Homélie de Mgr Michel Aupetit - Messes au Carmel de Montmartre (18e) et à Notre-Dame de Paris

Dimanche 29 avril 2018

 5e dimanche de Pâques - Année B
 Ac 9, 26-31 ; Ps 21 ; 1 Jn 3, 18-24 ; Jn 15, 1-8

Notre Président de la République, M. Emmanuel Macron, dans son discours au Collège des Bernardins, nous a rappelé au sujet des racines de l’Europe que l’important était la sève. Je consonne totalement à cette affirmation, mais je me permets d’ajouter que la sève vient de quelque part, en particulier, qu’elle vient des racines.

Si nous reprenons l’exemple donné par le Seigneur Jésus, dans une vigne, la sève qui nourrit les sarments vient bien du cep sur lequel les sarments sont greffés. Si les sarments ne reçoivent plus la sève, ils dessèchent et ils meurent.

Le vigneron, c’est le Père. Le cep qui transmet la sève, c’est le Christ. Les sarments qui portent du fruit, c’est nous. Mais quelle est cette sève qui seule permet de porter du fruit ? La sève, c’est l’amour de Dieu qui ne peut être connu et transmis que par le Christ Jésus, son Fils notre Seigneur.

Il y a donc deux choses essentielles pour un chrétien : être attaché indéfectiblement au Christ et porter du fruit.

Comment être attaché au Christ, sans faire partie de la vigne que le Père lui-même a plantée par son Fils ? Les sarments dont parle Jésus sont bien les apôtres à qui il donne cet enseignement. Ses apôtres sur lesquels il a fondé son Église. Ses apôtres qui ont transmis les dons de Dieu à leurs successeurs et cela depuis 2000 ans. Leurs successeurs que l’on appelle évêques et qui ont reçu l’imposition des mains par cette fameuse succession apostolique qui remonte au Christ. Combien de personnes nous disent qu’elles sont attachées au Christ mais qu’elles refusent de faire partie de son Église ?

Cela me fait penser à un ami très cher qui prend une épouse qui ne me plaît pas du tout. Il me reste trois solutions : je rejette cet ami qui a si mauvais goût ou je demande à le rencontrer sans sa femme ou encore j’apprends à aimer son épouse puisqu’il l’aime et que j’ai foi en lui. Beaucoup ont choisi la première solution. Quelques-uns, qui s’appellent eux-mêmes croyants non-pratiquants, choisissent la deuxième. Enfin, il y a ceux qui font totalement confiance à Jésus quand il a dit à Pierre : « Tu es Pierre et sur cette Pierre, je bâtirai mon Église » puis après la Résurrection : « Pais mes brebis ». Ceux-là croient que Jésus est toujours présent dans son Église.

Porter du fruit veut dire qu’il ne suffit pas de proclamer : « Seigneur, Seigneur, je crois en toi ». Il faut porter du fruit, c’est-à-dire accomplir des œuvres bonnes de la part du Seigneur. Si nous recueillons la sève des Sacrements que le Seigneur nous a donnés, c’est pour accomplir ce qu’il a demandé, pour le servir de manière explicite : « J’avais faim, vous m’avez donné à manger ; soif, vous m’avez donné à boire ; nu, vous m’avez habillé ; étranger, vous m’avez accueilli ; malade ou en prison, vous m’avez visité. » Ce sont ces fruits qui nous font connaître si nous avons bien reçu la sève de l’amour de Dieu. Comme disait l’abbé Pierre : « A la fin de notre vie, on ne nous demandera pas si nous avons été croyants, mais si nous avons été crédibles ».

+ Michel Aupetit, archevêque de Paris.

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