Éditorial du cardinal André Vingt-Trois “Bienheureux Jean Paul II – Les fruits d’un ministère”

Documents Épiscopats – Mai 2011

À la fin du mois d’août 1978, à la faveur d’une escale, j’ai eu la chance de découvrir Saint-Pierre de Rome.

On y préparait activement la Messe d’intronisation de Jean Paul Ier. Quelques semaines plus tard, la télévision me permettait de suivre en direct la Messe d’intronisation de Jean Paul II. Nous prenions peu à peu conscience que ces quelques semaines, si douloureuses pour l’Église, ouvraient une nouvelle période dans le développement du concile Vatican II. Mais nous ne pouvions pas encore imaginer ce que seraient les vingt-sept années du pontificat du nouveau Pape.

Par son âge, sa vitalité, son tempérament, son investissement intellectuel, et par-dessus tout par sa foi, le nouveau Pape allait profondément transformer la vie de notre Église. Il venait des contrées de l’Europe centrale où, depuis plus de trois décennies, le « matérialisme scientifique » avait verrouillé tant de portes et muselé tant de libertés. Il témoignait avec simplicité de la force de résistance et de libération de la foi chrétienne. Alors que chez nous tant de chrétiens doutaient secrètement du dynamisme de la foi, il nous invitait à l’audace de l’Évangile. Qui pourra jamais oublier son appel vibrant : « N’ayez pas peur ... » ?

À plusieurs reprises, il est venu visiter l’Église qui est en France. Chacun de ses voyages était une occasion de manifester son attachement à notre pays et à notre culture. C’était aussi l’occasion de nous rappeler avec confiance le riche patrimoine spirituel dont nous avons hérité, et de nous inviter à le faire fructifier dans le monde de ce temps. Chez lui, jamais une parole de condamnation. Toujours un appel à vivre davantage l’Évangile.

Pendant un quart de siècle, les synodes des évêques ont été le moyen principal par lequel il a cherché à faire pénétrer la modernité du Concile dans le tissu ordinaire de la vie des Églises. Il a vécu le passage du deuxième au troisième millénaire comme un temps de grande exigence spirituelle en invitant l’Église entière à la conversion. Il a fini sa vie dans la foi et la confiance en Dieu, donnant à ses frères âgés et malades le témoignage de l’offrande qu’il faisait de sa propre vie.

Depuis le mois d’août 1978, j’ai eu bien d’autres occasions d’aller à Rome, soit en accompagnant des pèlerinages, soit en visite ad limina, soit encore pour des réunions de travail dans les congrégations. Aucune de ces visites n’efface le souvenir du tournant de 1978. Chacune me permet de rendre grâce pour les fruits du ministère de Jean Paul II. En ce temps pascal et en ce dimanche de la Miséricorde qu’il avait institué, c’est toute l’Église qui est entraînée dans l’action de grâce et la joie.

Bienheureux Jean Paul Il, continue de veiller sur l’Église et intercède pour les disciples de Jésus appelés à témoigner de l’Évangile au XXIe siècle !

André cardinal Vingt-Trois,
Archevêque de Paris.

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