Interventions du cardinal Vingt-Trois dans les médias suite au Synode sur la famille

Le cardinal André Vingt-Trois a participé au Synode sur la famille comme président délégué du 4 au 25 octobre 2015. Après ce Synode, il est intervenu dans différents médias pour présenter un bilan et une analyse.

 Revoir son entretien sur KTO,samedi 24 octobre à 20h.

 Écouter son interview sur RCF, dimanche 25 octobre.

 Lire son interview dans le Journal du dimanche, dimanche 25 octobre.

 Lire sa Parole d’Église dans le journal Paris Notre-Dame daté du 29 octobre.

 Lire 3 questions réponses à l’AFP

Synode : une "parole d’espérance" dans un contexte "très difficile", selon le cardinal Vingt-Trois.
Cité du Vatican, Saint-Siège | AFP | samedi 24/10/2015 - 18:06 UTC

Les évêques ont su s’écouter, après une "méfiance" initiale, pour adresser une parole commune d’"encouragement" aux familles dans un contexte très difficile, a expliqué samedi à l’AFP le cardinal André Vingt-Trois, archevêque de Paris et l’un des vice-présidents du synode sur la famille.

QUESTION : l’opinion peut avoir l’impression que le pape a convoqué deux synodes en 2014 et 2015 sur la famille pour peu de résultats. Comment évaluez-vous l’ambiance et la portée du synode qui s’achève ? Et que fera le pape ?

RÉPONSE : il y avait une certaine méfiance a priori d’évêques d’Afrique, d’Asie ou du Moyen-Orient, pour qui les pays occidentaux sont responsables de ce qui ne va pas dans la famille à cause de leurs mœurs dissolues. Heureusement, les choses ont pu s’éclaircir dans les groupes linguistiques. Ils ont noué un rapport personnel et ont compris qu’ils étaient entendus et écoutés.
Le message principal est un encouragement pour les familles qui essaient de vivre dans des conditions économiques et sociales très rudes. C’est aussi un message d’espérance pour beaucoup de jeunes qui hésitent à entrer dans le mariage. Les médias occidentaux seront déçus, forcément, ils se sont faits des fantasmes. L’opinion des fidèles sera très diverse : il y a ceux qui seront modelés par les médias, d’autres qui seront provoqués à réfléchir.
Le pape fera ce qu’il veut. Il peut dire : je trouve votre texte très bien, je n’ai plus rien à dire et je le signe. Ou dire : tout cela demande réflexion. Ou encore : il y a des points que vous avez soulevés et qui n’ont pas été suffisamment travaillés, et je vais nommer des commissions pour les travailler".

Q : y a-t-il une évolution du synode sur la question très délicate de l’accès à la communion pour les divorcés remariés ?

R : le synode appelle à accueillir les personnes et à les accompagner. Dans la question de l’accueil des divorcés remariés, on se place sur le terrain de l’entretien personnel, ce qu’on appelle le for interne : une relation couverte par le secret et qui existe depuis toujours. Cela suppose de former des gens capables d’accueillir, de parler, de faire parler, d’écouter et de détecter jusqu’à quel point il y a un chemin qui est en train de se construire.
On ne peut fixer le terme de l’accompagnement avant que le chemin n’ait commencé. Si des gens viennent nous voir dans un esprit de conversion de vie, d’engagement régulier dans l’Église, de participation régulière à l’eucharistie du dimanche, cela pose la question de la participation aux sacrements. Si je rencontre quelqu’un qui vient seulement me demander que je l’approuve, ce n’est pas une participation aux sacrements.

Q : de la pseudo-tumeur de François à la lettre critique de cardinaux conservateurs, on a eu l’impression de manœuvres contre le pape en plein synode ?

R : à Rome, la règle absolue est que, quand le pape dit quelque chose, on le fait. Ensuite, on pense ce que l’on veut, il peut y avoir des doutes et des questionnements. Personnellement, je trouve un peu étrange que des cardinaux réunis autour du pape, qui le voient tous les jours, qui sont des collaborateurs habituels, aient besoin d’une lettre clandestine pour lui exprimer leurs points de vue. Quand j’ai quelque chose à lui dire pendant le synode, je m’arrange pour le lui dire. Je ne lui écris pas une lettre que je fais porter par un facteur".

Propos recueillis par Jean-Louis DE LA VAISSIERE

 Lire des échos des évêques présents à Rome dans la Croix : Les évêques français décryptent le synode sur la famille
La Croix – 25 octobre 2015

Pour les évêques français qui ont participé au Synode sur la famille, clôturé samedi 24 octobre au Vatican, l’assemblée a atteint son ambition d’ouvrir des perspectives de croissance pour toutes les familles, quelle que soit leur situation.

Au dernier jour du synode sur la famille qui a mobilisé leurs énergies pendant trois semaines, les évêques français présents à Rome ne cachaient pas leur satisfaction, dimanche 25 octobre, devant le rapport final adopté la veille par les
270 pères synodaux. « a salué le cardinal André Vingt-Trois, archevêque Ce texte reflète bien nos débats », de Paris et président délégué de cette assemblée, qui évoque non « une révolution » mais « un approfondissement de l’enseignement de l’Église ». « Nous avons voulu donner des lignes d’attention pour que les Églises soient davantage attentives à la réalité de la vie des familles. On ne peut imposer depuis Rome une solution universelle à des situations qui sont très différentes », précise-t-il.

« Dire qu’un avenir est possible »

Le principal défi du rapport est l’accompagnement pastoral, souligne Mgr Jean-Luc Brunin, évêque du Havre et président du Conseil famille et société de la Conférence des évêques de France : « L’Église doit incarner, épouser la pédagogie divine pour rejoindre les personnes, leur dire qu’il y a des perspectives de croissance, qu’un avenir est possible. »
Sur la question des divorcés remariés, emblématique pour les pères synodaux du rapport de l’Église au monde, le document reste prudent, sans fermer de portes. « Nous n’avons pas dit que nous avions trouvé les solutions mais que nous étions dans l’obligation de les trouver, analyse Mgr Ulrich, archevêque de Lille. Le texte invite à avancer à quatre niveaux, liturgique, pastoral, éducatif et institutionnel. Il nous faut encore réfléchir à la manière de le mettre en œuvre dans nos diocèses. »

Accompagnement et discernement personnalisés

L’Église est invitée à proposer à chacun un accompagnement et un discernement personnalisés. « Il ne peut y avoir de règle générale qu’on applique indifféremment explique le cardinal, Vingt-Trois. Il s’agit d’examiner la volonté de communion à la vie de l’Église pour mesurer la situation de la personne par rapport au mariage précédent et comment cette situation actuelle est vécue, avec la volonté d’être fidèle au Christ. »
Revenant sur les trois semaines de discussions, parfois ardues et vives, plusieurs pères synodaux ont comparé le synode conduit par le pape jésuite à une retraite ignatienne. « Au départ, nous nous sommes découverts, puis nous avons traversé des moments plus tendus et même de brouillard, où des positions très diverses se sont exprimées, et nous nous sommes retrouvés dans la confusion », raconte Mgr Ulrich, qui a déjà vécu quatre synodes diocésains et provinciaux. « 
C’est un aspect du combat, poursuit-il, on ne sait pas très bien contre quoi l’on se bat d’ailleurs, et d’un coup, parce que c’est une expérience spirituelle, parce que l’Esprit Saint est présent, nous pouvons être d’accord sur un certain nombre de points qui font avancer le sujet. » Rien d’un « unanimisme » pour autant. « Même si le rapport a été adopté aux deux tiers, restent des points de résistance », note l’archevêque de Lille.

« Nous ne renions pas la vérité de l’Évangile »

Répondant aux craintes de ceux qui s’inquiètent d’une interprétation laxiste ou relativiste du rapport final sur les situations familiales irrégulières, Mgr Brunin souligne qu’il ne remet en rien en cause l’indissolubilité du mariage. « Nous ne renions pas la vérité de l’Évangile, ni ce que Jean-Paul II a enseigné du couple et de la famille, qui reste un trésor, mais nous voulons le faire valoir dans un compagnonnage, assure-t-il. La faisons-nous valoir dans une attitude de surplomb, d’extériorité, ou bien sommes-nous une Église en sortie ? »
Aux yeux du président du conseil Famille et société de la conférence épiscopale, cette « nouvelle posture » est une « autre manière d’être disciples missionnaires ». « C’est le Saint-Père qui nous y invite, lui qui préfère une Église sale, poussiéreuse, parce qu’elle s’est risquée sur les chemins à la rencontre des hommes, qu’une Église propre qui s’est enfermée sur des certitudes dogmatiques. Arrêtons les jugements théoriques, extérieurs, que le pape dénonçait dans son discours samedi 24 octobre, quand on veut endoctriner l’Évangile pour en faire des pierres à jeter sur les personnes. Il n’y a pas à avoir peur si on est persuadé de la vérité de l’Évangile. »
Lui faisant écho, le cardinal Vingt-Trois estime que « certains sont très inquiets parce qu’ils pressentent que l’avenir des bonnes pratiques ne dépend pas du règlement mais de la motivation des gens qui les portent, et comme ils ne sont pas sûrs de leurs motivations, ils ont besoin que l’échafaudage soit plus fort ».
Les évêques français discuteront ensemble du synode sur la famille, lors de leur Assemblée plénière qui s’ouvrira à Lourdes, mardi 3 novembre.
Céline Hoyeau (à Rome)

 Écouter l’entretien du cardinal Vingt-Trois sur Radio Notre Dame le 30 octobre 2015.

L’entretien du cardinal André Vingt-Trois du 30 octobre 2015
Le synode invite à mettre en place un accompagnement personnalisé des familles et en particulier de celles qui souffrent. Mgr de Dinechin, nouvel évêque de Soissons. Toussaint et respect des morts.