Homélie du cardinal André Vingt-Trois - Messe et Confirmations à Notre-Dame du Bon Conseil lors de la Pentecôte

Dimanche 8 juin 2014 - Notre-Dame du Bon Conseil (18e)

Comme Jésus l’avait promis, l’Esprit Saint est envoyé sur les disciples au jour de la Pentecôte pour qu’ils puissent vaincre leur peur et annoncer le nom de Jésus en toutes langues. Nous sommes à notre tour fortifiés par le don de l’Esprit en particulier par le sacrement de confirmation, pour devenir de vrais témoins de l’espérance et de la paix.

 Année A
 Ac 2, 1-11 ; Ps 103, 1.24.29-31.34 ; 1 Co 12, 3b-7.12-13 ; Jn 20, 19-23

Frères et Sœurs, Chers amis,

Les lectures que nous venons d’entendre nous ont aidés à nous rappeler quelle était la situation des disciples après la mort et la résurrection de Jésus. Ils étaient enfermés dans une salle parce qu’ils avaient peur de ce qui pouvait leur arriver. Certes, ils savaient que Jésus allait revenir, mais ils ne savaient ni quand, ni comment et surtout, ils ne savaient pas comment ils allaient vivre en attendant le retour du Christ. Qu’est-ce qu’ils pourraient faire ? Ils l’avaient accompagné tout au long de sa mission parmi les hommes, ils avaient entendu son enseignement, ils avaient vu ses miracles, ils avaient compris que Jésus était le Messie, et ils avaient espéré que ce Messie remettrait toutes choses à leur place et qu’il redonnerait la foi au peuple d’Israël. Et voilà qu’il a été crucifié, enseveli, puis il est apparu à plusieurs d’entre eux, mais cela reste encore bien mystérieux. Ils se demandent donc ce qu’ils vont devenir. Est-ce que ce qu’ils ont vécu avec lui n’a été qu’une parenthèse qui se ferme et maintenant tout va recommencer comme avant ? Et voilà que dans cette pièce où ils sont enfermés, Jésus est présent au milieu d’eux. Il est présent, lui qu’ils avaient vu mort sur la croix. C’est bien lui puisqu’ils voient les plaies de son côté. C’est bien lui puisqu’il leur parle, et pourtant il n’est déjà plus tout à fait le même. Il est présent au milieu d’eux, étant entré on ne sait comment dans cette pièce fermée. Il est là au milieu d’eux, et rien que de le voir, déjà ils sont saisis de joie. Ce qui les inquiétait, ce qui leur faisait peur, peut-être l’indécision, la honte d’avoir suivi quelqu’un qui avait été crucifié et mis à mort, tout cela s’efface devant la présence du Christ. Il est vivant, et ils sont heureux d’être avec lui.

Jésus leur avait promis son Esprit Saint et il le leur donne pour qu’ils soient dans la paix, c’est-à-dire pour qu’ils soient convaincus que malgré leurs difficultés, leurs limites, leurs péchés peut-être, malgré le doute et l’inquiétude qui les habitent, Dieu est présent au milieu d’eux, Dieu est présent dans leur cœur. La paix, c’est la certitude que l’amour de Dieu est plus grand que notre faiblesse, que la miséricorde de Dieu est plus grande que notre péché, que l’amour de Dieu est plus grand que notre indifférence. Il leur donne la paix, et il les envoie pour devenir des messagers de la paix, en réconciliant les hommes et en leur pardonnant leurs péchés. De même au moment de la Pentecôte, quand l’Esprit vient sur chacun d’eux, ils sortent et ils se mettent à annoncer Jésus-Christ dans toutes les langues. Et voici ce que nous vivons aujourd’hui, nous qui sommes rassemblés ici. Peut-être avons-nous des doutes en nos cœurs, peut-être avons-nous des soucis, des inquiétudes pour l’avenir, peut-être avons-nous le sentiment de ne pas être très bons, d’avoir péché en faisant du mal à ceux qui nous entourent ou en nous détournant de Dieu, peut-être sommes-nous inquiets pour l’avenir. L’Esprit de Dieu qui nous est envoyé nous garantit que nous pouvons être pardonnés et réconciliés, il nous garantit que Dieu n’abandonne pas les hommes, qu’il ne nous laisse pas seuls sur le chemin, mais au contraire qu’il vient habiter notre cœur. En habitant notre cœur, il efface en nous la peur, la honte, l’anxiété, il nous fait connaître la paix et la joie. Et cette paix et cette joie qu’il met dans nos cœurs, nous sommes invités à les partager avec ceux qui nous entourent. Nous sommes invités à devenir des témoins de la paix et de la joie, nous sommes invités par le Christ qui nous donne son Esprit à devenir ceux qui annoncent aux hommes qu’il y a une espérance dans leur vie, que leur existence ne s’arrêtera pas avec leur mort, qu’il y a en eux quelque chose de plus grand, de plus fort, de plus beau, que demain, ils peuvent faire quelque chose pour améliorer le monde.

Et vous qui allez être confirmés, qui allez recevoir tous les dons de l’Esprit Saint, c’est cette joie et cette force que vous allez recevoir. Peut-être parfois êtes-vous tentés de cacher que vous êtes chrétiens, de ranger cela dans un lieu secret, fermé, où personne ne peut le savoir. L’Esprit que vous allez recevoir est un Esprit de liberté et un Esprit de force qui vous permettra de ne pas avoir honte du Christ mais au contraire d’être fiers de lui appartenir et de partager le don qu’il vous fait. L’Esprit que vous allez recevoir est un Esprit de force pour vous aider à grandir dans votre vie, à trouver la plénitude de votre existence, à être de vrais témoins de l’espérance et de la paix.

Pour la plupart, vous avez été baptisés enfants, évidemment sans que vous puissiez donner votre avis, simplement parce que vos parents étaient convaincus que c’était mieux pour vous. Mais en demandant la confirmation, vous franchissez une étape dans votre existence, vous n’êtes plus chrétiens simplement parce que quelqu’un d’autre l’a voulu, vous êtes chrétiens parce que vous le choisissez. Vous avez pu le choisir parce que vous avez découvert le Christ tout au long de vos années de catéchisme, parce que vous l’avez rencontré dans la prière et qu’il est devenu quelqu’un pour vous, parce que vous participez à sa vie en communiant à son eucharistie. Alors aujourd’hui, quand tout à l’heure vous allez être appelés par votre nom, vous allez répondre personnellement, et manifester votre volonté de vivre en chrétien tout au long de votre vie.

C’est donc pour nous aujourd’hui une grande fête, une fête pour toute l’Église qui se sent revigorée par l’Esprit Saint pour accomplir sa mission, une fête pour votre communauté qui voit des jeunes parmi ses membres prendre leur place de façon plénière en son sein, une fête pour moi qui suis le témoin et l’acteur de cette venue de l’Esprit Saint pour développer et construire l’Église. Notre prière se fera plus forte aujourd’hui, pour accompagner la démarche du Pape François qui accueillera au Vatican, cet après-midi, le président palestinien et le président israélien, non pas pour poser un acte de médiation politique, mais pour rappeler que la paix entre les hommes ne peut pas grandir et se développer si les hommes ne tournent pas leur cœur et leur âme vers Dieu. Que le Seigneur nous donne d’être nous aussi des artisans de paix.

Amen.

+ André cardinal Vingt-Trois, archevêque de Paris.

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