Homélie de Mgr Michel Aupetit - Messe à l’occasion du pèlerinage pour les couples en espérance d’enfants à Sainte-Colette des Buttes-Chaumont (Paris 19e)

Dimanche 3 mars 2019

– Fête de sainte Colette de Corbie
- Si 1,1-10 ; Ps 118 ; 1 Jn 2,15-17 ; Lc 12,32-34

« Là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur ».

La question qui nous est posée est donc celle-ci : où est mon trésor ? Qu’est-ce qui est le plus important pour moi ? Nous sommes tous obligés de hiérarchiser. On ne peut pas tout faire, tout avoir. Il faut faire des choix. Et pour faire un choix, il faut savoir ce qui est le plus important pour moi.

Pourquoi, pour qui, suis-je capable de tout abandonner ? Pourquoi, pour qui, vais-je donner ma vie ?

Car le plus important est bien de savoir ce que j’aime vraiment. Le Seigneur nous l’a rappelé : « Il y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime ».

Donner sa vie, c’est aimer vraiment. Et accueillir la vie ? Y a-t-il un rapport ? Faut-il donner sa vie pour accueillir la vie ?

Attendre un enfant, accueillir la vie est une des joies humaines les plus profondes. Quand cette attente est déçue, cela génère une souffrance extrême, et je voudrais dire ma communion à tous ceux qui portent une telle souffrance…

La Bible en parle à plusieurs reprises. Rappelez-vous, la mère de Samson, Anne, la mère du prophète Samuel, Elisabeth, la mère de Jean le Baptiste, toutes ont été confrontées à cette souffrance. Et rappelez-vous le cri de Rachel envers son mari Jacob : « Fais-moi un enfant ou je meurs ». Vous connaissez la détresse de Jacob qui ne peut que répondre : « Suis-je Dieu ? »

Il est intéressant de voir aussi la figure de Sarah, la femme d’Abraham, qui ne pouvait pas avoir d’enfants. Suivant la loi mésopotamienne, c’est sa servante Agar qui portera l’enfant d’Abraham. Mais Dieu avait promis qu’Abraham aurait une descendance par Sarah et celle-ci alors qu’elle était déjà trop âgée a mis au monde Isaac. La leçon qu’il faut en tirer est que la véritable fécondité ne peut naître que de l’amour.

Cet amour trouve sa source en Dieu. C’est ce que nous explique saint Jean dans la deuxième lecture. Avoir l’amour du Père céleste est différent des « désirs égoïstes de la nature humaine », c’est-à-dire « le désir de regard ou l’orgueil de la richesse » (1 Jn 2,16). Le désir donne du plaisir, certes. Mais c’est l’amour qui donne la vie.

Dans le livre de la Genèse, lorsque Dieu crée les êtres vivants, il insuffle en eux son haleine de vie. Dieu créé les vivants, mais la vie, c’est Dieu lui-même qui se donne.
Aussi, il faut se poser la question : comment accueillons-nous les dons de Dieu ? Est-ce de manière subalterne ? Est-ce que cela compte vraiment pour nous ? Est-ce que cela change quelque chose dans ma vie ?

Je crois qu’accueillir un enfant est du même ordre. Je ne peux pas l’accueillir de manière subalterne. Est-ce que je suis prêt à bousculer ma vie, notre vie et à permettre à celui qui va venir de transformer radicalement mes projets, mes plans de carrière, mon petit confort ?

Cela est vrai de Dieu, cela est vrai aussi d’un enfant. C’est sans doute pour cela que Jésus disait qu’il faut accueillir le Royaume des Cieux à la manière d’un enfant.

+Michel Aupetit, archevêque de Paris.

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