Homélie de Mgr Michel Aupetit - Messe à Notre-Dame de Paris

Notre-Dame de Paris - Dimanche 9 décembre 2018

 2e dimanche de l’Avent – Année C
 Ba 5,1-9 ; Ps 125, 1-6 ; Ph 1, 4-6.8-11 ; Lc 3,1-6

Nous voici maintenant véritablement engagés dans ce temps de l’Avent. Ce mot vient du latin advenire qui veut dire avènement. D’ailleurs à Noël nous chantons : « il est né le divin enfant, chantons tous son avènement ». Actuellement nous préparons cet avènement. Il y a des préparatifs extérieurs : guirlandes multicolores, sapins décorés, quelquefois même une crèche qui agace l’intolérance laïque, bref nous nous préparons à une fête. Il s’agit de fêter un anniversaire : la naissance du Christ, du Fils de Dieu. Ce qui est extraordinaire c’est qu’à Noël beaucoup de gens fêteront un anniversaire mais n’inviteront pas chez eux celui dont ils fêtent l’anniversaire.

Mais plus importants sont les préparatifs intérieurs. Jadis il y avait une préparation pour préparer nos cœurs par une conversion : cela s’appelait le carême de Saint-Martin. Sans forcément revenir à ces usages anciens, il convient tout de même de préparer son cœur à la venue du Seigneur. Quand le prophète Baruch parle d’araser les collines et d’aplanir les routes, il fait référence aux travaux d’esclaves que faisaient les hébreux déportés en exil à Babylone pour la fête du dieu Mardouk. Pour les consoler, le prophète annonce aux habitants de Jérusalem que les chemins seront aplanis, non plus pour une idole inconsistante mais pour le Dieu véritable d’Israël. Pour nous, il s’agit d’aplanir les chemins pour le Seigneur entre les montagnes de nos ambitions et les ravins de nos déceptions.

A Noël, ce que nous fêtons est bien plus qu’un anniversaire. C’est l’émergence du Verbe incarné dans l’histoire des hommes. La preuve : nous affirmons que nous sommes en 2018. Mais 2018 après quoi ? Après qui ? Après cette naissance de Jésus-Christ. Il s’agit bien d’un fait historique et l’évangéliste resitue vraiment cette venue dans des choses qui nous sont connues : c’est bien Tibère qui est empereur, Ponce Pilate qui est gouverneur, les rois Hérode et Philippe ont réellement existé. Il ne s’agit pas d’un mythe fondateur comme pour d’autres religions. Il s’agit d’une histoire située dans le temps. Ce fait historique marque l’histoire des hommes. Nous ne sommes plus dans un temps cyclique, celui d’un éternel recommencement, comme pour les Extrême-orientaux ou pour les Grecs. L’histoire est marquée d’un avant et d’un après l’incarnation de Dieu dans l’histoire.

La manifestation de ce règne au Jour du Seigneur est inscrite dans le temps pour nous tourner vers la fin des temps, quand il se manifestera dans la Gloire. Saint Pierre nous explique que l’Incarnation permettra au maximum d’âmes d’être sauvées, comme l’annonce Jean le Baptiste en citant le prophète Isaïe : « tout être vivant verra le salut de Dieu ».

Le Seigneur Jésus-Christ vient nous révéler l’amour pour lequel nous sommes faits, qui se vérifie dans le temps qui passe. En effet, l’amour véritable passe l’épreuve du temps par les vertus qui sont propres à Dieu : la constance, la persévérance et la fidélité. Elles sont les signes de la charité qui demeure, du don sans repentance. Vivre de cet amour dès maintenant nous permettra de paraître debout, ressuscités, au grand Jour du Seigneur.

+Michel Aupetit, archevêque de Paris

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