Homélie de Mgr Michel Aupetit - Messe à Notre-Dame pour la Journée mondiale de la Vie consacrée - Présentation du Seigneur

Notre-Dame de Paris - Samedi 2 février 2019

- ML 3, 1-4 ; Ps 23, 7, 8, 9, 10 ; Lc 2, 22-40

« Il viendra dans son temple le Seigneur que vous cherchez ». Quand il est venu, qui l’a reconnu ?

Deux vieillards, Siméon et Anne. Ils sont sans doute le signe de l’Ancienne Alliance. Je crois plutôt qu’ils sont le signe de la patience, de la fidélité, de l’espérance indéfectible qui habite le cœur des croyants. Certains ricanent en disant : « il n’y a que des vieux dans vos églises ». On peut leur conseiller d’y mettre plus souvent les pieds. La semaine dernière, 4000 jeunes étaient réunis à Saint-Sulpice, fervents, profonds, priants.

Mais, acceptons ces critiques. Imaginez qu’il y ait que des jeunes dans nos églises. Cela voudrait dire qu’en vieillissant, en prenant de l’expérience, de la sagesse, nous rejetterions la foi.

En fait, c’est l’inverse qui se passe, car la vie est comme le tamis des chercheurs d’or. Au fur et à mesure que se déroule notre existence, seul ce qui reste au fond est précieux. Et ce qui est précieux est la vie spirituelle, la relation à Dieu, l’accueil de son amour infini.

Siméon et Anne sont le signe de la fidélité du peuple de Dieu.

Aujourd’hui, nous fêtons ceux qui sont consacrés au Seigneur, comme Jésus au temple. Les consacrés sont des signes prophétiques de contradiction. Etre un signe de contradiction est une œuvre de salut public. Dans un monde qui se coupe de Dieu, ils rappellent que Dieu doit être le premier servi.

Si l’on se coupe de Dieu, on retourne à la barbarie. Pas seulement dans les pays au pouvoir tyrannique. Mais aussi dans des pays civilisés comme le nôtre, au gouvernement démocratique. Chez nous, on prépare en effet des lois pour trier les embryons comme on trie des lentilles, pour fabriquer des enfants comme on fabrique des voitures, pour supprimer les vieillards comme on achève les chevaux.

Les consacrés sont signes de contradictions par la pauvreté dont ils ont fait le vœu. Cela est très important dans notre société occidentale dirigée par l’argent. Car ce n’est pas la politique qui dirige le pays, c’est d’abord l’argent. On le voit bien avec la puissance et la suprématie des GAFA. La congélation des ovocytes encouragée par certaines entreprises « en pointe » est exclusivement au service du profit. Elle prétend se justifier pour donner à des femmes de poursuivre une carrière. En vérité elle permet à de grands industriels de « presser le citron » davantage en faisant oublier ce qui fait le trésor de notre humanité : l’amour conjugal, l’amour maternel et la tendresse. L’abandon à la Providence que permet la pauvreté est un signe divin qui nous humanise davantage.

La chasteté dans un monde hédoniste nous rappelle la beauté et la spécificité de l’amour humain. L’excitation exprime le « langage du corps », l’émotion y intègre le « langage du cœur » qui implique la personne humaine intégrale, le don libre de sa vie exprime l’engagement qui est le véritable langage de l’amour et accomplit en nous l’image de Dieu : « Pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime ».

L’obéissance, enfin, le fait de se soumettre à une autre loi que sa propre loi est le signe qu’il existe une volonté supérieure à la nôtre qui reconnaît ce pour quoi nous sommes créés : la volonté divine. « Mettre son oreille sous », écouter, est sans doute ce qui manque le plus aujourd’hui pour construire un monde juste et fraternel. Merci d’être ces prophètes pour aujourd’hui.

+ Michel Aupetit, Archevêque de Paris.

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