Déclaration du Comité exécutif du COE : attaques et persécutions à l’encontre des communautés chrétiennes en Asie

Tout au long de l’histoire, les communautés religieuses vivant dans des contextes où prédominent d’autres religions ont été parmi les groupes les plus vulnérables de la société. Dans de nombreuses régions du monde aujourd’hui, les chrétiens qui vivent dans de tels contextes comptent parmi les communautés les plus persécutées. En 2019, l’attention du Pèlerinage de justice et de paix du COE est tournée vers le continent asiatique ; aussi est-ce l’occasion d’observer les défis auxquels sont confrontées les communautés chrétiennes dans plusieurs pays et territoires de cette région du globe.

Ils demeureront chacun sous sa vigne et son figuier,
et personne pour les troubler.
Car la bouche du Seigneur de l’univers a parlé.
Si tous les peuples marchent
chacun au nom de son dieu,
nous, nous marchons au nom du Seigneur,
notre Dieu à tout jamais.)

Michée 4,4-5 (Traduction œcuménique de la Bible

Tout au long de l’histoire, les communautés religieuses vivant dans des contextes où prédominent d’autres religions ont été parmi les groupes les plus vulnérables de la société. Dans de nombreuses régions du monde aujourd’hui, les chrétiens qui vivent dans de tels contextes comptent parmi les communautés les plus persécutées. En 2019, l’attention du Pèlerinage de justice et de paix est tournée vers le continent asiatique ; aussi est-ce l’occasion d’observer les défis auxquels sont confrontées les communautés chrétiennes dans plusieurs pays et territoires de cette région du globe. Dans le même temps, nous déplorons le fait que certaines communautés religieuses soient victimes de graves discriminations et de violentes attaques dans d’autres contextes et régions, et nous dénonçons en particulier les horribles attentats récemment perpétrés contre la communauté musulmane à Christchurch (Nouvelle-Zélande) et contre la synagogue « Tree of Life » à Pittsburgh (États-Unis).

Dans certains contextes, les communautés chrétiennes sont associées – injustement ou par erreur – à l’histoire coloniale de leurs pays et/ou ne sont pas reconnues comme autochtones dans les pays où elles ont toujours vécu. Elles servent fréquemment de boucs émissaires dans le contexte des courants géopolitiques et religieux sous-jacents dominants et des récits de représailles. Leur dignité et leurs libertés sont violées, souvent en toute impunité. Par ailleurs, elles sont de plus en plus la cible d’attaques violentes. La violence s’inscrit dans un contexte de marginalisation systématique, d’inégalité des droits de citoyenneté et de soumission à des lois discriminatoires, y compris des lois sur le blasphème. Souvent appliquées hors du cadre d’une procédure régulière, sans aucune impartialité et sous la menace de violences à l’encontre des autorités civiles, judiciaires et policières, ces lois aboutissent parfois à des actes de violence collective. Dans de nombreux contextes, la vulnérabilité des membres des communautés chrétiennes est accentuée par leur situation socio-économique, leur race, leur origine ethnique ou leur identité de caste, mais également par leur accès limité aux terres, aux ressources et à l’éducation. Les femmes sont particulièrement vulnérables. En effet, elles sont victimes de violences physiques et sexuelles, de viols, d’enlèvements et de mariages forcés. Dans les cas de conversion, elles doivent faire face à l’humiliation, à l’évitement et aux divorces forcés, et se voient refuser la garde de leurs enfants.

Les visites d’équipes de pèlerinage effectuées cette année en Asie ont permis d’observer ces tendances et situations au sein des communautés chrétiennes au Pakistan, en Indonésie, en Inde et au Myanmar.

Les attentats qui ont frappé des églises et hôtels le dimanche de Pâques au Sri Lanka, tuant 253 personnes et en blessant des centaines d’autres, ont été une expression particulièrement violente des menaces extrémistes auxquelles sont confrontées les communautés chrétiennes et celles considérées comme « étrangères » ou « autres ». Une équipe de pèlerinage devrait être envoyée au Sri Lanka dans le courant de l’année.

Réuni à Bossey (Suisse) du 22 au 28 mai 2019, le Comité exécutif du Conseil œcuménique des Églises appelle :
• tous les gouvernements d’Asie et du monde entier à garantir à tous leurs citoyens, quelle que soit leur identité religieuse, ethnique ou autre, un statut et des droits de citoyenneté égaux, et à permettre aux communautés religieuses d’accéder librement à leurs lieux saints et lieux de culte ;
• les communautés religieuses majoritaires à être sensibles aux vulnérabilités particulières et à promouvoir le bien-être des minorités religieuses de façon proactive. Nous étendons cet appel aux chrétiens des sociétés au sein desquelles ils sont majoritaires, les invitant à donner l’exemple et à refléter l’amour de Jésus Christ ; un amour inconditionnel envers autrui, les personnes différentes et les minorités qui se trouvent parmi eux ;
• les responsables d’Églises à promouvoir la paix et l’harmonie au sein des différentes communautés religieuses et entre celles-ci, à œuvrer pour vaincre les discriminations et les violences perpétrées contre l’« autre » religieux, à rejeter le recours à la religion pour inciter à la haine, à la violence, à l’extrémisme et au fanatisme aveugle, et à ne pas utiliser le nom de Dieu pour justifier des actes de meurtre, de terrorisme, d’exil, d’exclusion et d’oppression ;
• les communautés religieuses à promouvoir la communication et la coopération entre les religions au niveau local – et pas uniquement à l’échelle des responsables – et à éduquer pour la paix dans des contextes multireligieux ;
• les gouvernements à réviser les lois sur le blasphème et la manière dont elles sont appliquées, afin qu’elles soient conformes aux obligations internationales en matière de droits humains, en particulier les droits à la liberté de religion et à la liberté d’expression ;
• le COE à veiller à ce que la visite de l’équipe de pèlerinage prévue au Sri Lanka ait lieu à un moment et sous une forme qui permettent de rendre visibles et concrets la solidarité et le soutien du mouvement œcuménique aux Églises du pays au lendemain des terribles attaques.

Conformément aux paroles du prophète Michée, puissent les peuples prospérer sur leurs propres terres, libérés de la peur. Puissions-nous travailler ensemble, en respectant la volonté de Dieu de rétablir la justice et la paix dans le monde.
Source : COE - 27 mai 2019

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