Homélie de Mgr Michel Aupetit - Messe à Notre-Dame de Paris

Notre-Dame de Paris - Dimanche 22 avril 2018

 4e dimanche de Pâques – Année B
 Ac 4, 8-12 ; Ps 117 ; 1 Jn 3, 1-2 ; Jn 10, 11-18

Qu’est-ce qu’un mercenaire ? C’est celui qui fait un travail uniquement pour de l’argent. C’est comme cela qu’il y a des mercenaires qui font la guerre, non pas pour défendre leur pays ou par conviction, mais uniquement pour gagner de l’argent.

Ainsi, Jésus nous dit qu’il y a des bergers mercenaires. Quand Jésus parle de bergers, il reprend une image ancienne de la Bible pour désigner les hommes que Dieu a choisis pour prendre soin de son peuple. Certains d’entre eux se sont enrichis aux dépens peuple de Dieu. C’est pourquoi Dieu avait dit qu’il viendrait lui-même pour garder son peuple. C’est bien ce que Jésus, le Fils de Dieu, est venu faire. Il a guéri des malades, rendu la vue aux aveugles, fait entendre les sourds, fait marcher des paralysés et même ressuscité des morts.

Il est le Bon Berger, Dieu qui vient s’occuper lui-même de chacun de nous et qui va jusqu’à donner sa vie pour ses brebis.

Donner sa vie : c’est l’acte d’amour le plus important que l’on puisse faire. Il y a des mamans qui ont donné leur vie pour sauver leurs enfants. Il y a des gens qui risquent leur vie pour sauver les autres (le commandant Arnaud Beltram, par exemple). Donner sa vie, ce n’est pas seulement risquer de la perdre. C’est surtout risquer de la vivre. Par exemple, quand deux époux se marient, ils se donnent chacun l’un à l’autre la totalité de leur vie. Aimer, c’est toujours risquer de vivre.

Ce dimanche du Bon Pasteur, l’Eglise a voulu qu’il soit consacré aux vocations. Vocation veut dire : appel. C’est Dieu qui appelle. Nous sommes tous appelés à la sainteté. C’est notre vocation fondamentale parce que la sainteté, c’est la perfection de l’amour. C’est Jésus qui nous a montré ce chemin. C’est un chemin de salut. En marchant sur ce chemin, nous n’avons plus à craindre la mort car nous sommes entrés dans l’éternité de Dieu. En Dieu, l’amour et la vie sont parfaitement unies. Si nous vivons l’amour comme Dieu, comme Jésus sur cette terre, alors nous entrons dès aujourd’hui dans la vie éternelle sur laquelle la mort ne peut rien. C’est ainsi que nous sommes sauvés et que nous comprenons, comme le dit saint Pierre, qu’« il n’y a pas d’autre Nom que celui de Jésus qui puisse nous sauver ».

Vocation à la suite du Christ. Jésus, qui a donné sa vie jusqu’au bout par amour pour sauver tous les hommes, appelle certains à tout donner comme lui pour servir le peuple de Dieu, et pour que lui, Jésus, continue d’être par eux, le Bon Pasteur qui les guide vers leur vocation à la sainteté. Ils se donnent tout entiers comme Jésus lui-même. Ils ne sont pas des mercenaires. Ils ne font pas cela pour gagner de l’argent. Bien souvent, ils en gagnaient bien davantage dans leur vie précédente. Mais ils acceptent de perdre tous leurs avantages, tout leur projet de vie, comme fonder une famille, par amour de Jésus et par amour du peuple que Jésus leur confie. Il y a les religieux, les religieuses et aussi des prêtres. Ces prêtres sont appelés par Jésus pour être les bons bergers qui veillent sur son peuple. Jésus, qui est le seul Bon Pasteur, continue en eux et par eux à prendre soin de son peuple en lui donnant toutes les grâces et les bienfaits qui viennent de son Père. Par leurs mains et leurs voix, Jésus baptise, Jésus pardonne, Jésus consacre le pain et le vin pour qu’ils deviennent son corps et son sang.

Que chacun de nous soit fidèle à sa vocation : les époux à leur conjoint, ceux qui travaillent à joindre à leur compétence un réel souci de leurs frères humains, les chrétiens leur baptême, les prêtres et les consacrés au don qu’ils ont fait de leur vie, car nous nous portons les uns des autres vers la sainteté.

+ Michel Aupetit, archevêque de Paris.

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