Homélie de Mgr Michel Aupetit - Messe au Sacré-Cœur de Montmartre à l’intention des personnes décédées pendant le confinement

Basilique du Sacré-Cœur de Montmartre (18e) - Samedi 17 octobre 2020

- Ep 1,15-23 ; Ps 8,2-7 ; Jn 14, 1-6

« Ne soyez pas bouleversés » dit Jésus à ses disciples. Pourquoi sont-ils bouleversés ? Parce que Jésus vient de leur annoncer son départ et qu’il leur a dit : « Là où je vais vous ne pouvez pas venir maintenant » (Jn 14,3). Ils ont compris qu’il allait mourir. Et Jésus leur annonce qu’ils ne seront pas à ses côtés et qu’en plus ils vont tous l’abandonner. Il y a de quoi être triste.

Combien de personnes n’ont pas pu être là pour le départ de leurs proches ? Au cours des veillées cette semaine, nous avons entendu beaucoup de témoignages de parents, de soignants et de bénévoles présents dans les EHPAD, les hôpitaux ou les soins palliatifs. Il y a eu beaucoup de souffrances et de frustrations qui se sont exprimées ainsi : « Je n’ai pas pu lui dire au-revoir, ni lui dire que je l’aimais… ». Nous avons aussi reçu d’étonnants récits de petits miracles par les bienfaits des sacrements ou d’une parole fraternelle. L’Église, c’est-à-dire tous les baptisés, se doit d’être présente, d’accompagner, d’apporter le secours de la prière, du pardon et du Corps du Christ qui nous accompagne pour le dernier voyage.

Jésus part et ses disciples sont bouleversés. Alors il a pour eux cette parole de consolation : « Je pars vous préparer une place. Dans la maison de mon Père beaucoup peuvent trouver leur demeure » (Jn 14,2). Cette foi qui est la nôtre nous console, car elle nous permet de savoir que nous nous reverrons, que l’adieu donné est un rendez-vous avec Dieu, ce n’est qu’un au-revoir en Dieu. Je crois vraiment que nous restons mystérieusement en communion avec nos chers défunts. Certes, notre douleur vient de ce que nous ne pouvons plus les voir, les entendre, les prendre dans nos bras, les embrasser en raison de leur absence physique. Mais pour celui qui est attentif, le lien spirituel n’est pas rompu. Nous croyons qu’ils continuent de veiller sur nous de manière très discrète pour ne pas diriger notre vie.

Jésus nous révèle aussi qu’il est « le chemin, la vérité et la vie » (Jn 14,6).

Si la mort est le dernier mot, notre vie est une impasse. Mais il y a un chemin qui nous ouvre à une dimension plus grande que la vie simplement matérielle. Ce chemin a été ouvert par le Christ ressuscité.

La vérité n’est pas un concept, c’est une personne. C’est dans la relation que se situe chacune de nos vérités, en particulier la relation avec Celui qui nous a créés. Voilà pourquoi Jésus peut affirmer : « Je suis la vérité ».

La Vie, c’est cette vie en abondance qui n’appartient qu’à Dieu et qui s’exprime bien au-delà de la réalité biologique. Car la biologie décrit le fonctionnement d’un être vivant, mais elle ne dit rien sur la vie elle-même. Le Christ Jésus nous ouvre à la Vie, la Vie absolue, la Vie éternelle, la Vie de Dieu.

Nous avons connu un temps douloureux, exceptionnel, car depuis la nuit des temps, il a toujours été possible d’accompagner ceux que l’on aime dans leurs derniers instants. C’est la marque propre d’une civilisation humaine. Mais si ces moments nous ont été volés par les nécessités de contraintes sanitaires, il reste que notre espérance n’est pas altérée. Oui, nous en sommes persuadés, nos retrouvailles en Dieu dans la communion de Son Amour qui dépasse infiniment tout ce que nous avons pu connaître, nous permettra alors de vivre beaucoup plus intensément encore cette affection et cette tendresse que nous portions à nos chers défunts.

+Michel Aupetit, archevêque de Paris.

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