Homélie de Mgr Michel Aupetit - Messe de la Toussaint en l’église Saint-Germain l’Auxerrois

Saint-Germain l’Auxerrois (1er) - Dimanche 1er novembre 2020

 Voir l’album-photos de la célébration.

 Solennité Tous les Saints
 Ap 7,2-4.9-14 ; Ps 23,1-6 ; 1 Jn 3,1-3 ; Mt 5,1-12a

« Heureux êtes-vous si l’on vous insulte, si l’on vous persécute, si l’on dit faussement toute sorte de mal contre vous à cause de moi » (Mt 5,11). Cette parole du Christ résonne douloureusement aujourd’hui. Deux dames venues simplement prier Jésus dans une église ont été égorgées ainsi que l’homme qui, fidèlement, jour après jour, ouvrait toutes grandes les portes de l’église pour que tous puissent entrer et rencontrer le Seigneur. Hélas, si tout le monde peut entrer dans une église, les malveillants, les assassins aussi. Ils ne viennent pas pour prier Dieu ou pour l’adorer mais pour tuer en osant affirmer qu’ils le font en son Nom. Voilà le blasphème, l’insulte suprême à Dieu.

Aujourd’hui, c’est la Toussaint, la fête de tous les saints, en particulier tous ceux qui sont auprès de Dieu, qui ne figurent pas dans le calendrier liturgique mais qui sont nos frères et sœurs du Ciel, qui veillent sur nous, qui prient pour nous, qui prient avec nous. A travers eux c’est la sainteté de Dieu que nous fêtons. Dieu seul est saint car Dieu est Amour.

Il est vrai que le paradoxe des Béatitudes nous laisse perplexe : « Heureux les pauvres, ceux qui pleurent, ceux qui ont faim et soif de la justice, ceux qui sont persécutés » (Mt 5, 3-4.6.10). Il nous faut comprendre que ceux-là justement savent qu’ils ont besoin de Dieu, de l’amour de Dieu. Les autres se pensent suffisants et deviennent suffisants. Dieu est amour, notre vocation, c’est l’amour. Aimer comme Dieu, c’est cela la sainteté.

On peut être blessé par des caricatures. Nous en savons quelque chose, nous qui sommes sans cesse moqués, nous dont on ridiculise si souvent le visage du Seigneur. Car pour nous, Jésus n’est pas seulement un prophète de Dieu, aussi éminent soit-il, mais le Fils de Dieu lui-même qui vient nous révéler son amour. Cet amour bafoué est le seul blasphème possible. Il a eu lieu jadis au jour de la Passion du Christ.

Ces caricatures nous blessent ? Mais qu’est-ce qui est blessé en nous ?

Si c’est l’orgueil, alors la colère envahira notre cœur et nous crierons à la vengeance. Mais l’orgueil blessé n’est qu’un orgueil humain. Ce qui est blessé, c’est notre dignité supposée de chrétiens ou de musulmans. Dieu n’a rien à voir dans cette manifestation trop humaine qui traduit surtout un manque d’humilité.

En revanche, si c’est l’amour qui est blessé, alors notre cœur sera plein de tristesse. L’amour blessé rend triste car celui qui blesse l’amour refuse cet amour qu’on lui offre. Daniel Balavoine chantait : « Qu’est-ce qui pourra sauver l’amour » ?

Il n’y a qu’une seule réponse possible : Dieu. C’est lui qui nous conduit à la sainteté en nous offrant son amour, en nous manifestant son amour jusque sur la croix. Mais ce qui nous rend tristes aujourd’hui, c’est de partager ce constat terrible de saint François d’Assise : « L’amour n’est pas aimé ».

Si l’amour était aimé, nous serions tous des saints.

+Michel Aupetit, archevêque de Paris.

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