paris climat 2015 ».

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