Homélie de Mgr Michel Aupetit - Messe à Notre-Dame de Paris

Notre-Dame de Paris (4e) - Dimanche 24 mars 2019

 3e dimanche de carême – Année C

- Ex 3,1-8a.10.13-15 ; Ps 102, 1-4.6-8.11 ; 1 Co 10,1-6.10-12 ; Lc 13,1-9

Quel est donc ce figuier stérile dont parle Jésus ? Certainement le peuple de Dieu qui ne suit pas ses commandements. Aujourd’hui on pourrait dire qu’il s’agit de l’Église quand elle ne vit pas l’évangile.

Il est vrai que dans la tourmente actuelle il y a de quoi se désespérer. Certains peuvent penser : laissons mourir cet arbre… Abandonner, abdiquer est une forte tentation quand tout semble perdu.

Puis-je vous raconter une histoire ? Une histoire vraie que ma mère m’a racontée alors qu’elle était déjà bien âgée. Un de mes frères, alors qu’il était nourrisson, a été touché par une grave maladie pulmonaire. Les traitements médicaux semblaient sans effet. Aussi, le médecin a abdiqué et a abandonné l’enfant en disant à ma mère de se préparer à sa mort. Mais, l’amour d’une mère n’abdique jamais. Il restait encore une piqûre du traitement commencé. Un oncle de ma mère qui savait faire des injections, lui a fait cette dernière piqûre sur son insistance. Le lendemain l’état de mon frère s’est très sensiblement amélioré et il a été sauvé. Voilà la conclusion : l’amour n’abdique jamais.

Qui est ce jardinier qui veut malgré tout sauver le figuier ? C’est le Christ dont l’amour ne s’épuise pas, ne se lasse pas, n’abandonne pas ceux qu’il aime et qu’il a sauvé en donnant sa propre vie. Du fumier ? Il n’en manque pas. C’est justement avec ce fumier pestilentiel que le Christ va encore une fois relever son Église. Nous savons ce que va faire le Christ. Et nous ? Que devons-nous faire ? Le Seigneur Jésus vient de nous le dire : « Si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de même ». Il nous faut imiter notre Seigneur Jésus Christ en reprenant notre vraie place. Pas celle des honneurs et des ronds de jambe, des « Monseigneur », des « cher Père », des « M. L’abbé », des postures et des plateaux de télé. Il nous faut retrouver la place de l’humble serviteur comme le Christ né pauvre dans une étable. Imiter le Seigneur qui est « venu pour servir et non pour être servi » (Mt 20,28).
Nous mettre à genoux pour laver les pieds de nos frères, en particulier des plus pauvres et des plus fragiles. C’est là que nous sommes attendus. Rappelons-nous aussi Celui qui a planté cet arbre. C’est Dieu lui-même. Il convient de respecter ce qu’il a planté et que nous n’avons fait qu’arroser. Il est temps de prendre au sérieux les phrases de l’évangile : « Rendez à Dieu ce qui est à Dieu et à César ce qui est à César » (Lc 20,25).

Tous, prêtres, religieux, fidèles baptisés nous devons retrouver le chemin de l’évangile pour le vivre en vérité et retrouver la joie qui vient de Dieu.

+Michel Aupetit, archevêque de Paris.

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