Homélie de Mgr Michel Aupetit – Messe de la Nuit de Noël au Cirque Grüss (Paris 16e)

Mardi 24 décembre 2019

- Is 9,1-6 ; Ps 95,1-3.11-13 ; Tt 2,11-14 ; Lc 2,1-14

Nous venons de déposer l’enfant Jésus dans la crèche et ce que nous fêtons cette nuit, c’est l’anniversaire de cet enfant extraordinaire. Combien d’enfants vont naître cette nuit ? Est-ce que le monde va être bouleversé par ces naissances ? Les seuls qui seront bouleversés sont les parents de ces petits enfants qui vont naître. Alors pourquoi fêter cette naissance 2000 ans après ?

Cet enfant que nous venons de déposer dans la crèche, c’est le Fils de Dieu, c’est Dieu lui-même qui se montre au milieu de nous. Étonnant, non ?

Nous voyons que si l’humanité est à l’image de Dieu, Dieu n’est pas à l’image de l’homme. Si nous voulions manifester notre présence à des êtres inférieurs que nous aurions créés, nous aurions voulu leur manifester notre force et notre toute puissance. Enfin ce que nous croyons être la toute-puissance : tonnerre, bruit, lumière éblouissante, bref Hollywood, quoi ! Nous aurions montré nos muscles. Eh bien Dieu n’agit pas comme nous. Dieu qui a fait l’homme à son image vient habiter l’humanité en prenant le chemin de l’homme, en acceptant d’être conçu, de grandir dans le ventre d’une maman, comme nous, de naître tout nu, comme nous.

Il faut avoir le cœur simple pour comprendre cette merveilleuse révélation :

Dieu est tellement grand qu’il se fait petit enfant. Dieu est tellement puissant qu’il se fait vulnérable et fragile. Dieu est tellement autre qu’il se fait l’un de nous. C’est le miracle de la grandeur et de l’amour de Dieu. Un tout petit enfant qui vient de naître, si personne ne s’en occupe, risque de mourir très vite de froid et assez vite de faim ou de soif. Dieu va manifester la toute-puissance de son amour dans l’étable de Bethléem où il se livre entre les mains des hommes.

Est-ce qu’il existe un plus grand amour que de se livrer à l’amour d’autrui en sachant que ceux à qui on donne sa vie ne savent pas aimer de la même manière que vous ? D’ailleurs personne ne l’accueille, cet enfant vulnérable. Il n’y a pas de place pour lui dans la salle commune. Il va naître dans une étable pour les animaux. Mais il y a Marie, il y a Joseph. L’amour du cœur de Marie et les bras de Joseph suffisent pour que Dieu se livre, se donne par amour. Le Verbe de Dieu s’est fait chair dans un petit enfant. « Enfant » en latin veut dire : « sans parole ».

Dieu ne s’exprime pas par des mots humains mais par sa présence.

C’est alors que Marie va poser un geste prophétique : elle va le déposer dans une mangeoire. Une mangeoire, c’est là où l’on met la nourriture. Jésus dira plus tard : « Mon corps est la vraie nourriture ». Il est le pain du Ciel, le pain de la Vie, le pain qui donne la Vie éternelle : « Celui qui mange ma chair a la vie éternelle ».

Ce soir, comme à chaque fois que nous célébrons la messe, Dieu dans son Fils, dans sa Parole, dans son Verbe se donne à nous, se livre à nous. Comme Marie et comme Joseph qui accueillent avec joie et reconnaissance le petit enfant de la crèche, aujourd’hui encore, il faut des mains ouvertes pour le recevoir, un cœur plein de tendresse pour l’aimer. Le monde ne veut pas de Dieu. Le monde ne veut plus de Dieu. Comme à Bethléem il n’y a pas de place pour lui. D’autres défigurent le visage de Dieu en le faisant à leur image : violent, cruel, vengeur et semant la mort. Mais vous, chers frères et sœurs, vous êtes là pour l’accueillir et le reconnaître dans ce petit enfant vulnérable. Que vos mains deviennent aujourd’hui la mangeoire qui accueille ce Dieu d’amour.

+ Michel Aupetit, archevêque de Paris.

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