Homélie de Mgr Michel Aupetit – Messe de la Toussaint à Notre-Dame

Notre-Dame de Paris - Jeudi 1er novembre 2018

- Ap 7,2-4.9-14  ; Ps 23,1-6  ; 1 Jn 3,1-3  ; Mt 51-12

Bonne fête ! Oui, aujourd’hui, c’est notre fête. Car nous sommes saints. C’est bien ainsi que saint Paul, dans sa lettre aux Corinthiens et aux Romains, salue les baptisés. Et nous sommes baptisés.

En réalité, Dieu seul est saint.

Mais par le baptême nous sommes devenus enfants de Dieu. Saint Jean le dit dans la lettre que nous venons de lire : « le Père a voulu que nous soyons enfants de Dieu et nous le sommes ». Alors   ?

Si Bill Gates, qui est riche, adopte un enfant, cet enfant devient riche.

Si Dieu, qui est saint, adopte un enfant, cet enfant devient saint.

Être saint, c’est devenir ce que nous sommes : fils et filles adoptifs de Dieu. Cela s’est réalisé le jour de notre baptême. Tiens ! Connaissez-vous la date de votre baptême ?

Mais saint Jean nous dit bien dans la même lettre que « ce que nous serons ne paraît pas encore clairement ». Et nous pouvons refuser cette adoption filiale. Cela s’appelle le péché. Car le péché consiste dans la rupture de cette filiation. Il en est ainsi du fils prodigue qui part en abandonnant son père comme si celui-ci était mort, ou plutôt qu’il considère comme mort pour lui. Ce péché peut entraîner la faute morale, mais il est bien plus grave encore. Le péché nous fait mourir à la vie divine alors que la faute morale nous disqualifie dans la société des hommes.

Mais comment devenir fils ?

Dans notre intimité avec Jésus, le Fils Unique de Dieu, de même nature que le Père, peut se réaliser cette filiation qui conduit à la communion dans l’amour. Car c’est Jésus qui accomplit les Béatitudes et c’est le Père qui console, qui rassasie, qui fait miséricorde.

Tout notre parcours terrestre consiste à entrer dans cette filiation pour que le Christ vive en nous et que « nous soyons semblables à lui ».

C’est l’Eucharistie qui est le lieu fondamental de cette union. Nous y écoutons la Parole qu’il faut assimiler, comme le dit la Bible quand elle parle de manger le livre que Dieu présente. Il nous faut aussi recevoir le Corps de Jésus, chacun laissant le Christ venir habiter en lui et prendre possession de celui qui se livre librement à son amour.

Tous les saints que nous fêtons aujourd’hui ont réalisé dans leur vie cette admirable vocation. Ils sont nos enseignants, ils nous montrent le chemin. Ce sont des professeurs de sainteté.

Ce sont tous des gens ordinaires qui mangent, boivent, éprouvent de l’affection, tombent malades comme tout le monde, mais : Ce qu’ils font, ils le font par amour et ils mettent de l’amour dans tout ce qu’ils font.

Si nous n’hésitons pas à leur demander de prier pour nous dans la communion des saints, c’est que nous croyons qu’ils peuvent élever jusqu’à Dieu notre prière incertaine pour l’ajuster à la volonté de Dieu dont ils partagent la vie éternelle dans une communion d’amour. Nous y sommes tous appelés.

+ Michel AUPETIT, archevêque de Paris.

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