Homélie de Mgr Michel Aupetit - Messe solennelle de Notre-Dame de Luxembourg consolatrice des affligés

Cathédrale Notre-Dame de Luxembourg - Dimanche 26 mai 2019

– 3e dimanche de l’octave - Cité du Luxembourg

- Is 49,13-15 ; 2 Co 1,3-7 ; Jn 19,25-27

« Heureux les affligés ». Vraiment ? Les affligés peuvent-ils être heureux ? C’est un oxymore. Toutes les Béatitudes du Seigneur sont étranges et contraires à notre expérience humaine : « Heureux les pauvres, les persécutés, les affligés » (cf. Mt 5).

La béatitude du Seigneur ne consiste pas à être affligé, la béatitude consiste à être consolé.

Par qui ? Nous l’avons entendu à dans la bouche de saint Paul : « Par le Dieu et Père de toutes miséricordes et de toutes consolations ». La miséricorde de Dieu ! Il est très instructif de comprendre cette miséricorde qui console et son expression dans la Bible. Le mot employé en hébreu signifie les « entrailles » de Dieu. C’est très exactement la matrice, l’utérus de la femme. C’est l’espace où la vie est protégée, où elle grandit. C’est le lieu où la femme devient mère, où elle protège son enfant et découvre l’immense tendresse qu’il suscite en elle.

Hélas, on sait que même une mère peut être conduite, en particulier dans le climat mortifère actuel, à ne pas garder son enfant. Aussi, Dieu nous dit : « Une femme peut-elle oublier son nourrisson, ne plus avoir de tendresse pour le fils de ses entrailles ? Même si elle l’oubliait, moi je ne t’oublierai pas » (Is 49,15). Cela signifie que l’amour de Dieu est indéfectible, sans condition, immense.

Humainement, nous savons jusqu’où peut aller l’amour d’une mère. Cet amour parvient à s’oublier soi-même pour donner la vie, pour protéger la vie. Certains d’entre nous ont fait cette expérience extraordinaire qui illustre exactement ce que Jésus nous a appris de l’amour de Dieu qu’il accomplit parfaitement en sa personne : « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime » (Jn 15,13).

Voilà pourquoi le Seigneur en quittant cette terre pour rejoindre le Père, dans sa mort et dans sa Résurrection, n’a pas voulu nous laisser sans cette immense tendresse qui nous console. A son disciple bien-aimé qui représente chacun de nous il dit : « Voici ta mère » (Jn 19,27). Qui mieux que Marie a compris l’amour de Dieu contemplé dans son Fils Jésus qu’elle a reçu du Père ?

Dieu connaît le cœur de Marie et sa capacité d’aimer au-delà de tout. Elle est le modèle parfait comme le dit saint Louis-Marie Grignon de Montfort : « Un sculpteur peut faire une figure en deux manières : soit en se servant de son industrie, de sa force pour faire cette figure dans une matière dure et informe. Soit il peut la jeter dans un moule. Marie est le grand moule de Dieu, fait par le Saint Esprit ». C’est pourquoi nous pouvons nous tourner vers elle en toute certitude, sans peur de nous tromper, car elle nous est donnée par Jésus lui-même. Elle nous ramène toujours à Dieu dans l’Esprit Saint. C’est elle qui nous apprend à nous tourner vers le Père en disant : « Qu’il me soit fait selon ta parole » (Lc 1, 38) ou bien à accueillir l’appel de Jésus : « Faites tout ce qu’il vous dira » (Jn 2, 5). Elle est comblée de grâce et d’Esprit Saint.

Tous les chrétiens aiment profondément Marie, car en se confiant à sa prière, ils sont sûrs de ne pas se tromper de chemin. Elle est la première en chemin, et ce chemin est Jésus son fils et le Fils de Dieu qui nous conduit vers le Père. En lui demandant de prier pour nous, notre cœur s’ouvre à l’immense tendresse du Seigneur qu’elle seule reflète véritablement et parfaitement comme le disent nos chers amis d’outre-mer qui l’appellent tendrement « Maman Marie ».

+ Michel Aupetit, archevêque de Paris

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