Homélie du cardinal André Vingt-Trois - Appel décisif des catéchumènes adolescents à St Séverin

Samedi 14 mars 2015 - St Sèverin-St Nicolas (Paris V)

La démarche catéchuménale est illustrée par la rencontre du fils de Timée, aveugle au bord de la route et Jésus. En recherchant quelqu’un qui peut nous aider dans notre vie, nous nous disposons à rencontrer le Christ qui vient alors nous accompagner et dialoguer avec nous.

 Col 3, 5-10.12-17 ; Ps 15(16) ; Mc 10,46-52

Nous sommes parisiens, nous avons donc l’habitude de nous trouver au milieu de beaucoup de monde, en particulier dans ce quartier un samedi après-midi… Sur les trottoirs, beaucoup de gens vont et viennent à leurs affaires. Cela donne idée de la situation de cet aveugle au bord du chemin, noyé dans la foule, à qui on a dit qu’il y avait quelqu’un qui s’appelait Jésus, et que ce Jésus pouvait faire quelque chose pour lui. Pour chacune et chacun d’entre vous, il est arrivé un moment où vous avez entendu le nom de Jésus. Vous avez appris qu’il était quelqu’un qui pouvait quelque chose pour vous. En tout cas, vous en avez appris assez, cela vous a suffisamment intéressé pour chercher à en savoir plus, et surtout pour que, comme le fils de Timée au bord de la route, vous puissiez commencer à prier, c’est-à-dire à parler à ce Jésus que vous ne connaissiez peut-être pas très bien, mais dont vous aviez entendu dire qu’il passait près de vous.

Jésus est passé près de vous, et vous l’avez appelé : « Jésus aie pitié de moi ! » (Mc 10,47). Tout le monde a besoin que l’on ait pitié de lui, que nous soyons très jeunes ou très vieux, nous sommes tous des enfants dans l’histoire des hommes ! Nous sommes tous fragiles, nous sommes tous plus ou moins exposés à des risques, pas forcément des risques graves, pas forcément la maladie, mais il y a toujours dans notre vie une part d’incertitude. Que va-t-on devenir ? Que vais-je devenir ? Que sera ma vie demain ? Cette question nous inquiète légitimement. On pourrait penser que les plus âgés savent déjà ce qu’ils vont devenir, puisqu’une partie de leur vie est passée… Mais l’esprit de l’homme est ainsi fait qu’il y a toujours un futur, il y a toujours un avenir, il y a toujours une inconnue : qu’est-ce que sera ma vie demain ? Cette question nous habite et nous travaille. Il ne s’agit pas de cette question posée à la façon dont vos grands-parents ou vos tantes, vos oncles, ou vos parents vous disent : qu’est-ce que tu vas faire ? Qu’est-ce que tu veux faire ? Il s’agit plutôt de la question : qu’est-ce qui va arriver et qui ne dépendra pas forcément de moi ? Face à cet avenir que nous ne connaissons pas, nous avons besoin de rassembler des forces, nous avons besoins de nous sécuriser, de nous rassurer, de faire l’inventaire de ce que nous possédons comme moyens de progresser dans cet avenir. Dans cet inventaire, nous voyons bien que quelque chose dépasse les forces de chacun. C’est pourquoi nous avons besoin que quelqu’un ait pitié du pauvre homme que nous sommes, que quelqu’un jette un regard sur nous et nous aide à vivre. « Jésus s’arrête et dit : “appelez-le” » (Mc 10,49) Voilà ! On avait plus ou moins des questions qui habitaient notre cœur, on avait plus ou moins des inquiétudes pour l’avenir, on avait plus ou moins besoin que quelqu’un nous aide, on a un peu crié vers Jésus, on a un peu essayé d’attirer son attention, mais là, il se passe quelque chose de tout à fait différent. C’est Jésus qui se tourne et qui dit « appelez-le ». Ce n’est plus moi qui cherche le Christ, c’est le Christ qui me cherche, qui vient au-devant de moi. C’est dans cette rencontre avec le Christ que nous pouvons enfin lui dire ce qu’il peut faire pour moi : « Que veux-tu que je fasse pour toi ? …que je vois » (Mc 10,51), « et Jésus dit : Va, ta foi t’a sauvé » (Mc 10,52). Eh bien ce dialogue entre Jésus et le fils de Timée, c’est le dialogue qui s’est établi entre lui et chacune et chacun d’entre vous, pour vous faire découvrir qu’il avait pour vous une parole qui vous rend libres et qui vous rend forts.

C’est pourquoi, vous vous êtes préparés à recevoir le baptême, la confirmation et l’eucharistie. C’est pourquoi vous avez souhaité non pas simplement être des spectateurs anonymes dans la foule, mais des personnes en lien avec le Christ. C’est pourquoi, aujourd’hui, en son nom, je vais appeler chacune et chacun d’entre vous pour qu’il s’avance vers le baptême.

+ André cardinal Vingt-Trois, archevêque de Paris.

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