Homélie de Mgr Michel Aupetit - Messe à St Germain l’Auxerrois

Saint-Germain l’Auxerrois (1er) - Dimanche 13 juin 2021

 11e dimanche du Temps ordinaire - Année B

- Ez 17, 22-24 ; Ps 91,2-3.13-16 ; 2 Co 5,6-10 ; Mc 4,26-34

En passant l’autre jour dans la forêt j’ai vu un chêne vieux de 300 ans, magnifique, plein de majesté, immense. Et je me suis dit en regardant un simple gland qui était à son pied que cet arbre somptueux était issu d’un simple gland comme celui-là.

En continuant ma réflexion je me suis dit que nous-mêmes avons été une toute petite cellule embryonnaire pas différente, en apparence, des cellules du corps, de la peau, du foie, des muqueuses qui ne savent que se reproduire à l’identique. Dans cette cellule embryonnaire, juste après la fécondation, il y a « vous », « vous » tout entier. Tout le programme magnifique et incroyable de votre corps adulte et de son fonctionnement complexe : les battements du cœur, les appareils, respiratoire, digestif, sécrétoires. Quelle merveille ! Cela doit nous conduire à l’admiration. Oui, l’admiration et non la manipulation comme nos députés le proposent aujourd’hui avec les nouvelles lois de bioéthique.

Admirer la nature, sa puissance de vie. Cette puissance vitale vient de Dieu. L’oublier conduit à la catastrophe. L’époque moderne parlait d’humanisme, c’est-à-dire de l’adoration de l’homme au mépris de la nature. Le post modernisme d’aujourd’hui conduit à l’adoration de la nature au mépris de l’humanité avec l’écologie radicale, l’antispécisme et le transhumanisme. En réalité seule l’adoration de Dieu conduit à respecter l’homme et la nature.

Jésus, lui aussi, témoignant de la puissance extraordinaire de ces petites graines insignifiantes, comme celle de la moutarde, montre que tout est déjà là de cette plus grande des plantes potagères. C’est ainsi que nous comprenons que le Royaume de Dieu est entièrement contenu dans cette Parole que Jésus a semé dans nos cœurs.

Le Royaume annoncé par Jésus se confondrait-il avec l’Église ? Alfred Loisy affirmait au début du 20e siècle « Jésus annonçait le Royaume, et c’est l’Église qui est venue ». C’est inexact car l’Église fondée par Jésus n’est pas le Royaume de Dieu, elle en est le signe, le sacrement. Un sacrement est le signe efficace de la grâce de Dieu. Chaque sacrement donne ce qu’il signifie à celui qui le reçoit. Le concile Vatican II dit que l’Église est sacrement du salut. Elle est chargée de semer le Royaume que le Seigneur fait germer. Par elle le Royaume est déjà présent dans les dons de Dieu qu’elle sème en nous par le baptême qui nous fait Fils de Dieu, le don du Saint-Esprit et la vie éternelle fruit de l’eucharistie.

Tout est déjà contenu dans ce don de Dieu. Le Royaume déjà présent grandit, non par une extension quantitative que pourrait donner la conquête d’un territoire, mais par l’amour de Dieu et du prochain que l’Esprit met dans nos cœurs. Au scribe qui a répondu que l’amour de Dieu et du prochain vaut mieux que tous les sacrifices, Jésus affirme : « Tu n’es pas loin du Royaume de Dieu » (Mc 12, 32-34).

Aujourd’hui, tout est accompli : le Royaume, c’est Jésus qui vient en nous, qui vit en nous, qui aime en nous. Il suffit de l’accueillir en adorant la source de la vie et de l’amour.

+Michel Aupetit, archevêque de Paris

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