L’édito de Mgr de Sinety du 14 février 2019

« Il faudra tout de même un jour avoir le courage de s’interroger sur les raisons pour lesquelles la violence s’est installée dans notre société ». À écouter,cette semaine : "La violence est toujours le signe d’une agonie". Mgr Benoist de Sinety, vicaire général, donne son regard sur l’actualité au micro de RCF.

Le chiffre est maintenant tristement bien connu : 978 églises ont donc été profanées ou vandalisées en 2017… soit comme le relèvent nombre de journalistes depuis 48h, plus de deux églises par jour. Depuis de trop nombreuses années, on assiste un peu partout en France à des actes violents et blessants contre des chapelles de villages comme d’églises de centres villes. Bien sûr il faut distinguer ceux qui relèvent de la pure bêtise, pour se donnent des frissons à peu de frais, et ceux posés en conscience, délibérément, pour salir, abîmer et qui sont aussi bien plus préoccupants.

Puisqu’il semble qu’enfin nos gouvernants aient trouvé le courage d’en parler, il faudra tout de même un jour avoir le courage de s’interroger sur les raisons pour lesquelles la violence s’est installée dans notre société, comment les violents se sont progressivement déculpabilisés, voire légitimés, bénéficiant même parfois d’une forme de sympathie envieuse. Il n’est pas neutre que ces actes odieux progressent aussi au rythme des actes antisémites les plus abjects. S’attaquer aux Juifs, s’attaquer aux Chrétiens, s’attaquer aux lieux de culte et de prières : comme un pourrissement progressif...

Il y a quelques années un intellectuel d’extrême droite se suicidait dans le chœur de Notre Dame de Paris, aujourd’hui des tabernacles sont forcés et leur réserves eucharistiques foulées aux pieds.
Dans une société devenue en grande partie areligieuse, cela soulèvera-t-il les consciences endormies ? N’y aurait-il donc que les croyants pour être effarés et blessés par ces faits, très loin d’être divers ?
Chaque dimanche désormais dans les villes de ce pays, nous découvrons des carcasses de voitures et des vitrines brisées, et nous passons notre chemin. Comme si le samedi devenait le jour où l’on casse et le dimanche le jour où l’on répare... en attendant lundi, le jour où l’on juge !

La violence est toujours le signe d’une agonie : c’est quand on ne sait plus ni parler ni penser que l’on se met à menacer et à casser. Que l’on soit en colère contre Dieu ne saurait justifier que l’on brûle une église. Que l’on soit en colère contre la société ne saurait justifier que l’on détruise ce qui la représente.

Si nous ne comprenons pas cela, et pire, si nous nous laissons gagner par cet esprit mauvais, à ce goût du sang qui déjà excite certains esprits fiévreux, alors toutes les catastrophes restent à venir. Il faut parler précisément et désigner cette violence qui infuse notre société. Mais, dans le même temps il faut affirmer avec force que, si la loi doit civile punir l’infamie, ceux qui croient en elle, doivent appliquer de manière stricte la Loi divine qui consiste pour les croyants à aimer, à aimer sans relâche, à aimer sans excuse, à aimer jusqu’à l’impossible, jusqu’au don total.

Oui, dans ce climat d’hystérie et de paranoïa il nous faut oser être sans équivoque possible, puisque nous croyons que la Vie sera toujours vainqueur de la mort, les artisans de Paix ici et maintenant.

Chroniques de Mgr Benoist de Sinety sur RCF

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