Homélie de Mgr Michel Aupetit - Messe du Saint Sacrement du Corps et du Sang du Christ

Saint-Germain l’Auxerrois (1er) - Dimanche 14 juin 2020

– Fête Dieu – Année A

- Dt 8, 2-3.14b-16a ; Ps 147, 12-15.19-20 ; 1 Co 10,16-17 ; Jn 6,51-58

Nous fêtons aujourd’hui la fête du Saint Sacrement, c’est-à-dire la fête du Corps et du Sang de notre Seigneur Jésus donnés en partage pour que nous ayons la vie. Nous avons été privés pendant plus de deux mois de ce sacrement magnifique qui nous donne la vie. J’espère de tout cœur que ce manque a entraîné chez vous tous une frustration profonde qui vous a donné le désir de venir davantage et plus souvent à la messe.

Ce sacrement pourrait s’appeler aussi le sacrement de la Présence puisque c’est là où Dieu se rend présent véritablement. Puisque Dieu est réellement présent à la messe, je suis étonné d’entendre des personnes me dire que les messes à la télévision c’était bien pratique et qu’ils n’ont pas trop envie de revenir « en présentiel » comme on dit aujourd’hui alors même qu’ils sont en bonne santé. Est-ce que cela veut dire qu’ils ne croient pas aux paroles de Jésus : « Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle » (Jn 6,54) ?

On ne vient pas la messe comme on va au cinéma parce qu’on en a envie. On vient à la messe par amour de Jésus, parce qu’on a foi dans ses paroles et que l’espérance nous pousse à accueillir la vie éternelle qu’il nous donne à chaque eucharistie.
Avec ce qui vient de nous arriver, je me dis que Dieu lui-même aurait pu faire du télétravail... Après tout, il pouvait nous transmettre la grâce du haut du Ciel. Rien de plus facile pour lui. Il serait resté bien tranquillement derrière son ordinateur céleste et aurait pu distribuer ses dons qui nous font vivre, comme un canadair envoie l’eau sur une forêt qui brûle.

Non, l’Incarnation nous montre que Dieu se rend présent dans notre humanité. S’il se fait l’un de nous en son Verbe, c’est pour que nous ayons une véritable relation avec lui. L’homme de la Bible a toujours cherché à voir Dieu sans pouvoir l’obtenir : « Nul ne peut voir Dieu sans mourir ». Il a enfin répondu à cette prière en venant lui-même partager notre existence. Mais à quel prix ?

Nous avons peur d’attraper le coronavirus en venant à la messe ? En effet, la présence est toujours un risque… Oui, absolument. Il n’est qu’à regarder notre Seigneur Jésus-Christ qui a pris le risque de venir partager notre vie pour nous sauver et, à cause de cela, a fini sur une croix torturé par la méchanceté des hommes pour finalement mourir comme un esclave.

Oui, par sa présence Dieu a pris un risque. Jésus est vraiment mort pour nous montrer que la mort n’est pas le dernier mot de la vie. Elle n’est qu’un passage vers la vie divine, la vie éternelle qu’il est venu nous communiquer en nous donnant justement son Corps et son Sang en nourriture. Rappelons-nous ces paroles de Jésus : « Ne craignez pas ceux qui tuent le corps et qui ne peuvent tuer l’âme. Craignez plutôt celui qui peut jeter dans la Géhenne l’âme et le corps » (Mt 10, 28).

La présence réelle de Dieu au milieu de nous est le signe de son amour. L’eucharistie est la nourriture de l’amour, comme le lait d’une maman est la nourriture de l’amour pour son enfant. Dieu nous aime au point de se rendre présent et de venir en nous pour nous transformer en lui. L’eucharistie est vraiment le sacrement de l’amour.

Aurons-nous assez d’amour pour lui répondre par notre présence réelle, nous aussi ?

+Michel Aupetit, archevêque de Paris.

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