Homélie de Mgr Michel Aupetit - Messe à St Germain l’Auxerrois

Saint-Germain l’Auxerrois (1er) - Dimanche 19 janvier 2020

– 2e Dimanche Ordinaire – Année A

- Is 49, 3.55-6 ; Ps 39, 2.4.7-11 ; 1 Co 1,1-3 ; Jn 1,29-34

Comme c’est étrange ! Vous avez entendu dans cet évangile Jean-Baptiste dire par deux fois en parlant de Jésus : « Je ne le connaissais pas » (Jn 1,33). Ça alors ! C’est son cousin. Il le connaît depuis l’enfance. Il a même tressailli dans le ventre de sa mère quand il s’est trouvé en face de lui. Vous imaginez votre cousin qui vous connaît depuis l’enfance dire de vous : je ne le connaissais pas !

Bien sûr qu’il connaissait Jésus, fils de Marie. Il est de sa famille.

Mais ce que Jean-Baptiste ne savait pas, c’est que Jésus est le Fils de Dieu. Il a sans doute joué avec lui quand il était petit. Ils ont sans doute échangé sur la Parole de Dieu comme le font tous les enfants juifs. Ils ont prié ensemble les psaumes.

Mais alors qu’il vient de baptiser Jésus, le Saint Esprit vient de lui révéler qu’il est le Fils de Dieu, ce Jésus qui est son cousin. On imagine le choc !

Il croyait tout savoir sur son cousin et voilà pourquoi, connaissant sa pureté, il lui avait dit : « C’est moi qui ai besoin d’être baptisé par toi » (Mt 3,14). Le baptême dans l’eau de Jean-Baptiste était baptême de conversion. Le baptême dans l’eau, c’est la reconnaissance de son péché. Jean-Baptiste connaît la sainteté de son cousin. Il sait qu’il n’a pas besoin de se convertir. Mais il vient de voir l’Esprit Saint descendre sur Jésus et il a entendu la Parole de Dieu le Père qui l’a désigné comme son Fils. Il comprend qu’après le baptême dans l’eau, il y a un baptême dans l’Esprit qui fait de nous des fils de Dieu dans celui qui est son unique Fils : Jésus-Christ.

Bien souvent, nous témoignons de ce que nous croyons connaître et nous partageons ce que nous avons appris sur Dieu. Mais il nous faut être assez humbles pour savoir que nos connaissances humaines n’arriveront jamais à enfermer la réalité du Christ dans ce que nous pouvons savoir. Il faut que j’apprenne comme Jean le Baptiste à témoigner, non de ce que je connais, mais de ce que Dieu m’a révélé par son Saint Esprit.

L’Esprit-Saint nous donne de connaître Jésus, le Fils de Dieu par qui nous connaissons Dieu le Père. Rencontrer Jésus est un cadeau que le Père me fait par son Esprit. On pourrait parler de Jésus comme un professeur de maths parle d’équations. Mais il ne s’agit pas de transmettre un savoir. Ce n’est pas cela, la foi.

Il s’agit plutôt d’être témoin de Jésus, et je ne peux témoigner de lui que si je le rencontre dans l’Esprit, cet Esprit d’amour qui change mon regard, mon intelligence. Pour connaître, si nous nous en tenons à la signification originelle de ce nom, il faut accepter de « naître avec ».

Au baptême, il est bien question d’une nouvelle naissance. Nous entrons dans une relation avec Dieu qui nous fait naître comme Fils de Dieu et nous permet de le connaître non plus comme Créateur omnipotent, mais comme Père.

Le Verbe s’est fait chair en Jésus de Nazareth. Aujourd’hui il donne sa chair en nourriture à l’Eucharistie, à la messe. C’est là qu’il veut être reconnu car ce n’est pas la subjectivité de l’homme qui va le désigner pour ce qu’il est, mais sa propre parole qui réalise sa présence : « Ceci est mon corps ». L’Eucharistie est le sacrement d’une présence C’est dans cette communion à la présence de celui qui est « la lumière des nations » que se réalise notre unité.

+Michel Aupetit, archevêque de Paris.

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