Homélie de Mgr Michel Aupetit - Messe à Saint-Germain l’Auxerrois (1er)

Saint-Germain l’Auxerrois (1er) - Dimanche 15 décembre 2019

 3e Dimanche de l’Avent – Année A
 Is 35, 1-6a.10 ; Ps 145,7-10 ; Jc 5,7-10 ; Mt 11,2-11

Il m’est arrivé à plusieurs reprises d’accompagner des personnes en fin de vie. Il y a toujours un moment où celles-ci se retournent sur leur existence : Me suis-je trompé ? De quoi suis-je fier dans ma vie ? Qu’est-ce que je regrette ?

Il n’y a pas qu’à la fin de sa vie que l’on peut se poser cette question. Aujourd’hui, on s’aperçoit que de jeunes adultes après avoir réussi brillamment leurs études et trouvé un travail très rémunérateur se posent la question du sens de leur vie. A 40 ans il est bon de se demander si l’on est vraiment fait pour vendre des serviettes hygiéniques aux Chinois ou des espadrilles aux Esquimaux. On en voit beaucoup qui changent d’orientation en devenant boulanger, ou qui passent un CAP de menuisier.

Jean-Baptiste est en prison et il connaît la veulerie d’Hérode qui, même s’il l’admire, n’hésitera pas à le tuer pour plaire à son entourage. Peut-être se pose-t-il la question : « Ai-je fais ce que je devais faire ? Ne me suis-je pas trompé ? »

Au sommet de sa gloire il aurait pu, sans difficulté, se faire passer pour le Messie. Les gens le croyaient déjà. Mais il savait qu’il n’était que le Précurseur. C’est pourquoi le jour du baptême de Jésus, il l’a désigné comme l’Agneau de Dieu en laissant partir ses propres disciples. Dans sa prison, plutôt que d’écouter les rumeurs, il préfère s’adresser à Jésus.

Or, Jésus le renvoie à la Parole de Dieu : « Les aveugles voient, les sourds entendent, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés » (Mt 11,5). Ce que fait Jésus est l’accomplissement de cette prophétie. Si la Parole de Dieu s’accomplit par Jésus, c’est qu’il est lui-même la Parole. Jean le Baptiste n’a pas couru pour rien.

Nous aussi, lorsque nous traversons des périodes d’incertitudes, il faut revenir à la Parole du Seigneur qui peut nous éclairer dans notre nuit. Il faut la lire, la prier et demander l’Esprit Saint pour en comprendre le sens pour nous aujourd’hui.

Mais comme vous-mêmes êtes très attentifs à la Parole de Dieu vous avez remarqué que Jésus ne dit pas toute la prophétie d’Isaïe. Il manque : « Le Seigneur libère les prisonniers » (Is 61,1) alors que Jean, justement, est en prison. En revanche, vous avez remarqué que Jésus ajoute quelque chose à la prophétie : « Les morts ressuscitent » (Mt 11,5).

En effet, Jésus ne se contente pas de rétablir les choses dans leur bonté originelle puisque les yeux sont faits pour voir, les oreilles pour entendre, les jambes pour marcher. Jésus, en ressuscitant des morts, nous ouvre à la vraie libération : la vie éternelle en communion avec Dieu qui nous libère de toutes nos prisons terrestres.

C’est cette joie que nous célébrons aujourd’hui. Nous sommes appelés à entrer en amitié avec Dieu par cette communion et non pas seulement en adoration. Cette communion ici-bas se réalise par la sainte Eucharistie où Dieu se donne tout entier.

Et c’est pourquoi Jean-Baptiste, qui est le plus grand des enfants des hommes selon la loi, est plus petit que les enfants nés de la grâce divine apportée par le Christ. Demandons à Dieu d’être dignes de cette grâce infinie en préparant nos cœurs à le recevoir, non plus dans une crèche obscure, mais dans tout notre être qui devient le tabernacle de la présence de Dieu.

+Michel Aupetit, archevêque de Paris.

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