Homélie de Mgr Michel Aupetit - Messe à Saint-Germain l’Auxerrois, retransmise sur KTO et RND.

Saint-Germain l’Auxerrois (1er) - Dimanche 8 novembre 2020

– 32e dimanche Temps ordinaire – Année A
 sans présence de fidèles

- Sg 6,12-16 ; Ps 62,2-8 ; 1 Th 4,13-18 ; Mt 25,1-13

« Dieu tu es mon Dieu, je te cherche dès l’aube. Mon âme a soif de toi. Après toi languit ma chair » (Ps 62,2). Est-ce que c’est vrai ? Est-ce que nous récitons ce psaume du bout des lèvres ou avec tout notre cœur ? Est-ce que nous attendons vraiment le Seigneur ?

Saint Paul le dit : « Le Seigneur lui-même descendra du ciel. Nous serons emportés sur les nuées du ciel à la rencontre du Seigneur. Nous serons pour toujours avec le Seigneur » (1 Th 4,16). Cette manifestation du Christ en gloire s’appelle la Parousie. Le Jour du Seigneur ou la venue du Fils de l’homme qui se trouve dans l’évangile est la grande attente chrétienne où Dieu rétablira toute chose dans l’amour, à l’heure qu’il a fixée. La Bible d’ailleurs se termine par cet appel : « Viens Seigneur Jésus ».

Chacun de nous a le choix entre l’indifférence qui manifeste une anesthésie spirituelle et la vigilance qui traduit le grand désir de la rencontre avec Dieu.

Dans le premier cas, celui de l’anesthésie spirituelle, il ne nous reste plus qu’à nous confiner dans nos petites vies étriquées aux objectifs étroits. Nous vivions insouciants à la recherche du bien-être que nous distille abondamment dans leurs livres des coachs psycho- philosophico-spirituels qui, faute d’améliorer considérablement nos vies, s’enrichissent avec les droits d’auteur. Quand l’imprévu arrive, ces indolents sont désarçonnés. Ils se terrent ou se révoltent et souvent ne voient aucune issue possible. L’angoisse les ronge.

Dans le second cas, les vigilants, les veilleurs savent que tout peut survenir à tout moment. Le meilleur comme le pire. Les chrétiens sont des veilleurs car ils savent que l’homme n’est pas fait pour dormir mais pour être debout, comme un « être ressuscité » à l’image de son Seigneur. Ce que le chrétien attend est un événement magnifique que le Seigneur Jésus compare à des noces, c’est-à-dire une alliance d’amour éternel. Saint Paul le dit encore : « Nous serons toujours avec le Seigneur. Réconfortez-vous donc les uns les autres avec ce que je viens de dire » (1 Th 4,17-18).

Au jour de sa résurrection le Seigneur Jésus nous a dit : « N’ayez pas peur ». Les événements qui sont survenus ces derniers temps ne doivent pas nous écraser comme si nous n’avions pas d’espérance. Nous devons d’ores et déjà nous préparer au retour du Christ. Et la meilleure manière de s’y préparer est de l’accueillir tous les jours, dans la prière et dans l’eucharistie de la messe où il se rend présent réellement pour nous nourrir de son corps. Voilà pourquoi la messe est véritablement « source et sommet » de toute vie chrétienne. Cette huile de nos lampes est l’amour qui inspire notre prière comme le psalmiste l’affirme : « Ton amour vaut mieux que la vie, tu seras la louange de mes lèvres » (Ps 62,4).

Frères et sœurs, chers amis, il est temps de nous réveiller et de manifester au monde cette magnifique espérance qu’est la Pâque du Seigneur. La vie a vaincu la mort et elle est le dernier mot de Dieu. L’amour a chassé la haine définitivement. Par l’intimité déjà vécue avec Dieu, le Père, par son Fils, nous envoie l’Esprit-Saint pour nous donner de vivre déjà de cette magnifique amitié.

Nous pourrons dire alors avec le psalmiste : « Je crie de joie à l’ombre de tes ailes » (Ps 62,8).

+Michel Aupetit, archevêque de Paris

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