Homélie de Mgr Michel Aupetit - Messe à Saint-Germain l’Auxerrois (à huis-clos)

Saint-Germain l’Auxerrois (1er) - Dimanche 3 mai 2020

 4e dimanche de Pâques – Année A
Diffusée sur KTO TV.
- Ac 2, 14a.36-41 ; Ps 22 (23), 1-2ab, 2c-3, 4, 5, 6 ; 1 P 2, 20b-25 ; Jn 10, 1-10

« Je suis la porte » dit Jésus « Si quelqu’un entre en passant par moi il pourra sortir et trouver un pâturage » (Jn 10,9). Voici donc une porte qui s’ouvre et fait passer de l’intérieur à l’extérieur. Mais elle sur quoi s’ouvre-t-elle ? Où conduit-elle ? Au Ciel ! Jésus est la porte du Ciel. Jésus est la porte qui mène à Dieu comme il l’affirme lui-même : « Je suis le chemin ».

En effet, Dieu est inaccessible, il n’appartient pas au champ d’observation qui est le nôtre dans la matérialité du monde. C’est ce que rappelle le livre de l’Exode : « Nul ne peut voir Dieu sans mourir » (Ex 33,20).

Comment nous a-t-il rendu accessible le Ciel ? En venant jusqu’à nous, en se faisant l’un de nous pour nous emmener vers son Père. Mais pourquoi lui ? Parce qu’il est le Verbe de Dieu, la Parole de Dieu. Je vous parle. Ce qui vient jusqu’à vous est ma parole. C’est pourquoi « Le Verbe s’est fait chair » pour que dans cette humanité, il révèle l’amour de Dieu. Il donne sa vie par amour et révèle ainsi que Dieu est amour.

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Jésus dit aussi que nous pourrons entrer dans la bergerie. Cette fois ce qui nous est signifié est qu’il faut aussi passer de l’extérieur vers l’intérieur. Quand on parle d’intériorité on parle de ce lieu où Dieu est déjà présent. Il nous faut donc découvrir cette présence de Dieu en nous, cette image déposée depuis toujours. C’est ce que saint Augustin dit en parlant au Seigneur : « Tu étais au-dedans de moi et moi j’étais au dehors ». Jésus lui-même nous l’a révélé : « Si quelqu’un m’aime, le Père et moi nous viendrons chez lui et chez lui nous ferons notre demeure » (Jn 14,23). La vérité profonde de notre être n’est révélée que par le Christ : « Je suis la vérité ».

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Jésus nous dit qu’il faut entrer en passant par lui pour être sauvé. Mais sauvé de quoi au juste ? Sauvé de la mort ! Il a pris notre condition mortelle, laquelle prend un sens particulier en ce temps de pandémie où la mort rôde à chaque porte. Nous l’avions refoulée, cette mort, et voilà qu’elle se révèle terrible et impitoyable. Nous nous protégeons de la mort et nous risquons de nous protéger de la vie. La vie conduit à la mort ? Et c’est tout ? Quel néant !

Mais Jésus est venu assumer cette condition mortelle pour nous montrer qu’elle n’est pas le dernier mot de Dieu. Sa résurrection est le gage d’une vie qui prend sa source en Dieu et qui ne se limite pas à son expression organique.

Nous avons oublié ce merveilleux message d’espérance que nous livre le Christ : la mort n’est pas la fin de tout, elle est un passage.

Ce passage a une porte. Cette porte, c’est notre Seigneur Jésus-Christ qui est passé de la mort à la vie.

Ce n’est plus la vie dans son expression matérielle, c’est la vie en abondance comme le dit le Seigneur. Voilà pourquoi il peut dire en vérité : « Je suis la vie ».

+Michel Aupetit, archevêque de Paris

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