Homélie de Mgr Michel Aupetit - Messe avec les diacres permanents du diocèse de Paris et sacrement des malades à l’occasion de la Journée mondiale des malades

Notre-Dame de Paris - Dimanche 11 février 2018

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 6e dimanche ordinaire – Année B
 Lv 13,1-2.45-46 ; Ps 31, 1-2.5.11 ; 1 Co 10,31-11,1 ; Mc 1,40-45

La loi est formelle : le lépreux doit se tenir à l’écart ! Voilà un lépreux bien audacieux. Il se jette aux pieds de Jésus. Un transgressif ? Selon la Loi de Moïse, oui, assurément ! Mais ce qui pousse cet homme, ce n’est pas la transgression, c’est la foi : si tu le veux, tu peux me guérir.

Serait-ce une nouvelle opposition entre la loi et la foi ?

Qu’est-ce qui pousse cet homme à transgresser la loi ? C’est sa certitude que Dieu veut notre bien, notre bonheur. C’est cela même la foi : croire que Dieu nous aime, que la loi a été donnée pour nous éduquer comme les interdits donnés aux enfants sont faits pour les protéger et les faire grandir.

Cet homme a confiance en Dieu. Il a reconnu en Jésus l’envoyé de Dieu. En écoutant sa Parole et en ayant entendu tout le bien que Jésus accomplit, il croit profondément que Jésus est de Dieu, qu’il vient bien de Dieu. C’est pourquoi il s’en remet à sa volonté avec une confiance absolue : « si tu le veux, tu peux me purifier ». Car rien n’est impossible à Dieu. C’est là, l’acte de foi suprême.

Le cœur du Seigneur, qui est le cœur de Dieu est rejoint par cette absolue confiance, cet abandon total.

Ce qui nous paraît plus surprenant, c’est que Jésus, à son tour, transgresse la loi. Il touche le lépreux montrant ainsi que la loi est ordonnée au bien de l’homme. Rappelons-nous ce qu’il disait : « le sabbat est fait pour l’homme et non pas l’homme pour le sabbat » (Mc 2,27). Il s’agit de redire la finalité de la loi. Il ne s’agit pas d’une transgression comme nous l’entendons aujourd’hui, c’est-à-dire un contournement de la loi. La preuve, c’est qu’il demande à cet homme de se montrer aux prêtres suivant les exigences de la loi pour authentifier la guérison.

N’est-ce pas ce que nous faisons aussi aujourd’hui après un miracle ? Car il y a encore de nombreux miracles opérés par le Seigneur aujourd’hui. L’Église demande une authentification médicale, non pour apporter une preuve de l’acte divin, mais pour protéger la personne d’une éventuelle illusion ou supercherie.

C’est ainsi que nous pouvons comprendre les dons que Dieu fait à l’humanité.

La loi est faite pour protéger.

La foi est faite pour sauver.

C’est bien ce salut que le Christ est venu apporter sur la terre et dont saint Paul se réclame pour sa mission quand il dit : « sans chercher mon intérêt personnel, mais celui de la multitude des hommes pour qu’ils soient sauvés. Imitez-moi, comme moi aussi, j’imite le Christ » (1 Co 10,33).

C’est bien cette mission de salut apportée par le Christ dont l’Église se charge quand elle prend soin des malades. Au travers des sacrements, en particulier celui des malades, c’est le Christ qui nous rejoint et vient lui-même nous toucher pour que son amour nous donne la force dans l’épreuve, l’assurance d’un bonheur éternel en Dieu et, s’il le veut, notre guérison.

Que notre foi, comme celle du lépreux, soit le chemin qui nous ouvre le cœur du Seigneur !

+ Michel Aupetit, archevêque de Paris.

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