Homélie de Mgr Michel Aupetit – Messe de Pâques

Saint-Eustache (1er) – Dimanche de Pâques 21 avril 2019

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« On a enlevé le Seigneur de son tombeau et nous ne savons pas où on l’a déposé » c’est le témoignage essoufflé de Marie-Madeleine aux deux apôtres Pierre et Jean. Où est le Corps du Seigneur ?

C’est la question qui s’est posée lundi soir au plus fort de l’incendie de Notre-Dame de Paris : « Où est le Corps du Seigneur » ? Il fallait sauver la cathédrale, le trésor, constitué des pièces d’orfèvrerie accumulées au cours des siècles. Il fallait aussi sauver, pour les croyants, cette relique infiniment précieuse qu’est la couronne d’épines de Jésus ramenée par le roi Saint-Louis.

Mais une question angoissante a surgi dans mon cœur : « Où est le Corps du Seigneur » ? A-t-on pu sortir le Saint Sacrement ? Le Corps de Jésus qui était dans le Tabernacle ?

C’est pour ce Corps, voilé sous l’apparence d’une miette de pain, qu’a été construite cette cathédrale. Qu’est-ce qui est le plus précieux ? La cathédrale, le trésor, ou la miette de pain ?

La « miette de pain » est le Corps de Dieu, le Corps du Christ ressuscité, insaisissable sauf s’il se donne, sauf s’il se livre entre nos mains : « Ma vie nul ne la prend, c’est moi qui la donne » (Jn 10, 18). Nous avons célébré ce grand mystère le Jeudi Saint : « Prenez, mangez, ceci est mon Corps ». Cette « miette de pain » est la Vie de Dieu qui se communique. Elle donne à ceux qui la reçoivent la Vie éternelle, elle nous ouvre les portes du Ciel, elle nous fait participer à la Résurrection du Christ que nous fêtons aujourd’hui et qui appelle notre propre résurrection dans la chair au retour du Seigneur, à l’achèvement du temps.

Nous voulons sauver la cathédrale. Cet écrin splendide a été voulu pour être la manifestation magnifique du génie humain qui rend hommage à l’amour de Dieu qui, pour se donner à nous, s’est fait l’un d’entre nous.

Rendons grâce à la foi des bâtisseurs qui ont su unir le génie humain et la grâce divine.

Aujourd’hui, nous rendons hommage à nos chers pompiers qui, eux aussi, ont montré leur savoir-faire et leur détermination. Nous les remercions d’avoir pu préserver l’essentiel au risque de leur vie. Quand la prière du peuple de Dieu tout entier s’est jointe à votre courage et à votre professionnalisme tout était encore possible. Et cela fut possible. Merci vraiment, au nom de tous !

Mais je voudrais aussi remercier l’aumônier des pompiers, le Père Fournier qui est allé chercher le Corps du Christ, le Saint Sacrement qui donne tout son sens à la vie de cet édifice splendide. Lui aussi a pris des risques pour sauver une « miette de pain » parce qu’elle était le Corps ressuscité de Notre Seigneur que nous fêtons aujourd’hui comme chaque dimanche, jour central de notre semaine où nous fêtons sa Résurrection.

Les apôtres se sont précipités au tombeau du Christ, ils n’ont pas trouvé son Corps, ils ont cru. Nous avons trouvé le Corps ressuscité du Seigneur. Nous aussi, nous croyons.

Michel Aupetit,
archevêque de Paris

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