Homélie de Mgr Michel Aupetit - Messe des Confirmations des adultes

Saint-Sulpice (6e) - Samedi 12 septembre 2020

 Voir l’album-photos de la célébration.

 Ez, 37, 1-14 ; Ps 103, 1-2. 24. 35. 27-30 ; Rm 8, 22-27 ; Jn, 7, 37-39

Chers amis, nous avons commencé par ce texte du prophète Ezéchiel qui traverse une vallée remplie d’ossements desséchés. Ce n’est pas très gai pour une célébration de confirmation... Ce texte a été retrouvé dans la forteresse de Massada juste avant que les romains ne s’en emparent. Les juifs ont médité sur cette Parole juste avant de mourir. Il est vrai que nous aussi, nous avons traversé une période difficile avec ce virus qui nous a rappelé notre condition mortelle et qui nous vaut d’être réunis seulement aujourd’hui après avoir déplacé la date de votre confirmation. La mort a rôdé et elle rôde encore.

Cela m’inspire une réflexion en repensant au film d’Ingmar Bergman, « Le septième sceau ». Peut-être connaissez-vous ce film qui fait partie des monuments du septième art. Il met en scène un chevalier qui revient des croisades et qui se trouve confronté à la peste qui sévit en Europe. Il se met à jouer aux échecs avec la mort. A chaque fois qu’il gagne, l’échéance est retardée. A chaque fois qu’il perd, la mort frappe quelqu’un de son entourage. Au fond, cela illustre ce que nous sommes en train de vivre. Le médecin sait que lorsqu’il sauve une vie, il ne fait au fond que retarder l’échéance de la mort. Il est comme ce chevalier du Moyen-Âge. Nous avions oublié notre vulnérabilité et ce qui s’est passé au printemps nous a rappelé notre condition mortelle. Nous l’avions évacuée en pensant que nous arriverions à la vaincre, comme le livre à succès « Sapiens » de Yuval Harari le laissait croire en reprenant le mythe de Gilgamesh.

Tout ceci pourrait nous paraître désespérant. Mais le texte du prophète Ezéchiel ne s’arrête pas à ce constat déprimant. Dieu parle. Il dit à ces ossements : « Je vais faire entrer en vous mon Esprit et vous vivrez ». Il s’agit là du peuple d’Israël presque totalement anéanti à l’époque du prophète. Mais à travers ce peuple, c’est aussi à toute l’humanité que le Seigneur s’adresse quand il dit qu’il va ouvrir nos tombeaux. La résurrection du Christ est le signe des temps nouveaux, de la venue de l’Esprit Saint. C’est cet Esprit que vous allez recevoir. Chacun de vous m’a rapporté avec simplicité une tranche de sa vie, ses enthousiasmes, ses peines, parfois ses abandons et comment le Seigneur l’a rejoint pour communiquer sa vie et sa joie.

Saint Paul rappelle que « toute la création gémit dans les douleurs d’un enfantement qui dure encore » (Rm 8,22). Cette création nous a été remise pour que nous en prenions soin, certainement pas pour la détruire, nous le savons. Nous-mêmes, peut-être, nous passons dans notre existence par les douleurs d’un enfantement. C’est cet enfantement qui doit faire de nous des enfants de Dieu. C’est l’Esprit Saint qui peut réaliser cet engendrement pour autant que nous le laissions prendre toute la place. Alors, nous serons habités par cet amour divin qui dépasse tout ce que nous pouvons connaître et qui nous fait entrer dans la vie plus forte que la mort.

Jésus nous l’a promis : « Je vous enverrai l’Esprit Saint d’auprès du Père ». Cette source d’eau vive, il faut la désirer intensément : « Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi et qu’il boive… de son cœur couleront des fleuves d’eau vive » (Jn 7,38). Je sais que vous avez soif. Vos lettres me l’ont affirmé.

Que le Seigneur vous comble de sa vie et de sa joie pour que vous puissiez en rayonner autour de vous, pour être artisans de sa paix dans notre société parfois si violente et pour diffuser son amour dans un monde qui se dessèche.

+Michel Aupetit, archevêque de Paris

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