Homélie de Mgr Michel Aupetit - Messe anticipée de l’Immaculée Conception, fête du séminaire et installation des nouveaux chanoines

Saint-Germain l’Auxerrois (1er) - Samedi 7 décembre 2019

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- Gn 3,9-15.20 ; Ps 97,1-4.6 ; Ep 1,3-6.11-12 ; Lc 1,26-38

« Dieu, où es-tu » ? Depuis toujours l’homme est à la recherche de Dieu ou du moins d’une transcendance qui le dépasse. Il cherche Dieu dans les éléments qu’il ne contrôle pas : la mer, l’orage, le vent, soleil, la lune. Sans cesse il pose la question : « Dieu, où es-tu » ?

Voilà pourquoi il erre, il cherche son chemin, le sens de sa vie et parfois se heurte à l’absurdité. Quand il croit saisir Dieu, il se retrouve face à l’inaccessibilité de Dieu. Cela se traduit par cette phrase terrible du livre de l’Exode dans la Bible : « Nul ne peut voir Dieu sans mourir » (Ex 33,20).

En réalité, c’est Dieu qui cherche l’homme : Nous venons de l’entendre : « Adam, où es-tu » ? (Gn 3,9)

Pourquoi Dieu recherche l’homme ? Parce que l’humanité a flétri l’image de Dieu dans laquelle elle a été créée. Homme et femme, il le créa à son image. L’homme et la femme ont été conçus pour n’être qu’une seule chair comme Dieu est unique dans la communion des Personnes divines. En accueillant le soupçon plutôt que la grâce, ils ont failli.

Aujourd’hui nous fêtons celle qui est sainte, Immaculée dans l’amour, la Vierge Marie. A la question de Dieu : « Où es-tu ? », elle a répondu : « Voici la servante du Seigneur » (Lc 1,38).

Magnifique Vierge Marie ! En elle, il n’y a aucun obstacle à la grâce divine. Elle est vraiment « pleine de grâce » comme le révèle l’Ange Gabriel. Immaculée dès sa conception.

Elle est aussi une vraie femme, qui fait partie de notre humanité. Quand l’ange vient la voir, elle est toute bouleversée. La rencontre avec Dieu ou avec ses envoyés célestes nous bouscule, nous bouleverse. Elle sait que sa vie va radicalement changer. Dieu nous entraîne toujours au-delà de ce que nous avions prévu. Sommes-nous prêts à nous laisser bouleverser ?

Mais Marie est aussi tout accueil. En effet, Dieu ne se conquiert pas, ne s’apprivoise pas, ne se possède pas. Dieu, simplement, s’accueille et doit s’accueillir tout entier.

Ce n’est pas une question de mérite ou de capacité. Marie le comprend et se rend disponible.

Avez-vous remarqué que Marie pose une question ? Aurait-elle un doute comme il nous arrive peut-être de douter nous-mêmes ? Non, elle fait simplement droit à son intelligence. Un enfant est conçu de la rencontre d’un homme et d’une femme. Or, elle est vierge. Elle ne doute pas de la toute-puissance de Dieu. Elle croit à la parole de l’ange. Elle sait que cela se fera puisque Dieu le veut. Mais, pour répondre librement à Dieu, elle demande comment cela va-t-il faire pour que son Fils vienne en elle. Quand l’ange répond à sa question : « L’Esprit-Saint te prendra sous son ombre » (Lc 1,35), elle répond : « Voici la servante du Seigneur » (Lc 1,38). Elle entre dans la foi, dans la confiance totale en la Parole de Dieu. Le discernement d’une vocation se fait dans un acte d’intelligence que précède la foi. Marie dans sa liberté permet notre salut en retrouvant l’image de Dieu capable d’accueillir le Verbe. Elle ouvre la voie à toutes nos vocations révélées dans la Parole de saint Paul : « Dieu, le Père, nous a choisis, dans le Christ, avant la fondation du monde, pour que nous soyons saints, immaculés dans l’amour » (Ep 1,4).

Voilà pourquoi nous pouvons l’invoquer de tout notre cœur. Elle s’est ajustée parfaitement à la volonté de Dieu. C’est pourquoi elle fait remonter nos prières en les ajustant à Dieu pour qu’elles correspondent parfaitement à son Amour.

+Michel Aupetit, archevêque de Paris.

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