Fêter Pâques dans la tourmente médiatique

Paris Notre-Dame du 1er avril 2010

P.N.-D. – Comment réagir face aux multiples attaques contre l’Eglise, blessantes pour ses membres ?

Mgr Renauld de Dinechin, évêque auxiliaire de Paris. Photo S. Sismondi

R. D. – De jeunes en­fants, innocents, ont été souillés dans la pureté de leur vie. Ces actes blessent une destinée de manière définitive. Le péché est grave. Il est compréhensible donc que les actes de pédophilie suscitent l’indignation et troublent les esprits en profondeur. Le péché fait d’autant plus de mal quand il est accompli par un prêtre, dont on attend qu’il soit le témoin du respect de l’innocent et du plus fragile. Benoît XVI montre sa détermination pour que la vérité soit faite. Comme préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, il a déjà prouvé sa lucidité [1] et manifesté son courage pour percer la loi du silence. Du côté français, dès les années 2000, les évêques se sont saisis de la question pour éveiller les esprits et prendre des mesures courageuses [2].

P. N.-D. – N’y a-t-il pas une récurrence dans ces attaques, qui semblent avoir lieu chaque année à l’approche de la Semaine sainte et de Pâques ?

R. D. – Comme vous, je constate qu’en 2009 et en 2010, la tourmente médiatique a battu son plein durant le Carême. Les événements déclencheurs sont différents et étrangers au Carême mais, de la même manière, le bruit médiatique opère un trouble dans les esprits. Ou est le bon sens dans bien des propos tenus ? C’est le combat spirituel. Ses modalités sont nouvelles, et conduisent les catholiques à un acte de confiance radical dans le Christ, ainsi que dans son corps qu’est l’Église. Ils doivent trouver en eux-mêmes des énergies nouvelles !

P. N.-D. – Comment associer ces souffrances et blessures à celles du Christ au moment de sa Passion ?

R. D. – Jésus-Christ est l’Innocent. Et toute personne innocente subissant la souffrance lui ressemble. La souffrance de l’innocent nous provoque et nous révolte. Quiconque vient auprès de l’innocent ressemble à Simon de Cyrène auprès de Jésus, l’aidant à porter sa croix.

P. N.-D. – Quelle joie pour Pâques dans ce contexte ?

R. D. – Accueillir la joie de la Résurrection du Christ n’est pas oublier l’épreuve ni mettre de côté celui qui souffre. Au contraire ! Le matin de Pâques, le Christ est ressuscité d’entre les morts, pourtant la situation politique d’Israël n’a pas changé. En revanche, pour les disciples d’Emmaüs, tout a changé : ils ont fait une rencontre, le Christ vivant ! La joie de Pâques n’est pas d’une autre nature. Après les quarante jours de Carême, les liturgies de la Semaine sainte opèrent en nous une purification qui nous dispose à accueillir la Résurrection non seulement comme une belle idée, mais comme une expérience à faire : la vie nouvelle dans le Christ. C’est pourquoi, inspirés par nos frères orthodoxes, nous aimons partager notre joie en échangeant : « Christ est ressuscité  », « Il est vraiment ressuscité ! » • Propos recueillis par Ariane Rollier

Retrouvez la lettre (datée du 26 mars) de soutien au pape des évêques de France réunis en assemblée plénière à Lourdes sur le site diocésain.

[1Le cardinal Joseph Ratzinger a publié en 2001 De delictis gravioribus ; il y aborde les fautes graves commises par des prêtres.

[2Un long travail de la Conférence des évêques de France a abouti en 2002 à la publication d’un ouvrage à destination des éducateurs et des prêtres : Lutter contre la pédophilie.

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