Homélie de Mgr Michel Aupetit - Messe en mémoire du professeur Jérome Lejeune et de son épouse Birthe Lejeune à St Germain l’Auxerrois

Saint-Germain l’Auxerrois (1er) - Lundi 3 mai 2021

 diffusée sur KTO
- 1 Co 15,1-8 ; Ps 18 A,2-5 ; Jn 14,6-14

Jadis, quand on avait entendu une voix à la radio, on imaginait un visage. Puis plus tard quand on voyait la personne de nos yeux à la télévision, nous étions déçus, car le visage ne correspondait pas à ce que nous avions imaginé. Au peuple de l’Alliance, Dieu avait fait entendre sa voix. La grande quête de l’humanité fut alors de voir Dieu. « Je veux voir Dieu, le voir de mes yeux. » Moïse l’avait déjà formulé, il avait reçu cette réponse : « Nul ne peut voir Dieu et rester en vie » (Ex 33,20). Pourtant cette espérance n’a pas cessé. C’est pourquoi Philippe se tourne vers Jésus et lui demande : « Montre nous le Père et cela nous suffit » (Jn 14,8). Jésus permet enfin de donner un visage à Dieu : « Qui m’a vu a vu le Père » (Jn 14,9). C’est ce qu’affirmait saint Irénée : « Ce qu’il y a d’invisible dans le Fils, c’est le Père ; ce qu’il y a de visible dans le Père, c’est le Fils ». « Je suis dans le Père et le Père est en moi » (Jn 14, 10). Cette communion entre le Père et le Fils, entre l’inengendré et l’engendré de toute éternité, entre la source invisible de l’amour et son expression visible, nous fait comprendre comment l’humanité est à l’image de Dieu. Rappelez-vous : « Dieu créa l’humanité à son image, homme et femme, il les créa à son image et à sa ressemblance » (Gn 1, 27). C’est la communion dans l’amour qui nous établit à l’image de Dieu, dans cette altérité fondatrice et féconde de l’homme et de la femme. Voilà ce qu’ont compris, voilà ce qu’ont vécu Jérôme et Birthe Lejeune. Unis dans un amour qui venait d’au-delà d’eux-mêmes, ils avaient saisi la valeur unique et inouïe de la vie qu’ils ont su défendre avec courage contre toutes les oppositions mortifères. Car la vie, même pour un médecin généticien, est plus que son expression organique. Le corps dont le médecin prend soin n’est pas séparé de l’âme et de l’esprit que le médecin découvre, admire et accompagne comme un don de Dieu. Cela même lorsque cet esprit semble abîmé, l’âme directement créée par Dieu reflète son amour immense pour qui sait le voir.

Là encore, on peut dire que ce que Dieu a uni, l’homme ne le sépare pas. Dieu a uni ce corps qui exprime la vie et cette âme qui le relie à lui. Il appelle l’homme tout entier à le rejoindre dans l’amour. Oui, Jérôme Lejeune a compris mieux que tout autre comment ces jeunes trisomiques qu’il soignait reflétaient la tendresse joyeuse du Dieu d’amour.

Si en ce temps de Pâques, nous célébrons la résurrection de Jésus dont saint Paul se fait un témoin passionné, c’est pour nous réjouir de ce destin qui nous est commun. Lorsque le Christ reviendra, nous lui seront semblables avec un corps ressuscité, transfiguré, rayonnant de la beauté de l’amour de Dieu si nous avons su le laisser transparaitre ici-bas.

+Michel Aupetit, archevêque de Paris.

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