« Faire confiance aux 15-30 ans »

Paris Notre-Dame du 10 octobre 2013

P. N.-D. – Vous interviendrez le 15 octobre au Carrefour des familles [1] de St-Jean-Baptiste de Grenelle (15e) pour une conférence intitulée « Génération Y, génération engagée ? » Tout d’abord, la « génération Y », qu’est-ce que c’est ?

Sr Nathalie Becquart, Xavière, directrice du Service national pour l’évangélisation des jeunes à la Conférence des évêques de France.
© D.R.

Sr Nathalie Becquart – C’est en gros celle des 15-30 ans. On en parle beaucoup car on estime qu’elle a des caractéristiques spécifiques, très différentes de la précédente. « Y », en anglais, se prononce « why », ce qui signifie « pourquoi » : c’est une génération qui s’interroge beaucoup sur le sens des choses. Elle est connectée et globalisée, spontanément branchée sur le monde entier. Elle baigne dans le numérique et dans l’info permanente, instantanée. Une grande enquête actuellement en cours auprès de ses membres montre aussi qu’elle se désigne souvent elle-même comme « sacrifiée » : elle a grandi dans un contexte de crise économique et peine à se faire une place. Face à un avenir perçu comme imprévisible, ses membres ont souvent plus de mal à se projeter et sont ancrés dans le présent.

P. N.-D. - Cette génération est-elle pour autant aussi désengagée qu’on a tendance à le dire ?

Sr N. B. – Non, pas du tout. Comme des études le montrent, ça n’est pas que les jeunes ne s’engagent plus, mais qu’ils s’engagent autrement. Par exemple, on voit bien qu’en France, le bénévolat se développe tout particulièrement dans la tranche des 15-30 ans. Cependant, ces jeunes ne s’inscrivent plus dans une logique de militantisme à l’ancienne, sur une période de longue durée. Aujourd’hui, ils s’engagent sur du ponctuel, des projets concrets, des échéances précises. Dans l’Église, on constate bien que certaines formes d’engagement peinent à attirer des jeunes. Mais dans beaucoup d’autres, ils sont très présents. C’est notamment le cas dans des structures qui les impliquent et s’adaptent à leur mode de fonctionnement. Cela correspond d’ailleurs à la logique d’inculturation dont a toujours fait preuve l’Église au cours de son histoire pour évangéliser.

P. N.-D. - Comment faire pour donner plus de visibilité à ces jeunes dans les paroisses ?

Sr N. B. – Dans l’Église, en théorie, tout le monde veut les rejoindre et les encourager à être présents. Mais, en pratique, quand il s’agit de s’adapter à leurs attentes et à leur rythme, c’est souvent plus compliqué car cela remet en cause des modes de fonctionnement. La clef, c’est de les laisser prendre des initiatives, de les appeler et de leur faire confiance en leur donnant des responsabilités – tout en les formant et les accompagnant. L’enjeu est de les laisser partager au sein de la paroisse tout ce qu’ils ont à apporter : leur charisme, leur expérience de foi et leur manière de vivre l’Église. C’est une génération qui s’inscrit vraiment dans une culture du partage – leur utilisation des réseaux sociaux en est un symbole. Quand ces jeunes découvrent le trésor de la foi, ils ont souvent à cœur d’en parler autour d’eux. Les jeunes adultes qui s’engagent dans l’Église se savent minoritaires dans la société actuelle et, pour eux, c’est un acte fort, un choix par rapport auquel ils sont plus décomplexés. Cela donne finalement une génération très missionnaire ! • Propos recueillis par Pierre-Louis Lensel

[1Le 15 octobre à 20h15, Salle Étienne Pernet, 15 place Étienne Pernet, 15e. Tél. : 01 45 75 13 63 ; www.carrefourdesfamilles.fr

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