« Dites aux petits enfants de prier pour la France »

Paris Notre-Dame du 18 juillet 2019

L’incendie de Notre-Dame a permis de mettre en lumière la ferveur existante pour la Vierge Marie. Une ferveur qui se traduit par la présence de nombreux sanctuaires mariaux en France, situés pour la plupart sur des lieux d’apparitions mariales. Après Notre-Dame du Laus et Pontmain, un détour en Indre-et-Loire. À L’Île-Bouchard, la Vierge est apparue à quatre enfants en 1947.

© Sanctuaire de L’île-Bouchard

Ce 8 décembre 1947, jour de l’Immaculée Conception, trois fillettes entrent dans l’église de L’Île-Bouchard (Indre-et-Loire). Il est 13h, elles ont un peu de temps devant elles, l’école ne reprenant qu’à 13h30. Les religieuses qui leur font classe leur ont recommandé de prier Marie en ce jour particulier. Obéissantes, elles s’agenouillent devant l’autel de la sainte Vierge et récitent leur chapelet. L’une d’elle, Jacqueline, raconte : « J’ai vu une belle dame, vêtue d’une robe blanche, ceinture bleue, voile blanc légèrement brodé autour de la tête. » La dame sourit aux enfants mais ne dit rien. À ses côtés, un ange la contemple, un genou à terre. À la deuxième apparition, l’après-midi de ce même jour, alors que d’autres enfants se sont joints au premier groupe, elle leur confiera : « Dites aux petits enfants de prier pour la France, car elle en a grand besoin. »

Deux ans après la fin de la guerre, la France va mal. Les tickets de rationnement ont toujours cours, le climat politique et social est tendu. Rappelés à l’ordre par Joseph Staline, les ministres communistes dénoncent le blocage des salaires instauré par Paul Ramadier et votent contre la politique du gouvernement. En mai, ils sont écartés du gouvernement. « On l’oublie souvent mais à l’époque, le climat était insurrectionnel, rappelle le P. Philippe Marot, prêtre du diocèse de Paris, recteur du sanctuaire de L’Île-Bouchard, et membre de la Communauté de l’Emmanuel, à qui ont été confiés les lieux. Face à la crainte d’une guerre civile, quatre-vingt mille Français d’une vingtaine d’années avaient été mobilisés par le gouvernement. » Ce même jour, dans la Drôme, le P. Georges Finet entre dans la chambre de Marthe Robin avec le journal du 8 décembre et lui fait part de ses inquiétude s quant à la situation du pays. Ce à quoi Marthe lui répond qu’il ne faut pas s’inquiéter : « La sainte Vierge va apparaître et demander la prière des petits enfants. » Le 9 décembre, la reprise du travail est votée. Le 14, tout est rentré dans l’ordre. Ce jour-là, la Vierge apparaît une dernière fois aux enfants et leur renouvelle sa demande de construire une grotte dans l’église. Soixante-douze ans après, L’Île-Bouchard a gardé son aspect modeste, intimiste. L’église du village est identique à bien des églises de Touraine, avec son tuffeau blanc et son toit en ardoises.

Mais à l’intérieur, une grotte dorée, abritant la statue de la Vierge et de l’ange Gabriel, rappelle la demande faite aux enfants, et les nombreux ex voto témoignent de la ferveur suscitée par les apparitions mariales. « La Vierge avait appelé à prier pour la France et promis du bonheur dans les familles » souligne le P. Marot. C’est pourquoi le charisme de L’Île-Bouchard est particulièrement axé sur cette dimension familiale, avec des pèlerinages organisés et des retraites. « Oh ! pas de grands pèlerinages insiste d’ailleurs le recteur. L’Île-Bouchard n’est pas Lourdes. Il a fallu attendre l’arrivée de Mgr André Vingt-Trois comme archevêque de Tours, pour qu’un décret soit pris en décembre 2001 et que ce pèlerinage soit reconnu officiellement. » Agnès a fait ce pèlerinage en 2011 avec son mari, Stéphane. À l’époque, leurs quatre enfants étaient encore très jeunes. « L’Île-Bouchard a gardé ce côté familial, il est plus adapté aux petits que les grands rassemblements comme Paray-le-Monial (Saône- et-Loire), par exemple. L’idée d’initier nos enfants à la foi autrement que dans le cadre de la messe dominicale, tout en passant des vacances en famille, nous semblait important. Nous avions envie de vivre cette retraite en mode vacances, dans un lieu agréable. D’être ensemble autrement. Et puis nous avons eu la chance de rencontrer Jacqueline, la dernière voyante encore en vie [1]. Les enfants lui ont serré la main. Ils s’en souviennent encore ! »

Priscilia de Selve

[1Le témoignage de Jacqueline Aubry, décédée en 2016, est disponible en vidéo sur le site video.ilebouchard.com

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