Homélie de Mgr Michel Aupetit - Messe à Notre-Dame – Sainte Marie, mère de Dieu

Notre-Dame de Paris - Mardi 1er janvier 2019

 Année C
 Nb 6,22-27 ; Ps 66, 2,3.5.7.8 ; Ga 4,4-7 ; Lc 2,16-21

Nous fêtons Marie, la mère de Dieu. J’avoue que je suis souvent touché par nos frères et sœurs des Antilles qui appellent tendrement Marie « Maman Marie », avec toute cette tendresse, avec toute cette confiance. Peut-être nous, les Métropolitains, nous devrions comme eux avoir une relation plus filiale avec elle, plus simple.

Oui, Marie est notre maman, notre mère. Mais si elle est notre mère c’est d’abord parce qu’elle est la mère de Dieu. En effet, si Marie n’était pas la mère de Dieu elle ne pourrait pas être notre mère. Nous avons, nous, une mère, chacun d’entre nous, et notre maman nous a accompagnés dans notre vie sur la terre, mais Marie est celle qui nous conduit jusqu’au Ciel et non pas seulement sur ce moment de notre vie que nous passons ici-bas.

Oui, Marie est vraiment la mère de Dieu parce que Jésus est vraiment le Fils de Dieu, engendré de toute éternité par Dieu, il a voulu prendre chair de notre chair, il a voulu vivre ce que chacun d’entre nous vit depuis sa conception jusqu’à la mort afin de pouvoir partager pleinement sa divinité avec chacun d’entre nous. Que nous puissions nous aussi devenir fils de Dieu comme il l’est lui-même selon la nature. Voilà pourquoi Marie est vraiment Mère de Dieu. Et si elle a été choisie parce qu’elle était bien sûr la plus belle, la plus extraordinaire des femmes, c’est aussi parce qu’elle était capable d’accueillir la grâce de Dieu en plénitude.

Nous, nous faisons souvent obstacle à la grâce de Dieu pour une raison ou pour une autre, en Marie tout est réception libre dans l’amour. Et voilà pourquoi l’ange Gabriel quand il vient la voir l’appelle « pleine de grâce ».

Comment pourrions-nous qualifier la Vierge Marie ? Ce soir je dirais que Marie est le « stradivarius » de Dieu ! Tout musicien de génie a besoin d’un instrument parfait, d’un instrument accordé, d’un instrument qui lui permet d’exprimer tout son art. Dieu aussi avait besoin d’un instrument parfait, car Dieu s’exprime. Et justement il s’exprime dans son Verbe, alors il fallait bien que le Verbe puisse s’exprimer dans celle qui pourrait répondre parfaitement à ce qu’il est lui-même, car l’expression de Dieu ne peut être que dans la perfection de l’amour. Dieu ne s’exprime que dans la perfection de l’amour, et Marie est celle qui est totalement ajustée à cet amour de Dieu.
En Marie pas une fausse note, rien de dissonant, et voilà pourquoi quand je prie la Vierge Marie, comme vous, je ne prie pas Marie comme je prie Dieu, comme je prie Jésus, comme je prie l’Esprit Saint, non ! Je prie Marie parce que je lui confie ma prière. Parce que je sais que dans ma prière il y a toujours un peu d’égoïsme, un peu de vanité, et sans doute beaucoup d’approximation, alors je confie ma prière à Marie pour qu’elle l’ajuste à la volonté de Dieu. Voilà comment nous prions Marie. Car j’ai toute confiance, elle qui connait le cœur de son Fils pour l’avoir porté si longtemps, et l’avoir accompagné jusqu’au bout de sa vie terrestre, jusqu’au pied de la croix, saura ajuster ma prière, votre prière, pour qu’elle parvienne vraiment jusqu’à Dieu selon sa volonté.

Nous avons entendu dans la première lecture tout à l’heure : « Que le Seigneur te bénisse et te garde » et quoi de plus beau en effet que de commencer cette année par cette belle bénédiction du Livre des Nombres « Que le Seigneur te bénisse et te garde ! Qu’il fasse resplendir sur toi son visage » (Nb 6,24-25). Je crois que c’est justement Marie qui est le cadeau de Dieu, la bénédiction de Dieu pour chacun d’entre nous. Oui, c’est Marie, car Eve nous avait fermé les portes du Ciel, Eve a laissé le soupçon s’introduire dans son cœur quand le serpent est venu lui parler. Son ambition a été réveillée par le même serpent quand il leur a dit : « Vous serez comme des dieux ». Marie, elle, est l’humble servante qui peut être bénie par toutes les générations parce qu’elle nous ouvre les portes du Ciel. Elle est la première en chemin. Voilà pourquoi nous la suivons comme on suit une mère qui nous guide dans la vie et nous conduit jusqu’à la vie éternelle.

Elle est véritablement notre mère parce qu’elle est la mère de Jésus, elle est la mère de Dieu donc, mais Jésus nous l’a confiée. Sur la croix les hommes ont tout pris au Seigneur, tout. Ils lui ont pris sa dignité en l’humiliant, en lui crachant dessus, en refusant son amour, on lui a pris ses vêtements pour le ridiculiser, on va même lui prendre sa vie. Que reste-t-il à un homme quand on lui prend sa dignité et sa vie ? Il reste quelque chose qu’on ne peut pas voler, que personne ne peut prendre, c’est l’amour d’une mère. Marie est au pied de la croix, et les hommes ne pourront jamais arracher l’amour du cœur de Marie pour son Fils, et c’est pourquoi le Fils nous donne même ce qu’on ne peut pas prendre, et qu’il nous donne justement l’amour de sa maman : « Voici ta mère, voici ton fils » (Jn 19,26.27).

Ainsi, chacun de nous, et toute l’Église entière, devient Fils de Marie, elle est notre mère, nous pouvons nous confier à elle puisque c’est le Seigneur lui-même qui nous l’a donnée. Alors si vous le voulez bien, je finirai par une prière à la Vierge Marie, à la manière confiante de nos frères et sœurs antillais.

« Maman Marie, permettez que j’accomplisse en tout la volonté du Père, que nous puissions nous ajuster à cette volonté par la grâce de notre prière.

Maman Marie, apprenez-nous à écouter cette parole que vous dites à chacun de nous en désignant votre Fils : faites tout ce qu’il vous dira.

Enfin, Maman Marie, permettez que nous puissions accueillir comme vous l’Esprit Saint en plénitude pour qu’il porte du fruit en nous et par nous.

Amen. »

+Michel Aupetit, archevêque de Paris.

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