Introduction au thème de l’écologie Synode de l’Inspection Luthérienne de Paris, novembre 2019

Introduction au thème de l’écologie
Synode de l’Inspection Luthérienne de Paris, novembre 2019,
Du hors-sujet au sujet : la parole au centre
Nous voici réunis une nouvelle fois en synode comme les délégués des neuf autres régions de l’Église protestante unie de France, nous avons cette fois à travailler sur la question de l’écologie et de la foi qui a été formulée ainsi : « écologie, quelle(s) conversion(s) ? ».

Du hors-sujet au sujet : la parole au centre
Nous voici réunis une nouvelle fois en synode comme les délégués des neuf autres régions de l’Église protestante unie de France, nous avons cette fois à travailler sur la question de l’écologie et de la foi qui a été formulée ainsi : « écologie, quelle(s) conversion(s) ? ».

C’est une longue promenade qui me conduit vers vous aujourd’hui en tant que rapporteur régional. Réfléchir avec vous, vos contributions, et avec mes amis rapporteurs régionaux de la région parisienne réformée, Patrice Rolin et Adélaïde Antore, s’est révélé au fur et à mesure de l’avancée, un pas après l’autre, à la fois particulièrement éprouvant, perturbant et, enfin, infiniment émouvant et certainement réjouissant car ce travail a touché mon humanité en me questionnant sur la parole. Voilà pourquoi je vous propose un petit détour en hors-sujet pour revenir au sujet avec la parole au centre.

Au début : quelle parole prendre ?
Il aurait été possible d’introduire le thème en vous lisant des passages de prières ou de cantiques de saint François d’Assise depuis son siècle (à cheval sur le XIIe et le XIIIe). Son travail, au sens théologique du terme mais aussi dans ce qu’il a pu vivre et donner aux autres en matière d’harmonie avec les éléments de la Création avec au centre l’être humain face à la beauté du don divin, est toujours présent huit siècles plus tard. En 2015, l’encyclique du pape François, « Laudato si’, loué sois-tu » reprend en grande partie les thèses de son prédécesseur en les adaptant au monde dans lequel nous vivons qui n’est pas celui de saint François d’Assise.

La parole est-elle prononçable ?
Si le pape et de nombreux théoriciens de l’écologie parlent d’écologie intégrale ce n’est pas un hasard, l’humanité est touchée, les êtres vivants dans leur ensemble mais aussi toute notre maison commune l’habitat, le végétal, l’air, l’eau, la terre. Nous sommes individuellement touchés à des niveaux différents selon là où nous vivons, selon notre capacité à accepter et à dire que nous sommes touchés, mais nous le sommes. Cette souffrance est mesurable scientifiquement parlant. Nous y trouvons comment avec notre cheminement nous contribuons à augmenter la souffrance, par exemple par nos modes de production et de consommation, mais nous trouvons aussi comment nous utilisons toute notre puissance, tous nos savoirs, tous nos pouvoirs pour justifier nos actions. D’autres éléments apparaissent et ils sont parfois inattendus : l’écologie peut devenir un instrument de propagande, elle peut être utilisée pour nuire à d’autres, elle peut devenir un diktat, dans ce cas elle impose une vision, une vérité à l’humanité. Quelle lumière parviendra à percer dans ces ténèbres ?

L’Église un lieu de parole, qui l’autorise ?
Peut-être la lumière de l’Église, car l’Église pourrait peut-être apporter dans ce que nous vivons sur la planète un espace où la parole, si tout est mis en place, peut se dire librement, dans le respect et dans un mode protégé pour celui qui parle. Un espace où le thème de l’écologie sera intrinsèquement relié à ce que nous sommes, des êtres humains faillibles, pêcheurs mais des êtres humains qui ne veulent pas prendre le pouvoir sur leurs semblables car nous croyons en Dieu et nous prions pour que Dieu nous vienne en aide en Père, Fils et Saint-Esprit. Si nous laissons venir à nous cette lumière, il est alors peut-être possible que nous puissions voir ce qui se passe dans la réalité de notre temps et le dire. C’est donc finalement de la joie qui peut jaillir car elle vient d’une autre source, ce n’est pas une joie personnelle c’est la joie de Christ qui a sauvé le monde, c’est la joie de contempler nos semblables et de voir la beauté de l’humanité qui surpasse ses bassesses, de voir nos failles. Elles sont aussi ce que Dieu a choisi d’abord comme Créateur puis avec Christ comme Sauveur. Nous ne sommes pas seuls, confrontés et présents aux questions du monde, nous avons Christ comme Re-Père (avec un « E » accent grave et un « P » majuscule à Père). Sa paternité bienveillante nous accompagne sans nous faire baisser les bras devant l’immensité de la tâche ou devant une réaction qui pourrait être la nôtre : dire que nous ne sommes pas légitimes pour parler de ce problème ou de la situation de notre monde.

Une parole de guérison
Si nous disons au Seigneur le dimanche dans nos liturgies eucharistiques la parole du centurion romain à Jésus, que nous faisons nôtre,« mais Seigneur, je ne suis pas digne que tu entres chez moi, dis seulement une parole et je serai guéri », alors il est peut-être possible de penser que si nous sommes un étranger à nous¬-mêmes devant l’immense bonté de notre Seigneur que nous ne parvenons pas à véritablement comprendre, le Seigneur lui peut nous guérir si nous le lui demandons. Si nous sommes des passagers sur cette terre dont nous croyons qu’elle vient d’une création de Dieu c’est que Dieu nous confie aussi des rôles, des ministères, et qu’en Jésus-Christ il nous a assuré de son pardon éternel par la Croix qui donne la grâce à l’humanité. C’est donc en quelque sorte que nous sommes porteurs de quelque chose de plus que ce que nous sommes, nous sommes revêtus d’habits qui ne sont pas forcément que ceux que nous portons et que nous achetons, nous sommes remplis d’amour et cet amour vient de plus loin que l’amour de nos propres parents et des générations qui les ont précédés. Nous avons une parole de vie et elle nous a été donnée par notre Seigneur pour être annoncée au monde, portée dans le monde avec lui, c’est dire la bonne nouvelle.

Une parole vivante qui ne nous appartient pas
J’en suis arrivé à ce point à la fin de mon ressenti et c’est ce que je voulais vous soumettre humblement : peut-être que rien ne justifie que nous parlions en Église du monde et de ses travers, rien ne nous oblige à le faire nous sommes libres, nous ne sommes pas prophètes, nous sommes des humbles servantes et serviteurs du Christ parce qu’il nous le demande et c’est avec ce don du service que nous devons nous mettre au service de notre prochain et du monde. Si le monde a mal ou se fait mal, si les plus pauvres sont encore une fois les délaissés du monde et s’ils subissent plus que les autres les peines, c’est par le Christ que nous devons dire que c’est inacceptable. C’est en serviteur humble qui se laisse revêtir par le Christ que nous devons cheminer dans le monde et le monde nous verra peut-être, nous entendra peut-être mais nous aurons fait notre part du chemin et, faisant cela, nous aurons peut-être semé des graines qui ne nous appartiennent pas et qui ensuite porterons des fruits pour nous, pour les plus faibles, les rejetés, les exploités de nos temps et pour ceux qui arriveront à notre suite.

Une parole qui libère
Or dans de nombreux endroits de notre monde, la parole dans un mode protégé n’est pas possible ou est difficile à mettre en œuvre. La parole est tuée et, in fine, la parole se tut ; il ne reste que le silence, mais pas le silence partagé de la prière, non il ne reste que le silence de la peur, de la colère, de la parole non dite et de celle qui ne peut pas s’exprimer. C’est la parole bafouée, l’être humain compartimenté, discriminé, condamné, qui prennent le dessus. Alors que la parole dite dans un espace protégé en Christ peut nous permettre dans la vie de tous les jours de vivre différemment une relation avec l’autre, parler de Dieu, de l’Evangile de Christ est assez étonnant dans notre société d’aujourd’hui mais c’est possible. Pourquoi ? Parce que nous pouvons voir dans l’autre la lumière que Dieu à mise en lui et qui n’est pas forcément visible sauf si nous sommes dans une relation avec lui guidée par notre Seigneur. Pour nous chrétiens, la démarche se situe dans le chemin de la conversion car la parole de Dieu nous transforme, elle touche les cordes de notre instrument vocal, elle les fait vibrer, elle leur donne un son dans le monde. Pour ceux qui sont autour de nous et qui ne partagent pas forcément notre foi, cette parole qui sort de nous comme une musique avec ses notes hautes et basses, ses tessitures étendues selon ce que nous disons, pourrait être entendue car elle se fait dans le respect d’autrui même si l’autre ne partage pas nos avis. Christ qui agit et notre parole de chrétien ne devient accessible au monde que si nous voyons ce qui se passe dans le monde en étant véhiculé par notre Seigneur.
Jean-Paul Roussennac – novembre 2019

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