Enfants maltraités : « rester attentifs »

Paris Notre-Dame du 30 janvier 2020

« Un enfant en danger… que puis-je faire ? » Les paroissiens de N.-D. de l’Arche-d’Alliance (15e) se sont saisis de ce thème le jeudi 23 janvier. Objectif : prolonger la réflexion sur la crise des abus dans l’Église, en considérant sa mission auprès des plus vulnérables.

Emmanuelle Riblier, psychologue, et Gérard Nicolaÿ, du vicariat Enfance adolescence, étaient les invités de la paroisse N.-D. de l’Arche-d’Alliance, le 23 janvier.
© Laurence Faure

Ils n’attendaient pas de réponses spécifiques de l’Église sur les questions de maltraitance des enfants, mais ce soir-là, ils viennent volontiers étudier le sujet, « qui les concerne tous ». C’est le constat de divers paroissiens de N.-D. de l’Arche-d’Alliance (15e), présents ce 23 janvier. Parmi eux, des parents et des grands-parents, de jeunes animateurs dans la paroisse, des responsables du groupe scout, des éducateurs. Cette soirée vient « prolonger la réflexion paroissiale entamée depuis 2018 et les dernières révélations de scandales sexuels dans l’Église », explique en ouverture le curé, le P. Vincent Guibert. Pour les accompagner, Gérard Nicolaÿ, membre du vicariat Enfance adolescence du diocèse, qui a édité, en 2019, un guide pratique intitulé Maltraitances, vigilance et gestion de crise [1]. L’ancien avocat rappelle les dispositions récentes prises par l’Église en termes de prévention contre toute forme d’abus et de maltraitance des enfants, « ouvrant des espaces de parole aux victimes, et montrant sa volonté de collaborer avec les institutions de la République. » Par ses divers mouvements et activités pastorales, l’Église « est en contact avec une part non négligeable de la population en France, et donc exposée », ajoute-t-il. Au-delà de la crise des scandales sexuels, en quoi consiste la prévention, dans le cadre de la mission chrétienne ?

« Être vigilant à toute forme de danger qui puisse altérer le développement et le chemin de vie de l’enfant », détaille au micro la psychologue Emmanuelle Riblier. « Sachant que toute personne ayant eu connaissance de mauvais traitements ou d’atteintes sexuelles infligés à un mineur, s’expose à des sanctions pénales, s’il n’en informe pas les autorités », précise Gérard Nicolaÿ, non sans alerter contre la « propagation de fausses rumeurs ». Parmi les objectifs, continue la psychologue : « Favoriser la sécurité psychologique d’un enfant pour créer un climat de confiance, observer les comportements, collaborer avec les professionnels de la prise en charge d’enfants maltraités – agressions sexuelles, mais aussi verbales et physiques (malnutrition, abus de confiance …) – appeler le 119 en cas de suspicion. » « La mission de l’Église consiste à user de “bientraitance”, où que l’on soit, analyse Michel Bethmont, membre du conseil pastoral et coordinateur de la soirée. C’est une annonce explicite de l’Évangile ! Nous avons tous le devoir de rester attentifs. Ce n’est d’ailleurs pas uniquement le problème de l’Église, même si nous sommes lucides sur les scandales qui la secouent. » Après avoir échangé en petits groupes pour faire émerger des questions (le poids du silence, la guérison « toujours possible »…), une jeune mère de famille, peu pratiquante, glisse que « ce type d’initiative paroissiale la rapproche de l’Église ». Une autre, mère d’enfants de 17 et 8 ans, s’inquiète des « dangers de la drogue » ou de mauvaises influences à l’école : « Les jeunes n’écoutent pas toujours leurs parents. Si d’autres lieux de parole, comme la paroisse, peuvent nous soutenir dans la prévention, c’est bien. » Finalement, il s’agit, conclut le P. Guibert, où que l’on soit, « de tendre une main ».

Laurence Faure@LauFaur

[1Téléchargeable sur https://dioceseparis.fr

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