Hommage à tous les soignants

Paris Notre-Dame du 2 avril 2020

La pandémie qui frappe le monde et la France nous oblige à imaginer d’autres formes d’initiatives pastorales. Elle soulève beaucoup d’interrogations sur la façon de maintenir le lien entre nous, de rester présent auprès des plus fragiles… Elle pose aussi la question de Dieu. Afin de nous aider dans ce temps éprouvant, nous avons décidé d’ouvrir cette page à des prêtres de Paris, afin qu’ils puissent nous nourrir de leurs réflexions.

Le P. Laurent Stalla-Bourdillon, directeur du service pour les professionnels de l’Information (S.P.I.).
© Yannick Boschat

Depuis plusieurs jours à 20 heures, les Français rendent hommage à ceux qui soignent les malades du Covid-19 et tous les autres malades. Ils expriment leur gratitude par des applaudissements nourris. Que pouvons-nous encore leur donner ? Le 22 mars 2020, la France a perdu un premier médecin urgentiste sur le front de la pandémie, suivi le lendemain par quatre autres médecins. Tous les soignants savent les risques, eux qui ont engagé leur vie pour sauver celle des autres. Ils sont prêts à donner leur vie pour la nôtre. Qui sommes-nous pour mériter un tel sacrifice ? Nul ne l’ignore désormais : on peut mourir de soigner un malade du Covid-19. Ils seront nombreux à avoir contracté le virus en soignant vaillamment leurs compatriotes.

Il sera toujours temps d’interroger les responsables politiques pour la dramatique absence d’anticipation de la crise sanitaire et d’expliquer en quoi ce confinement aux terribles conséquences économiques était nécessaire, mais il sera impossible de faire revenir les vies perdues. Quelle est donc la valeur d’une vie ? À ceux qui soignent au péril de leur vie, nous devons une très haute considération pour chaque vie ! Quel est ce mystère caché dans la personne revêtue de sa blouse blanche prenant une peine infinie à se tenir près de moi lorsque je suis malade pour me soigner ? De l’idée que nous nous faisons de la vie et de la vie de ce soignant dépend notre survie à tous. Ce ne sont pas seulement des moyens techniques qui sauveront notre société, mais notre conscience de la signification de la vie qui sauvera notre civilisation !

Si les responsables politiques rendront des comptes aux personnels de santé, les citoyens aussi devront leur rendre des comptes car nul ne peut s’exonérer de son inconséquence en applaudissant ceux qui vont jusqu’à l’épuisement dans leurs services. Comment pouvons-nous mériter le sacrifice que les soignants font en ces heures de leur vie ? « Protégez-vous et vous nous protégerez » disent tant de photos dans les hôpitaux. Écoutons-les. À ce premier médecin parti et à ce corps de vaillants soldats, rendons l’hommage d’une nation qui se redresse en retrouvant la valeur et l’estime de chaque vie.

Comme baptisé, nous nous unirons plus profondément au Seigneur et prierons pour l’humanité, une seule famille humaine. Dans la foi en Jésus ressuscité des morts, je crois que chacun est né pour la vie qui ne finit pas. Je crois que ce monde n’est pas encore notre lieu définitif, comme le sein maternel était notre lieu préparatoire à cette vie. On naît à la vie par l’humble consentement à tout recevoir de l’amour et à tout donner dans l’amour. C’est ce que réalise le baptême qui ouvre en nous les portes au Christ. Oui, l’amour peut triompher de la mort même. C’est cette Bonne Nouvelle, inouïe, que nous fêterons à Pâques dans l’intimité des foyers, puisque les célébrations de Pâques ne seront pas possibles. La marque des plaies sur le corps de Jésus ressuscité est pour toujours le trophée de ce triomphe. Pâques, promesse du triomphe de l’amour, annonce déjà la vie du monde nouveau, semé en nos cœurs. Prenez bien soin de vous, chantez dans votre cœur l’amour dont Dieu vous aime.

Laurent Stalla-Bourdillon, directeur du service pour les professionnels de l’Information

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