Homélie de Mgr Michel Aupetit - Messe des Cendres en la cathédrale Notre-Dame

Notre-Dame de Paris (4e) - Mercredi 6 mars 2019

- Jl 2,12-18 ; Ps 50,3-6.12-14 .17 ; 2 Co 5,20 à 6,2 ; Mt 6,1-6.16-18

Nous sommes entrés dans ce temps béni du carême. Pourquoi faire ? Eh bien pour apprendre à aimer, tout simplement. Nous avons 40 jours pour préparer notre cœur à contempler cet immense amour du Christ révélé au jour de sa Passion. Nous avons 40 jours pour habituer nos yeux à contempler la lumière éblouissante de la résurrection du Seigneur. Quand les yeux sortent des ténèbres et contemplent le soleil en face, ils sont éblouis et ne peuvent rien voir.

Quand l’amour de Dieu nous possède, notre cœur est si étriqué que nous avons le sentiment qu’il va exploser. Quarante jours : c’est très peu de temps pour apprendre à aimer parce que ce qui nous est demandé ne vient pas de nous, mais de Dieu.

Nous nous rappelons cette phrase de Jésus : « Je suis venu apporter un feu sur la terre » (Lc 12, 49). Ce feu, nous l’avons reçu au jour de notre baptême par le don de l’Esprit Saint que le Seigneur nous a envoyé pour nous purifier, pour que nous devenions ses enfants et que nous ayons la vie éternelle. Ce feu nous a brûlés totalement le jour où nous avons reçu la confirmation qui nous pousse à partager cette flamme en devenant témoins de la foi.

C’est un feu qui réchauffe : il dilate le cœur, il l’élargit pour le remplir d’amour.
C’est un feu qui éclaire : il illumine notre intelligence des mystères divins qui nous permettent de voir beaucoup plus loin que ce que les sens peuvent nous révéler de la réalité du monde.

Mais lorsqu’on laisse éteindre le feu il ne reste plus que les cendres.

Aujourd’hui si nous recouvrons notre tête de cendres, c’est pour nous rappeler qu’il ne faut pas laisser le feu s’éteindre, ce feu du Saint Esprit.

Comment réanimer feu ? Pour réanimer un feu, il faut souffler dessus, nous le savons bien. En ce temps de carême précieux qui nous est donné, il faut surtout laisser le Seigneur souffler sur ces pauvres braises que nous laissons souvent mourir.

Soit nous mettons du bois pourrait alimenter le feu, soit nous jetons de la terre pour le faire mourir. C’est ainsi que nous avons à choisir entre le péché qui étouffe le feu de l’amour et la grâce de Dieu qui ne cesse d’augmenter la flamme. Il y a ce choix entre consentir au péché et s’y perdre ou se convertir pour retourner à Dieu de tout notre cœur, comme le dit le prophète Joël.

Il s’agit bien encore une fois d’aimer davantage et non pas de se faire souffrir pour le plaisir ou pour la gloire d’avoir réalisé un exploit qui attire l’admiration des hommes.

Voilà pourquoi quand nous entrons dans le partage ce n’est pas d’abord pour se dépouiller mais pour s’enrichir de la joie céleste, car « il y a plus de joie à donner qu’à recevoir » (Ac 20,35). Voilà pourquoi, prier ne consiste pas à perdre du temps, mais à puiser à la source de l’amour pour que celui-ci rayonne autour de nous et en nous. Voilà pourquoi jeûner n’est pas se priver de ce qui est bon, mais se rappeler que nous ne vivons « pas seulement de pain mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu » (Mt 4,4), pour être comblés par cette insigne nourriture qui nous rassasie pour toujours. Alors chers frères et sœurs, écoutons Saint-Paul nous dire : « Laissez-vous réconcilier avec Dieu » (2 Co 5,20).

+Michel Aupetit, archevêque de Paris

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