« Dans la Bible, les femmes agissent »

Paris Notre-Dame du 8 mars 2018

Depuis 1977, le 8 mars, se tient la Journée internationale des femmes. À cette occasion, retour, avec la théologienne Christine Pellistrandi, sur les grandes figures féminines de la Bible et sur ce qu’elles ont à nous dire de la femme, aujourd’hui.

Paris Notre-Dame – Quelles sont les femmes marquantes de la Bible ?

Christine Pellistrandi, théologienne, est mère et grand-mère de seize petits-enfants. Elle enseigne au Collège des Bernardins.
© D. R.

Christine Pellistrandi – Difficile question. Mais je crois qu’il est important de dire que beaucoup d’entre elles sont des femmes de gouvernement. Je pense notamment à Judith. Au moment où le peuple et les ministres ont peur et ne savent pas quelle décision prendre, c’est elle qui fait quelque chose. De même dans la généalogie de Joseph relatée dans le chapitre 1 de l’évangile de Matthieu, les quatre femmes citées ont agi dans l’histoire. Tamar prend le risque d’être enceinte, et donc d’être brûlée, pour prolonger la lignée de son mari défunt ; Rahab, tenancière étrangère d’auberge, protège les espions d’Israël et facilite l’entrée en Terre promise ; Ruth devient l’arrière-grand-mère de David…

Toutes ces femmes sont en situation irrégulière. Elles ne font pas partie de la bonne société et ne correspondent pas aux critères de bienséance. Mais elles agissent au sein de la société par leur intelligence, leur discernement ou leur courage, au-delà du cadre social dans lequel elles évoluent. De même pour Marie. Il ne faut pas oublier qu’elle a pris le risque d’être lapidée en répondant à l’annonce de l’ange Gabriel et en se retrouvant enceinte avant d’avoir vécu avec son mari.

P. N.-D. – Mais Marie a parfois une place un peu effacée…

C. P. – Oui et non. Elle fait ce qu’on lui a demandé de faire. Elle est dans une fidélité absolue mais son chemin n’a peut-être pas été aussi facile que ce que l’on imagine. L’iconographie ne nous a pas aidés en magnifiant son personnage et en oubliant ce qui s’est passé dans sa psychologie intime. N’oublions pas que c’est aussi une femme qui, menacée de mort, a dû partir, de nuit, et fuir en Égypte. On imagine qu’au moment où l’ange lui apparaît, Marie devient immédiatement la Sainte-Vierge. Mais elle a vécu un cheminement qui l’a menée jusqu’au pied de la croix. Tout ne s’est pas fait tout seul.

P. N.-D. – Comment, dans la Bible, la femme se situe-t-elle par rapport à l’homme ?

C. P. – Il ne faut pas raisonner, je crois, en termes d’opposition entre l’homme et la femme. Il faut plutôt considérer que chacun, homme ou femme, a sa propre vocation et que celle-ci doit absolument être accomplie, quel que soit son environnement. Il y a cependant une manière féminine d’accomplir sa vocation. Ne serait-ce qu’en donnant la vie.

P. N.-D. – Qu’est-ce que ces figures féminines bibliques ont à nous dire, aujourd’hui, de la femme ?

C. P. – Elles montrent toutes les possibilités d’intelligence, de courage, de tendresse, de la femme. Elles invitent aujourd’hui les femmes à accomplir leur vocation, là où elles sont, avec toutes les contradictions que représentent à la fois leur intelligence et leur insertion dans la vie familiale et professionnelle.

Propos recueillis par Isabelle Demangeat

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