Homélie de Mgr Michel Aupetit – Messe du Fraternel à Lourdes

Lourdes - Vendredi 20 avril 2018

 Ac 9,1-20 ; Ps. 116 ; Jn 2,1-11

Le premier signe que Jésus va donner de sa divinité se passe au cours d’une noce. Ce n’est pas seulement une circonstance anecdotique. Une noce, un mariage est le signe du don de sa vie par amour. Jésus nous a dit : « il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime ». Donner sa vie par amour est le fondement de toute vie chrétienne. C’est vrai pour le mariage, c’est vrai pour la vie religieuse, c’est vrai pour tout engagement total de sa personne au service des autres. Cela s’appelle la vocation.

La scène se passe au début du ministère de Jésus. Il n’est pas encore très connu. Il a juste quelques disciples qui l’ont suivi depuis son baptême par Jean Baptiste.

Marie, sa mère, est celle qui connaît le mieux son Fils. Elle sait surtout qu’il vient de Dieu comme l’ange le lui a dit : « il sera appelé Fils du Très Haut ». La Vierge Marie a donné sa vie pour accueillir le Fils de Dieu quand elle dit : « voici la servante du Seigneur ». C’est ainsi qu’elle a accompli sa vocation : « qu’il me soit fait selon ta Parole ». Elle seule sait exactement ce dont elle parle quand elle nous dit : « faites tout ce qu’il vous dira » parce que c’est la source de notre joie et de la réalisation heureuse de notre vie.

Nous avons vu tous les personnages de cette scène de l’évangile : les jeunes mariés, Jésus et ses disciples, Marie, sa mère et le maître du repas qui est dépassé par les événements quand manque le vin.

On oublie toujours les acteurs principaux sans qui rien ne se serait passé de ce miracle : les serviteurs ! En effet, c’est à eux que Marie s’adresse. C’est bien eux qui écoutent Marie. C’est bien eux qui vont accomplir tout ce que Jésus demande. Et ce qu’il demande est pour le moins incongru : il s’agit de remplir six cuves contenant chacune 100 litres. Vous imaginez ? Mettre 600 litres d’eau alors qu’à l’époque il n’y a pas l’eau courante. C’est non seulement épuisant mais aussi aberrant. Ensuite, Jésus va leur demander de puiser l’eau et de la porter au maître du repas. Là aussi, il faut oser. On peut imaginer que le maître du repas est de très mauvaise humeur devant le défaut de vin. Alors, pour aller lui présenter de l’eau qu’ils viennent de verser dans les cruches, il faut une sacrée audace !

Eh bien, ces serviteurs, parce qu’ils ont cru à la parole de Marie et qu’ils font un acte de foi très grand envers Jésus et sa parole, accomplissent le miracle. C’est bien Jésus qui opère le miracle, mais celui-ci n’a lieu que parce que les serviteurs ont cru à sa parole et ont fait ce qu’il a demandé.

Mais aujourd’hui, qui sont ces serviteurs ?

C’est vous, c’est moi, c’est chacun de nous qui faisons confiance à la Vierge Marie et qui croyons vraiment à la parole de Jésus même quand elle paraît étonnante, qu’elle nous surprend, qu’elle nous dérange. Quand j’avais votre âge, j’avais imaginé une vie bien tranquille, un bon métier, une gentille famille, bref tout le contraire de ce que j’ai vécu. Tout ça parce qu’un jour, j’ai eu l’intuition de confier ma vie à la sainte Vierge. Et c’est ce jour-là que j’ai reçu l’appel à tout quitter pour Jésus. J’avais confiance en Marie, je croyais vraiment à l’évangile et à la Parole de Jésus mais de là à tout quitter pour lui, il y avait une sacrée marge.

Voilà. Chacun de nous doit apprendre à être ces fameux serviteurs qui font confiance à la Vierge Marie et donnent leurs mains, leur cœur et leur vie pour que l’amour puisse régner en ce monde. Et ceci quelle que soit notre vocation particulière. C’est formidable, non ?

Les apôtres étaient 12. Ils ont révolutionné ce vieux monde égoïste en prêchant l’évangile. Nous, nous sommes 10 000. Allons-nous mettre le feu, le feu d’amour, feu de l’Esprit-Saint à ce monde ?

+ Michel Aupetit, archevêque de Paris.

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