Homélie de Mgr Michel Aupetit - Messes à Saint-Christophe de Javel (15e) et à Notre-Dame de Paris

Dimanche 10 juin 2018

 10e dimanche ordinaire - Année B
 Gn 3,9-15 ; Ps 129, 1-8 ; 2 Co 4,13 – 5,1 ; Mc 3,20-35

Voilà une scène qui peut nous paraître choquante. Jésus est au milieu d’une foule de gens venus pour l’écouter et voici que sa mère, Marie, demande à le voir. Jésus répond : « qui est ma mère » ? En voilà des façons ! Que chacun d’entre nous imagine ce que sa maman aurait dit s’il l’avait ainsi rabrouée. En réalité, Jésus ne pouvait pas davantage honorer sa mère. Car lorsqu’il dit : « celui qui fait la volonté de Dieu, celui-là est pour moi un frère, une sœur, une mère » il ne peut pas mieux désigner sa propre mère. Y a-t-il quelqu’un sur cette terre qui ait davantage accompli la volonté de Dieu que la Vierge Marie. Elle a totalement remis sa vie entre les mains du Seigneur quand l’ange est venu la voir : « qu’il me soit fait selon ta parole ». Qui mieux qu’elle a réalisé ce qu’elle a dit dans un acte d’amour et d’abandon total : « voici la servante du Seigneur ».

Jésus voulait signifier ainsi que Marie n’est pas seulement sa mère parce qu’elle lui a donné la vie. Jésus affirme plutôt que Marie est réellement sa mère parce qu’elle a accueilli l’Esprit-Saint qui l’a prise sous son ombre.

Chacun d’entre nous doit accueillir totalement et absolument le Saint Esprit pour entrer véritablement dans la famille de Dieu. C’est ainsi qu’au baptême nous sommes devenus fils de Dieu, et donc, par adoption, frères et sœurs de Jésus. Mais pour pouvoir donner le Verbe au monde, enfanter le Verbe pour le faire naître ici-bas, il faut, comme Marie, accueillir la plénitude du Saint Esprit. C’est bien ce qui se passe à la confirmation. Nous recevons la plénitude de l’Esprit-Saint pour porter Jésus au monde. Cet enfantement signifie que nous devenons comme une mère pour le Christ. Voilà ce que veut dire cette phrase de Jésus.

Au contraire, mépriser le don de Dieu, c’est commettre un péché impardonnable, parce que c’est tout simplement refuser la miséricorde qui nous permet d’être pardonnés. Ainsi font les scribes, qui, au lieu d’accueillir cet amour de Dieu qui se manifeste par les gestes du Seigneur, le rejettent en disant qu’il vient du diable contre toute évidence. Dire que Jésus, c’est Béelzéboul, prendre le Saint Esprit pour l’esprit du diable, mépriser l’amour en le prenant pour de la haine, c’est commettre un péché contre l’Esprit, car c’est l’amour de Dieu que l’on refuse d’accueillir. En faisant cela, on se coupe définitivement de la source de l’amour et de la vie. Apprenons de la Vierge Marie à toujours accueillir cette Parole de Dieu qui est venue jusqu’à nous et qui transfigure le monde. C’est ainsi que celle qui est vraiment la mère de Jésus devient ainsi notre Maman du Ciel.

+Michel AUPETIT, archevêque de Paris.

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