Homélie Mgr Michel Aupetit - Messe à Notre-Dame - Mercredi des Cendres

Notre-Dame de Paris - Mercredi 14 février 2018

 Jl 2, 12-18 ; Ps 50, 3-6.12-14.17 ; 2 Co 5, 20 – 6, 2 ; Mt 6, 1-6.16-18

Je ne sais pas si vous avez fait attention à la prière du début de la messe. Il est question d’entraînement au combat spirituel pour lutter contre l’esprit du mal. Tout le temps du carême, à l’invitatoire, nous prenons le chant : « les yeux fixés sur Jésus-Christ entrons dans le combat de Dieu ». Il s’agit bien d’un combat, d’un combat contre le mal. Ce mal que nous voyons partout présent autour de nous mais aussi en nous. Aujourd’hui, il est beaucoup question de coach, pour le sport, pour bien vivre. Là, il s’agit d’un entraînement au combat. Et notre coach est Jésus-Christ.

Quelles sont ses armes pour lutter contre le mal ?

La prière. Il y a bien sûr ce moment où nous prions ensemble pour marquer notre communion autour de Jésus qui est présent là où deux ou trois sont réunis en son nom. La plus belle de ces prières est évidemment la messe où il vient lui-même nous rassasier de sa vie. Mais la prière dont parle Jésus aujourd’hui est ce cœur à cœur renforcé avec le Seigneur. C’est le temps de la familiarité avec lui. Le temps d’apprendre la complicité dans un silence intérieur où il n’est pas nécessaire de parler constamment comme pour combler une absence. L’écoute est la condition première du dialogue. Cela est vrai aussi pour Dieu : « me voici Seigneur, ton serviteur écoute ». Cette arme de la prière est ordonnée à la foi. C’est l’arme contre le doute que le mauvais insinue dans nos cœurs comme il le fit pour nos premiers parents.

L’aumône. Elle nous fait comprendre que nous ne sommes pas propriétaires de ce que nous possédons mais seulement gérants. Rappelons-nous les paroles du pauvre Job : « nu je suis sorti du ventre de ma mère, nu j’y retournerai ». Faire l’aumône dans le secret, ce n’est pas obtenir la gloire qui vient des hommes. Celle-ci ne sert que l’amour-propre. L’aumône est au service de l’amour. Cet acte d’amour concret est la véritable arme contre la haine.

Le jeûne : certains chrétiens se plaignent que l’on parle plus du ramadan que du carême. Mais au contraire, il faut se réjouir ! Le Seigneur te demande à ce que notre jeûne ne soit connu que de Dieu.

Le jeûne est là pour nous rappeler que l’homme ne vit pas seulement de pain mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu. La satiété est un signe de notre époque. Nous ne supportons pas la frustration, le manque. Il nous faut la nourriture, la boisson, tout ce qui bouche les trous d’une existence qui craint le vide : la télévision, les cigarettes, l’informatique…

Il faut laisser un espace pour l’avenir parce que combler cette vie, c’est ne pas espérer dans l’éternité. L’arme du jeûne est au service de l’espérance, la lutte contre le désespoir que Satan met dans nos cœurs.

Voilà chers frères et sœurs, nous sommes des combattants dont les armes sont l’amour, la foi et l’espérance. Ce combat difficile nous permet d’entrer dans la joie de communier avec le Seigneur Jésus qui est le premier soldat de l’amour.

+Michel Aupetit, archevêque de Paris.

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