Écologie : « La spiritualité fait partie de la solution »

Paris Notre-Dame du 17 septembre 2020

Jeudi 3 septembre, une délégation de Français engagés dans la cause écologique a été reçue par le pape François. Parmi eux : Mgr Éric de Moulins-Beaufort, archevêque de Reims (Marne) et président de la Conférence des évêques de France, Raphaël Cornu-Thénard, fondateur d’Anuncio mais aussi la comédienne Juliette Binoche, le collapsologue* Pablo Servigne et l’initiateur du collectif La Bascule, Maxime de Rostolan. Entretien avec cet entrepreneur et militant de 39 ans.

Maxime de Rostolan.
© D.R.

Paris Notre-Dame – Vous dites avoir quitté l’Église à l’adolescence. Pourquoi est-ce important pour vous de dialoguer tout de même avec elle autour de la cause écologique ?

Maxime de Rostolan – Il y a trois ans, Raphaël Cornu-Thénard, un ami d’enfance, m’a confié avoir été « touché par la grâce de l’écologie ». Il m’a demandé conseil et m’a fait venir à l’Assemblée plénière des évêques de novembre 2019. Ces rencontres permettent de montrer que nous pouvons tous aller au-delà de nos différences, pour porter, ensemble, le même message : la nécessité de préserver notre maison commune. Elles permettent aussi de montrer aux militants écologistes que la spiritualité fait partie de la solution. Quand on côtoie des personnes comme le pape François, il paraît limpide de miser sur la foi pour croire au changement écologique. Ce dialogue avec le pape a pu entrouvrir encore un peu plus la porte entre monde ecclésial et monde profane. Il a participé à les réconcilier un peu plus. Certains de mes amis militants m’ont confié, à la suite de cette rencontre, vouloir lire avec attention l’encyclique Laudato Si’.

P. N.-D. – Vous dites à propos de cette publication ne pas connaître de « texte plus clair, radical, sur l’état de la planète ». Comment expliquez-vous que ce texte vienne du pape ?

M. R. – Il fallait être en paix avec le monde et aimer les hommes pour écrire ce texte. Le pape a une parole juste, une parole sage. Et cela se confirme en le rencontrant. Il a du bon sens. Il est pétri d’amour. Il ne peut pas tomber dans les travers de certains militants : accuser, dénoncer, combattre.

P. N.-D. – Que retenez-vous de cette rencontre ?

M. R. – Nous n’arriverons pas à changer le monde si nous restons, chacun, campé sur nos positions. Le dialogue peut ouvrir la voie, indiquer une direction. Je retiens aussi l’appel du pape à revenir aux choses simples, à la nature. Tout comme cette nécessité de la tendresse. Nous ne pouvons pas changer le monde en étant en colère. Nous devons conjuguer nos trois langages : celui de la tête, du cœur et des mains, ce qu’il appelle « le faire ».

P.N.-D. – Quel est le rôle spécifique de l’Église catholique, selon vous, dans la défense de la cause écologique ?

M. R. – Après avoir été scolarisé dans l’enseignement catholique, suivi des cours de catéchisme, et même avoir été enfant de chœur, j’ai quitté l’Église à l’âge de 14 ans parce que j’observais une dissonance trop forte entre les valeurs prônées et le comportement de certains fidèles. Mais si je ne vois pas leurs effets dans la vie de certains pratiquants, ces valeurs existent. Je pense à l’amour, au beau, à la nécessité de prendre soin du vivant… Les chrétiens ont donc tout ce qu’il faut, à travers ces valeurs, à travers les textes sacrés, pour comprendre le monde. Ils font partie de ceux qui ont le changement à portée de main, à portée de Bible, dirais-je. L’Église a plus de cartes que le commun des mortels. Elle a donc peut-être une responsabilité supplémentaire dans le changement écologique.

Propos recueillis par Isabelle Demangeat @LaZaab


 La collapsologie est un courant de pensée qui étudie les risques d’un effondrement de la civilisation actuelle.
 La Bascule est un mouvement créé pour accélérer la transition écologique : la-bascule.org
 Maxime de Rostolan publie le 8 octobre, chez Michel Lafon, le livre "En avant !"

Articles
Contact

Paris Notre-Dame
10 rue du Cloître Notre-Dame
75004 Paris
Tél : 01 78 91 92 04
parisnotredame.fr

Articles