Homélie du cardinal André Vingt-Trois – Messe à l’occasion du 39e Congrès international des Pueri Cantores – 15e dimanche du Temps Ordinaire – Année A

Samedi 12 juillet 2014 – Notre-Dame de Paris

La parabole du semeur est une image de la Parole que Jésus adresse aux hommes sans choisir par avance ses auditeurs. Cette Parole peut transformer le cœur de l’homme. La beauté du chant est aussi un moyen de toucher les cœurs. Ainsi, par leurs chants, les Pueri Cantores participent à la mission de l’Église.

 Revoir la vidéo de la célébration.

Allocution d’ouverture du cardinal André Vingt-Trois

Chers jeunes amis,

Soyez tous les bienvenus à Notre-Dame de Paris ! Elle est si belle notre cathédrale ! Mais elle est encore plus belle quand elle vit, quand elle prie, quand elle chante le Seigneur ! Et ce soir, elle chante avec vous et grâce à vous ! Notre-Dame est grande, mais elle est trop petite pour vous contenir tous ! Mais que vous soyez à l’intérieur ou à l’extérieur sur le parvis, nous ne formons qu’un seul peuple de Dieu.
C’est une grande joie de vous accueillir tous au cœur de Paris, la capitale française, pour moi qui en suis l’archevêque. Je sais que certains d’entre vous viennent de fort loin.

Je vous salue en particulier, vous les 2500 jeunes chanteurs de langue allemande, vous qui venez de pays où la tradition musicale et le chant tiennent depuis des siècles une place importante, reconnue et appréciée dans le monde entier !
J’espère que ces moments forts vécus à Paris ces jours-ci vous marqueront et vous donneront envie de revenir en France. Merci de nous aider à prier le Seigneur ce soir sur de la beauté !

Liebe jungen Freunde !

Seid alle herzlich willkommen in "Notre Dame de Paris" !
Ja, sie ist so schön, unsere Kathedrale ! Aber sie ist noch viel schöner wenn sie lebendig wird ..., wenn sie betet ..., wenn sie den Herrn singt !
Und heute Abend singt sie nun mit Euch und Dank Euch !
Die Kathedrale Notre Dame ist auch groß. Aber gleichzeitig ist sie zu klein um Euch alle in ihrem Innern versammeln zu können.
Wie dem auch sei, ob drinnen oder draußen auf dem Kathedralen-Vorplatz : wir bilden alle zusammen das eine Volk Gottes.
Für mich als Erzbischof von Paris ist es eine (sehr) Große Freude Euch alle hier im Herzen der französischen Hauptstadt zu empfangen. Mir ist auch bekannt, dass ettliche von Euch von sehr weit hier angereist sind.
Ganz besonders grüße ich nun Euch, die zweit-tausend-fünf-hundert deutsch-sprachigen jungen Sänger. Ihr kommt aus einem Land, in dem die musikalische Tradition und der Gesang eine wichtige Stellung innehaben und auch weltweit anerkannt und vielgeschätzt sind !
Ich hoffe nun, dass diese besonderen Momente, die Ihr hier in Paris erleben durftet, Euch so beeindruckt haben, dass Ihr Lust darauf habt ein anderes Mal nach Frankreich zurückzukommen.
Herzlichen Dank uns heute Abend bei unserem Gebet an den Herrn mit der Schönheit Eures Gesanges zu unterstützen !


Homélie du cardinal André Vingt-Trois

 Is 55, 10-11 ; Ps 64, 10-13.12b14 ; Rm 8, 18-23 ; Mt 13, 1-23

Frères et sœurs, chers amis,

Tandis que tout à l’heure nous chantions l’alléluia et que le diacre portait l’évangéliaire à travers la foule assemblée dans la cathédrale pour venir proclamer l’évangile devant vous qui êtes ici sur le parvis, je pensais à ces versets de l’évangile que nous venons d’entendre, car l’évangéliaire, c’est la Parole du Christ lui-même, et c’est lui qui est sorti de la maison pour s’adresser à vous qui êtes dehors. Et au-delà de vous, à tous les hommes et à toutes les femmes du monde, des pays d’où vous venez et pour qui cette Parole est proclamée, pour qui le Verbe, Parole de Dieu, est venu prendre chair en notre histoire humaine.

Comme vous l’avez entendu dans cette parabole, le semeur ne trie pas le terrain sur lequel le grain va tomber. Il sème à profusion, à tout vent, et évidemment, en semant si largement, si généreusement et sans plus de précaution, certaines de ses paroles vont tomber sur le pavé, sur la pierre, et vont être mangées par les moineaux. D’autres vont tomber peut-être sur un peu de terre, mais là où il n’y a pas de profondeur, elle ne pourra pas prendre racine. Et puis quelques grains tomberont dans la bonne terre où ils produiront du fruit. De même, aujourd’hui, cette parole proclamée devant vous et pour vous ne choisit pas les oreilles qui l’entendent et les cœurs qui l’accueillent. Certains d’entre vous ont peut-être un cœur endurci, et pour eux cette parole ne dit rien. D’autres sont peut-être désireux de l’entendre et prêts à l’écouter, mais ne sont pas disposés à la mettre en pratique, si bien qu’ils en entendent les sons, ils en reçoivent les mots, mais la Parole ne s’enracine pas dans leur vie, elle ne produit pas de fruit. Et d’autres encore, telle la bonne terre qui accueille la semence, sont disposés à laisser cette semence pénétrer en profondeur et porter du fruit à l’image de la générosité de Dieu.

C’est ainsi que la Parole de Dieu est proclamée dans le monde, non pas en choisissant d’avance des auditeurs qui seraient favorables à l’entendre, comme si nous ne pouvions partager notre foi qu’avec des gens qui en sont convaincus et prêts à la reconnaître, non pas en triant les auditeurs, mais au contraire en misant avec espérance sur la puissance de la Parole pour toucher le cœur des hommes et leur faire changer leur manière de vivre. Ainsi, comme le disait le prophète Isaïe, la Parole de Dieu ne revient pas vers Dieu sans avoir produit son fruit. De même que la pluie et la neige qui tombent en terre ne s’évaporent pas sans avoir changé quelque chose à la terre qu’elles ont pénétrée, de même la Parole de Dieu qui vient dans le cœur de l’homme le transforme, peut transformer ce cœur de l’homme, si sa liberté répond à ce qu’il donne.

Pendant ces jours de votre Congrès international des Pueri Cantores, vous avez entendu beaucoup de paroles, de chants, de pièces musicales et chorales. Tout cela peut passer sur vous sans s’arrêter, comme un air de musique qu’on joue sur des espaces ouverts et qui s’en va avec le vent. Mais parmi ce flot de paroles et de chants, peut-être à un moment, votre cœur a-t-il été touché, et vous avez eu la sensation que ce jour-là, à cette heure-là, peut-être maintenant à Notre-Dame de Paris, le Seigneur ne faisait pas que prononcer des mots, mais il vous adressait une parole à vous. Cette Parole que nous recevons, que nous essayons de faire fructifier par l’ouverture de notre cœur et la disposition de notre liberté, nous avons aussi la mission de la transmettre, car le semeur qui est sorti pour semer, c’est Jésus. Mais depuis qu’il a quitté cette terre pour retourner auprès du Père, il a confié à ses disciples la mission de poursuivre son œuvre et de continuer d’annoncer la bonne nouvelle. C’est ce qu’ils ont fait et nous en avons la trace dans les évangiles que nous écoutons et que nous proclamons. Cette Parole, nous la recevons pour la partager. Nous la partageons quand nous la faisons entendre. Nous pouvons la faire entendre de toutes sortes de manières, soit simplement à travers un mot, à travers une attitude, une manière d’être avec les autres, une manière d’écouter les autres et de leur parler, soit encore par la beauté du chant à travers lequel les mots prennent une ampleur, une gravité, une profondeur nouvelles et atteignent non seulement les organes physiologiques pour entendre, mais atteignent la sensibilité artistique pour saisir le message, et le cœur, l’âme, pour répondre à la Parole que nous recevons.

Ainsi, chers amis, en participant à vos groupes de Pueri Cantores, en faisant l’effort régulier de vous entraîner pour atteindre une grande qualité chorale, vous ne faites pas simplement que de construire une œuvre artistique pour l’admiration des foules, vous portez une partie de la mission de l’Eglise qui est d’annoncer la Parole du Christ, de toutes sortes de manières, et aussi par le chant et par la beauté. En ce jour où nous bénéficions pour quelque temps encore du soleil, et où vous pouvez admirer la façade de la cathédrale Notre-Dame dans ses plus belles couleurs, j’espère que vous aurez beaucoup de joie, non seulement à avoir reçu la Parole de Dieu au cours de ce Congrès, mais encore à la transmettre par votre chant. Amen.

André cardinal Vingt-Trois,
archevêque de Paris

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