L’édito de Mgr de Sinety du 20 décembre 2018

« Comme si la réussite signifiait l’affranchissement de toute faiblesse… Ce système insensé qui convoque l’autre à être toujours performant, puissant et efficace, comme il est réciproque, nourrit une forme de folie collective. » À lire ou écouter : « ​La vulnérabilité » Chaque semaine, Mgr Benoist de Sinety, vicaire général, donne son regard sur l’actualité au micro de RCF.

Du latin vulnerare, la vulnérabilité est la capacité à être blessé : le vulnérable est celui à qui on porte atteinte, qui peut être endommagé. On pourrait ajouter aussi, sans risque de beaucoup se tromper, qu’elle est aussi le propre de toute créature. Depuis toujours nous nous fabriquons des super-héros, et portons au pinacle tel ou tel d’entre nous dont la réussite extraordinaire nous semble être la preuve d’une invulnérabilité qui nous fascine. Comme si la réussite signifiait l’affranchissement de toute faiblesse… Ce système insensé qui convoque l’autre à être toujours performant, puissant et efficace, comme il est réciproque, nourrit une forme de folie collective. L’homme doit être efficace, rentable... malheur donc à celui qui ne peut plus servir.

Il nous faut faire l’éloge d’une forme de vulnérabilité en ce temps d’idolâtrie de la force et de la puissance. L’éloge de la vulnérabilité en ce temps de l’argent maitre et de la solitude.

La vulnérabilité naît, par exemple, de l’émotion que l’on peut ressentir lorsque dans nos bras est déposé un nouveau-né. Lorsque nos mains recèlent la créature la plus fragile. Ces mains, ces pauvres mains, sont comme un rempart pour sa vie. Nos mains que nous savons pourtant, quoiqu’on en dise, si sales et si tremblantes, deviennent protection invincible. C’est l’abandon confiant de cet enfant nouveau-né qui nous révèle à nous-mêmes, heureusement vulnérables. L’amour transfigure notre vulnérabilité : il en fait Sa force.

Pour nous sauver de la folie, et de la mort, Dieu se fait "nous". Lui qui est tout décide de naître presque rien. Il se confie à nos mains, lui qui en est l’auteur. Il se confie à nos cœurs, lui qui leur insuffle la vie.

C’est le monde à l’envers... la révolution au sens propre où tout est retourné. La révolution de l’Amour, la seule qui libère l’homme de lui-même pour le rendre à l’image et à la ressemblance de son Créateur. Que la fête de Noël vous aide à trouver tout au long de l’année à venir, votre joie dans votre vulnérabilité !

Chroniques de Mgr Benoist de Sinety sur RCF

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